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Mon enfant a de la fièvre, que faire ?

Mis à jour le 28 mars 2023 Dr François CORRARD

reagir en cas de fievre enfant

La compréhension de la fièvre s’est profondément transformée ces dernières années. L’avancée des connaissances permet de centrer l’attention des parents, non plus sur la hauteur de la fièvre, une réaction positive et sans danger de l’enfant, mais sur son inconfort éventuel qui justifie un traitement et surtout sur le pourquoi de la fièvre, c’est-à-dire sur la maladie elle-même qui justifie souvent une consultation médicale.

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Sommaire de l'article

A partir de quelle température a-t-il de la fièvre, et comment la mesurer correctement ?

Un enfant a de la fièvre lorsque sa température rectale atteint et dépasse 38°C. La prise rectale, avec un thermomètre électronique à sonde flexible mesure la température interne, la température la plus fiable. Un peu de vaseline facilite son acceptabilité. Chez l’enfant plus grand, après l’âge de 2 ou 3 ans, lorsque cette méthode est moins bien acceptée, le thermomètre auriculaire à infra-rouge devient utile. Les autres modes de mesures (sous l’aisselle, sur le front, sur l’artère temporale, dans la bouche) bien que pratiques, mesurent la température superficielle du corps et ont peu d’intérêt.

A quoi est due la fièvre ?

La fièvre est une réponse du système immunitaire de votre enfant à une agression. De manière autonome, il mobilise ses défenses en augmentant sa température interne. La fièvre est donc le témoin de sa réponse immunitaire. Elle est le signe d’un enfant qui réagit bien.

La fièvre est-elle dangereuse ?

On l’a longtemps cru, en pensant qu’elle était responsable de crises convulsives, des changements de comportement de votre enfant. Les nouvelles connaissances ont transformé cette façon de comprendre la fièvre. La fièvre n’est pas responsable de tous ces événements. Cette petite augmentation de la température corporelle (5 à 10% environ) n’est pas dangereuse.

La fièvre est-elle intéressante ?

OUI, la fièvre peut augmenter les défenses de votre enfant et diminuer la multiplication des virus, la principale cause des fièvres. La faire baisser systématiquement comme l’on faisait avant, peut augmenter la persistance de virus dans l’organisme. Respecter la fièvre, c’est respecter son enfant.

Y-a-t-il des situations où vous devez la faire baisser ?

Elles sont exceptionnelles. La fièvre consomme de l’énergie et nécessite de l’oxygène. Lorsque votre enfant a une maladie pulmonaire très gênante (bronchiolite) et de la fièvre, il vaut mieux la faire baisser. Enfin, il existe des anomalies hormonales (insuffisance cortico surrénales) ou du sang (drépanocytose), rares et détectées très tôt dans la vie, qui obligent à faire baisser la fièvre. Les parents de ces enfants sont prévenus de ce qu’il faut faire. Dans l’immense majorité des cas, la fièvre est respectable.

Le comportement de votre enfant est différent : que faire ?

Lorsque votre enfant a de la fièvre, son comportement peut être différent, c’est ce que nous appelons le « comportement malade ». Votre enfant joue moins, bouge moins. Il est plus tranquille, a l’air fatigué, s’intéresse moins à son environnement, communique moins et mange moins. Il peut être aussi plus grognon, se mettre en colère plus facilement, pleurer plus souvent, paraître douloureux.

Ces modifications ne sont pas systématiques et permanentes durant la fièvre.

Est-ce dû à la fièvre ?

On le croyait. On disait que l’enfant « tolérait mal sa fièvre ». En fait, la fièvre n’est pas responsable de ces manifestations qui sont indépendantes de la hauteur de la fièvre. Certains enfants qui ont plus de 40°C peuvent courir comme des lapins. D’autres à 38°C paraissent abattus, léthargiques. Ces modifications sont des expressions de l’immunité de l’enfant. Pas la peine de désespérer devant un enfant qui refuse de manger, c’est qu’il se défend ! Autrement dit, fièvre et comportement malade sont deux aspects de la réaction immunitaire de votre enfant, largement indépendants l’un de l’autre. A ce titre, ce sont des aspects positifs d’un enfant actif.

