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Constipation du bébé et de l’enfant : symptômes et traitements

Mis à jour le 18 août 2025 Dr Roxane DESANDES

constipation bebe
© side-view-mother-tickling-baby // Freepik

Que votre enfant souffre de constipation, cela peut vous sembler banal. Mais il est essentiel de la soigner rapidement pour éviter d’entrer dans un cercle vicieux : s’il souffre en allant à la selle, il va préférer se retenir, et plus il va se retenir, plus la selle va devenir dure, sèche et volumineuse, plus il va souffrir en allant aux toilettes et plus il va continuer à se retenir et refuser de pousser. Que faire contre la constipation ? Comment la différencier de l’encoprésie ? Que faire dans ce second cas ?

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Sommaire de l'article

Je retiens !

  • La constipation est fréquente chez les bébés et les jeunes enfants, surtout au moment de la diversification alimentaire ou lors de changements de rythme de vie.
  • Elle se manifeste par des selles rares, dures, douloureuses à évacuer, parfois accompagnées de douleurs abdominales ou d’un comportement de retenue.
  • Plus on attend, plus c’est douloureux, et plus l’enfant risque de se retenir à nouveau. Il est donc important d’agir dès les premiers signes.
  • Dans la majorité des cas, la constipation est fonctionnelle (sans maladie sous-jacente) et peut être soulagée par des mesures simples : hydratation, alimentation riche en fibres, activité physique, respect du besoin d’élimination.
  • Si elle persiste malgré ces ajustements, consultez un médecin, qui pourra proposer un traitement adapté pour rompre le cercle vicieux douleur/rétention.

Firmin l'intestin - Association Française de Pédiatrie Ambulatoire

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Qu’est-ce que la constipation ? Quels symptômes ?

« Mon bébé a 2 mois et il ne fait dans la couche que tous les 2 à 3 jours, est-ce normal ? ». Nombreux sont les parents à se poser cette question !

Un nouveau-né ou un bébé peut ne pas avoir de selles tous les jours, mais n’avoir une selle que tous les 2 ou 3 jours à condition de ne pas être gêné. En grandissant, il est normal que votre enfant aille moins souvent à la selle, mais il doit y aller au moins trois fois par semaine.

Si ce n’est pas le cas : si vous observez que depuis quelques semaines il n’a qu’une ou deux selles hebdomadaires, ou bien s’il va régulièrement aux toilettes mais éprouve des difficultés à évacuer ses selles (il a envie de faire caca mais n’y arrive pas), s’il peut rester plusieurs jours sans y aller, s’il a mal au ventre, se sent ballonné, ses selles sont volumineuses, très dures et petites (parfois entrecoupées de selles liquides ressemblant à une diarrhée ou avec du sang, signe d’une fissure anale) votre enfant souffre probablement de constipation. Le problème est que le corps a la mémoire de la douleur, et la douleur peut pousser votre enfant à se retenir.

Comment la détecter ? Quand s’inquiéter ?

S’il se retient, cela se voit parfois à son comportement : sa démarche paraît un peu rigide, il se balance, croise les jambes, garde une position figée pendant qu’il contracte son périnée pour empêcher la selle de sortir, parfois le slip ou la culotte contient une trace de selles.

La constipation est le plus souvent due à un problème fonctionnel. Les causes organiques (malformations, maladies) sont très rares chez l’enfant. Mais que faire en cas de constipation ? Si votre enfant présente tous les symptômes d’une constipation, faites-le examiner par son médecin. En effet, il ne faut absolument pas laisser une constipation s’installer.

Fréquence des selles : quel rythme chez le bébé et l’enfant ?

La fréquence des selles varie beaucoup d’un bébé à l’autre, en fonction de son âge, de son alimentation (allaitement ou lait infantile), et de son développement digestif. Il est donc important de connaître ce qui est « normal » pour pouvoir repérer une éventuelle constipation.

