Mon bébé de 2 mois ne s’endort que dans mes bras, que faire ?
il y a 1 mois
La réponse de notre expert
Bonjour Madame, Tout d’abord nous allons régler cette question de la reprise de votre travail. Dans (...)
Bonjour,
Ma fille de 2 mois est atteinte d’un RGO sévère. Son premier mois de vie a été particulièrement difficile avec une œsophagite et énormément de douleurs pour elle. Il lui était alors impossible de dormir sur le dos tant elle souffrait. La seule solution que nous avions trouvé pour qu’elle puisse dormir était qu’elle soit allongée sur le ventre sur moi étant demi assise.
Aujourd’hui son œsophagite est guérie mais elle souffre toujours de ses reflux malgré toutes les précautions prises et traitements en cours. Il lui est toujours impossible de dormir sur le dos, même en plan incliné. Elle a dernièrement dû être hospitalisée 5 jours et même le personnel de l’hôpital a constaté qu’elle n’arrivait pas à dormir sur le dos même avec une inclinaison de matelas, et malgré toutes leurs tentatives. Elle ne s’endormait qu’une fois en portage dans mes bras complètement épuisée de sa nuit. La journée, elle ne dort qu’en portage, et même ainsi elle n’a pas son quotat de sommeil.
Sauf que je suis exténuée. Elle prend du poids et mes articulations me font énormément souffrir de l’avoir sur moi la nuit entière (j’ai développé une polyarthrite rhumatoïde à la suite de mon accouchement). Je n’arrive plus du tout à dormir.
Nous avons bien évidemment réessayé à plusieurs reprises de la mettre sur le dos mais elle souffre trop, les reflux sont les pires dans cette position et nous craignons qu’elle ne refasse une œsophagite ainsi.
La seule solution serait de la faire dormir sur le ventre avec un matelas respirant et un dispositif de détection de respiration, bien que nous en connaissions les risques quant à la mort inattendue du nourrisson mais n’avons pas vraiment d’autres choix. Notre médecin est d’accord sur ce point.
Le soucis étant qu’elle refuse totalement de dormir ailleurs que sur moi dorénavant, y compris sur le ventre dans son cododo. Notre médecin nous dit que nous devons passer par une phase où nous devons accepter de la laisser pleurer un peu mais j’ai énormément de mal à m’y résoudre, et après un mois entier passé dans ses hurlements du matin jusqu’au soir à cause de ses reflux, je ne tolère plus du tout ses pleurs.
Pour autant je ne peux pas continuer ainsi : je ne dors plus, je suis en pleine dépression du post partum par epuisement principalement, et mon corps entier me fait souffrir. Je suis censée reprendre le travail d’ici 18 jours mais je ne vois pas comment je pourrais tenir vu ces conditions.
Que pouvons-nous faire ?
Bonjour Madame,
Tout d’abord nous allons régler cette question de la reprise de votre travail. Dans la mesure où vous allez si mal je suppose que votre médecin va vous mettre en arrêt de travail le temps de vous rétablir. Une polyarthrite associée à une dépression sont des raisons tout à fait légitimes pour contrindiquer une reprise du travail. Un mois, deux mois de plus de congé sont nécessaires.
Le deuxième question est celle de la dépression post natale. Il s’agit d’une pathologie impactant la maman bien sûr par définition mais aussi le bébé. Une maman déprimée souffre moralement et, de ce fait, ne peut pas s’inscrire dans une relation sereine à son bébé. Le bébé, lui-même ne peut pas être serein dans cette relation et un cercle vicieux s’installe préjudiciable à tous y compris au co-parent. Il est primordial de vous traiter pour alléger cette souffrance psychique de la dépression. Je ne sais où vous habitez mais il existe dans chaque CHU des unités de soins mère-enfant pour ces troubles psychiques post naissance. Je vous encourage vivement à consulter.
Je ne sais pas quel est votre entourage familial et amical mais vous avez grandement besoin d’aide ne serait-ce que logistique et, si vous n’avez pas les moyens de vous faire aider (femme de ménage, mère, amies) je vous encourage à voir avec votre médecin pour bénéficier d’une aide par TISF (technicien d’intervention sociale et familiale).
Une fois ces aménagements effectués qui vont vous aider et vous traiter, considérons d’abord le reflux gastroœsophagien. L’œsophagite a été traitée et elle ne récidivera pas de si tôt car les récidives sont rares et je suppose que les conseils techniques d’alimentation vous ont été donnés. Je ne sais d’ailleurs pas comment est nourrie votre petite fille. En ce qui concerne le reflux il n’a jamais été prouvé que la position sur le ventre diminuait ce reflux ni non plus la position surélevée. Cela a été pratiqué pendant des années jusqu’à ce qu’il soit prouvé que cela ne servait à rien. De même qu’aucune validation scientifique ne supporte l’intérêt des matelas dit transpirants ni des détecteurs d’apnées qui ne sont plus utilisés en ville y compris chez des bébés ayant fait des malaises graves. Il s’agit de matériels marketing.
Je pense que votre enfant s’endort sur vous et dort mieux sur vous parce qu’elle est contre vous et non pas parce qu’elle est verticale. Elle a cette habitude, comme un nouveau-né, d’entendre votre cœur battre, de suivre votre respiration et d’être dans votre odeur. Sans ce reflux pathologique et cette œsophagite vous auriez fait comme toutes les mamans : sevrer progressivement votre enfant de cette habitude prolongeant la situation de grossesse par le portage. Il faut bien en sortir un jour car comme vous le constatez c’est une situation qui vous fait souffrir de plusieurs façons. Et quel est la bénéfice pour un bébé d’avoir une maman souffrante ?
Alors oui vous allez l’endormir des vos bras tout contre vous puis le poser quand elle sera bien endormie dans son lit sur le dos. Elle va se réveiller quelques instants plus tard, non pas parce qu’elle souffre (car une œsophagite ne se constitue pas en 5 minutes) mais parce qu’elle ne sent plus la quiétude de votre contact et vous allez la reprendre, la reposer et peu à peu… je vous le promets, elle acceptera de plus en plus cette façon de dormir. Et vous allez faire cela le jour à chaque fois qu’elle doit dormir. La nuit vous allez passer le relai à son papa. En effet il n’y a aucun raison que vous seule puisez la calmer et la faire dormir ou si c’est le cas c’est une raison supplémentaire pour impliquer le papa. Ainsi en faisant une nuit chacun vous allez vitre récupérer.
Voilà cette longue réponse pour vous expliquer que l’œsophagite est guérie il est temps de quitter cette situation de proximité permanente prolongeant la grossesse de façon interminable. On est bien d’accord un bébé de cet âge doit passer beaucoup, beaucoup de temps aux bras mais « aux bras » ne veut pas dire portage permanent. Il est temps de prendre soin de vous de vous faire soigner et de prolonger votre congé.
Et puis j’ajouterai il est temps de sortir, d’aller promener ce bébé en poussette, de marcher avec des amies qui voudraient accompagner vos promenades en papotant… En bref de vous aérer un peu de toute cette mauvaise période que vous venez de traverser avec au final cette hospitalisation.
L’arrivée du printemps va vous aider à tout cela et à considérer au final que vous avez une merveilleuse petite fille en bonne santé.