Chez un nourrisson allaité, il est courant qu’il fasse une selle après chaque tétée dans les premières semaines, puis que le rythme ralentisse autour de 6 semaines. Certains bébés allaités peuvent ne pas avoir de selles pendant plusieurs jours sans que cela soit inquiétant, tant que les selles restent molles et que le bébé est en forme.

Pour les bébés nourris au lait infantile, le transit est souvent plus lent. Ils ont en général une à deux selles par jour, mais cela peut varier. Des selles dures ou espacées, accompagnées de pleurs ou d’un ventre tendu, peuvent signaler une constipation.

En grandissant, l’enfant adopte un rythme plus régulier, souvent une selle par jour, mais là encore, il existe des variations individuelles. L’essentiel est que l’enfant ne ressente pas de gêne ou de douleur au moment d’aller à la selle.

Lait maternel, biberon, diversification alimentaire : les selles changent de consistance

L’aspect des selles de votre bébé évolue naturellement selon son alimentation. Allaité, elles sont souvent jaunes, parfois verdâtres, plutôt liquides et non moulées. Au biberon, elles sont en général plus épaisses, de couleur marron, jaune ou verte, avec une odeur marquée.

La diversification alimentaire chez votre enfant (de même qu’un changement de lait, un médicament prescrit par le médecin, une poussée dentaire, une maladie infantile…) peut provoquer une constipation passagère ou des selles liquides, signe que son organisme réagit. Dans tous les cas, si votre enfant mange bien, grandit, grossit normalement, est joyeux et dort paisiblement la nuit, il y a fort à parier que ces petits soucis intestinaux sont passagers.

Quelles sont les causes de la constipation ?

L’origine de la constipation peut être en partie alimentaire, notamment si votre enfant ne mange pas suffisamment de fibres, ou ne boit pas assez régulièrement d’eau. S’il a été malade, la prise de médicaments occasionnelle peut aussi être à l’origine de sa constipation. Également, la vie en collectivité (des toilettes sales à l’école par exemple) peut pousser votre enfant à se retenir pour attendre le retour à la maison. Souvent aussi, pris par un jeu, votre enfant peut avoir du mal à l’interrompre pour aller aux toilettes.

Certains enfants ont une courbe de poids tout-à-fait normale, sont en pleine forme et ne sont absolument pas dérangés la nuit par le besoin d’aller aux toilettes. Pourtant, trois à cinq fois par jour, ils ont des selles qui ressemblent à une boue liquide, nauséabonde, sortant spontanément et restituant parfois totalement le repas qu’ils ont ingurgités. Ces symptômes, qui inquiètent souvent car ils font craindre une diarrhée chronique, sont juste le signe d’un côlon irritable.

Irritable, l’enfant l’est d’ailleurs aussi lui-même souvent… L’intestin n’est pas pour rien notre « deuxième cerveau »… Inutile de s’alarmer, même s’il présente des inconvénients évidents, sachez que ce dysfonctionnement passera tout seul avec le temps. Il risque juste de troubler un peu l’acquisition de la propreté de votre enfant. Veillez à bien équilibrer son alimentation avec votre pédiatre. Ce colon irritable peut être favorisé par des erreurs diététiques, fréquentes à cet âge : trop de protéines, des boissons sucrées (à éviter) ou une insuffisance de matières grasses (huiles végétales dans les légumes).

Que faire en cas de constipation du bébé (avant 6 mois) ?

Massage et flexion des cuisses

Lorsqu’un bébé a des difficultés à émettre ses selles vous pouvez l’aider par :

Soulager et masser votre bébé mpedia.fr

Illustration : Léna Piroux

Hydrater son enfant et bien choisir l’eau

Il est conseillé d’hydrater les enfants constipés en leur proposant de l’eau entre les repas. Il est préférable d’utiliser une eau faiblement minéralisée (Mont Roucous = résidu sec de 25mg/l, Volvic = 130mg/l, Evian = 345mg/l) en limitant l’eau Hépar. Si le taux de « résidus à sec » est supérieur à 1 500 mg/l, il s’agit d’une eau riche en minéraux.

Et en pratique ?

Chez les enfants de moins de 3 ans, en particulier les nourrissons, les reins ne sont pas encore complètement matures : Hépar, très minéralisée, n’est pas adaptée à une consommation régulière, sauf sur prescription médicale stricte.

Il existe deux grandes catégories d’eau en bouteille : l’eau de source et l’eau minérale naturelle. Si toutes deux sont microbiologiquement saines, l’eau minérale naturelle présente l’avantage d’avoir une composition minérale stable et constante, ce qui en fait un choix privilégié pour les nourrissons, notamment pour la reconstitution des biberons.

À l’inverse, certaines eaux de source peuvent provenir de plusieurs captages aux caractéristiques variables. C’est le cas de certaines marques, comme Cristalline, qui regroupe l’eau issue de plus de 20 sources différentes. Certaines de ces sources peuvent avoir une minéralisation relativement élevée, moins adaptée aux besoins des tout-petits.

Changer de lait pour soigner la constipation

Pour la préparation des biberons, ne modifiez jamais les doses en pensant aider le transit de votre bébé. Il est essentiel de respecter scrupuleusement les recommandations du fabricant : 1 mesurette arasée de poudre pour 30 ml d’eau. En effet, une dilution incorrecte (trop d’eau ou trop de poudre) peut entraîner des troubles digestifs ou nuire à la croissance de votre enfant. En cas de constipation, votre pédiatre pourra vous indiquer qu’il faut momentanément changer le lait artificiel de votre enfant pour accélérer un peu son transit, en choisissant un lait :

  • moins riche en caséine (la caséine a tendance à ralentir le transit). Le rapport caséine / protéines solubles doit dans cette situation se situer autour de 40 / 60 (c’est à dire 40% de caséine) ou même 30%. Le pourcentage de caséine est obtenu en divisant la quantité de caséine indiquée sur l’étiquette par la quantité de protéines, et en multipliant le résultat obtenu par 100. (Ce pourcentage va de 30% à 90%).
  • plus riche en lactose, avec moins de dextrine-maltose (la fraction glucidique de certains laits est même composée à 100% de lactose). Pour obtenir le pourcentage de lactose vous divisez la quantité de lactose indiquée sur l’étiquette par la quantité de glucides et vous multipliez le résultat par 100. Celui-ci va de 0% à 100%.Cependant, l’excès de lactose est parfois mal toléré par certains enfants dont la compétence enzymatique pour digérer le lactose est limitée. Il peut en résulter des gaz, un ballonnement et parfois des douleurs abdominales.
  • contenant éventuellement des fibres.

Exemples de laits ayant une formule de type «transit» : Novalac transit, Guigoz Optipro. etc.

Choses à éviter avec un nourrisson constipé

  • Le thermomètre, qui risque de créer des ulcérations de l’anus et d’aggraver une éventuelle fissure anale.
  • Les suppositoires, qui déclenchent des selles qui seraient venues normalement un peu plus tard.

Bébé après 6 mois et jeunes enfants : comment gérer la constipation ?

Surveiller et adapter l’alimentation

Certains remèdes maison peuvent aider à soulager une constipation légère chez l’enfant, en complément de bonnes habitudes alimentaires et d’un mode de vie actif. Avant toute chose, commencez par surveiller son alimentation : limitez les aliments trop sucrés, trop gras ou transformés, ainsi que les sodas.

Vous pouvez lui faire boire, s’il l’accepte, un verre ou deux d’eau Hépar par jour (sa richesse en magnésium facilite le transit).

Faites-lui manger des fibres :

  • pruneaux,
  • poires,
  • pommes,
  • des jus de fruits,
  • légumes verts,
  • légumes secs (lentilles, haricots blancs, fèves…),
  • des céréales complètes.

Cuisinez à l’huile d’olive (facile à digérer) et, au contraire, évitez les aliments comme les carottes, les bananes, le riz blanc qui peuvent constiper. Multipliez les occasions de faire des activités physiques avec votre enfant, car le sport joue également un rôle dans la lutte contre la constipation.

Toilettes adaptées, attitude, livres : nos conseils pratiques

Bien sûr il est essentiel d’avoir des toilettes adaptées, confortables, où votre enfant se sente bien (il ne doit pas être dérangé, il doit être bien assis, pouvoir poser ses pieds à terre ou, s’il est encore petit de taille, un tabouret pour poser ses pieds). Pour l’aider à produire des selles molles et faciliter leur exonération, commencez par le rassurer, et lui expliquer : « Une partie de ce que tu manges te fait grandir, te donne des forces. Ce qui ne va plus te servir va devenir ton pipi et ton caca. Ton caca est un peu comme ce qu’il y a dans les poubelles de ta cuisine. Il faut vider les ”poubelles” de ton ventre. C’est obligatoire, tu ne peux pas tout garder. Si tu te retiens, tu vas avoir trop mal parce que ton caca sera trop gros, trop dur et te fera mal en sortant ». Beaucoup de petits livres pour enfants sont parus sur le sujet et peuvent vous aider à expliquer le fonctionnement de son corps.

Quel traitement ? Quand consulter un médecin pour la constipation ?

Si vous ne voyez pas d’amélioration, et que les symptômes persistent, demandez conseil au médecin de votre enfant.

Il va faire le point avec vous sur le plan diététique et comportemental. Sur le plan pratique, il pourra peut-être vous prescrire un lavement (Bebegel, Microlax ou Normacol) dans un premier temps (surtout si la constipation ou les douleurs sont invalidantes), puis un laxatif doux, c’est-à-dire non irritant et qui n’a donc pas de risque d’accoutumance ou de dépendance.

Les médicaments laxatifs actuels ont pour effet de ramollir les selles : ils s’appellent lactulose (Duphalac), lactitol (Importal) ou macrogol (Forlax,Transipeg ou Movicol). Ils doivent être donnés à la dose nécessaire (même si elle peut parfois sembler très importante) et le temps nécessaire pour rompre le cercle vicieux douleur – rétention volontaire, et ainsi améliorer la constipation de votre enfant. Il est aussi possible de donner de l’huile de paraffine (gelée Lansoyl), mais attention chez le nourrisson qui régurgite, du fait du risque de fausse route dans les voies respiratoires qui peuvent être dangereuses. Chez le grand enfant, la paraffine est souvent responsable de fuites d’huile dans les slips / culottes, pouvant être gênantes.

Votre médecin pourra parfois vous prescrire une pommade pour cicatriser une fissure anale (le traitement le plus important reste celui qui ramollit les selles pendant plusieurs semaines) ou enfin un médicament contre les maux de ventre.

Ces traitements doivent être poursuivis des semaines, des mois, voire des années, en fonction de la situation de l’enfant et de l’évolution de celle-ci. L’objectif à atteindre est l’obtention d’une selle sans douleur tous les jours, maximum tous les deux jours. Il ne faut pas arrêter le traitement et la prise de médicaments trop tôt et savoir le reprendre en cas de récidive pour éviter de retomber dans le même cercle vicieux.

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Assurance Maladie. Constipation de l’enfant : que faire et quand consulter ?

Institut national de santé publique du Québec. Constipation.

CHU Nantes. La constipation chez l’enfant.

PEDIA SANTE. Votre enfant est constipé.

Doctissimo. Interview de Sandra Brancato, pédiatre libérale et gastropédiatre, membre de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA) et experte mpedia.

Jean-Pierre Olives. Thomas Cascales. Troubles digestifs du nourrisson : les maux ou les mots du ventre ?

Michel Soulé, Kathlen Lauzanne et Bertrand Colin. Les troubles de la défécation : encoprésie, mégacôlon fonctionnel de l’enfant

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