Dois-je intervenir sur ce comportement malade ?

NON, lorsque le confort de votre enfant n’est pas ou peu modifié : il ne parait pas avoir mal, ne pleure pas, n’est pas irritable.

Certaines modifications peuvent être vécues positivement par les parents comme un soulagement devant l’apaisement d’un enfant habituellement turbulent. L’attachement possible et soudain de l’enfant à ses parents, qui ne se trouvera bien que dans les bras de ces derniers, peut aussi engendrer des sensations agréables, surtout lorsqu’il est habituellement distant affectivement. La fatigue appelle aussi le lit et pourra faire place à de longues phases de sommeil réparateur.

OUI, s’il parait inconfortable. Là, pas d’hésitation, le traitement (paracétamol, ibuprofène) est nécessaire.

Les médicaments (Paracétamol, Ibuprofène) sont-ils anodins ?

L’intérêt essentiel de ces médicaments est de maîtriser l’inconfort du comportement malade et de faire baisser la fièvre. L’ibuprofène n’est pas recommandé en cas de varicelle, de gastroentérite et peut entraîner, même si c’est rare, des saignements digestifs. Ils sont tous les deux efficaces, sans que l’on sache si l’un est vraiment supérieur à l’autre.

Ils peuvent dans certaines circonstances diminuer un peu la synthèse des anticorps. Leur utilisation n’est donc plus systématique, mais au coup par coup quand l’inconfort de l’enfant le nécessite. En général, un seul type de médicament suffit (Paracétamol compte tenu de sa bonne tolérance). Quelquefois, lorsque l’inconfort ne commence pas à diminuer 30 minutes après la prise, vous pouvez donner l’autre médicament.

Quelles sont les autres mesures à prendre lorsque mon enfant a de la fièvre ?

  • Comment l’habiller ?

Votre enfant doit être confortable. Lorsque la température monte, sa peau est froide et « marbrée ». Il frissonne. Même à 39°C, il a froid. A l’inverse, lorsque la température baisse, sa peau est rouge. Il transpire et a l’impression d’avoir très chaud.

Pour les petits nourrissons (jusqu’à 2-3 ans) la perception de ces changements de température est difficile. Une erreur à ne pas commettre: sur-habiller ces enfants. Donc, pas de bonnet, de gigoteuse épaisse, pas d’oreiller sous lequel ils pourraient enfouir leur tête. Il vaut mieux légèrement les dévêtir. Par contre, chez l’enfant plus grand qui s’exprime, on peut couvrir un enfant qui a froid ou le découvrir quand il a chaud, selon les sensations qu’il indique.

  • Comment le nourrir ?

La baisse de l’appétit est normale en cas de maladie. C’est un témoin de l’activation de son immunité. Donc, sortez des habitudes, proposez-lui ce qu’il aime, même si ce ne sont que des desserts. Ne le forcez pas! Tout ce qui sort du réfrigérateur est souvent mieux accepté pour ceux qui ont mal à la gorge. Proposez-lui à boire plus souvent sans le contraindre (les pertes d’eau sont majorées lors de la fièvre). Mettez-le au sein plus facilement si vous l’allaitez.

  • Quelle température pour sa chambre ?

La température habituelle : pas plus, pas moins.

Crise convulsive : que faire ?

C’est la grande inquiétude des parents, surtout lorsqu’on pensait qu’elles étaient provoquées par la fièvre. En fait, la fièvre ne les déclenche pas. D’ailleurs les médicaments qui font baisser la fièvre n’ont aucune action préventive.

C’est souvent une perte de connaissance de l’enfant qui peut devenir soit tout mou, comme une poupée de chiffon, soit se raidir avec des secousses involontaires, parfois avec un teint légèrement bleuté. C’est terriblement impressionnant et pourtant, le devenir à long terme est en règle général le même que celui des autres enfants.

Ces crises sont le témoin de l’activation du système immunitaire chez des enfants âgés de 6 mois à 5 ans, qui présenteraient en plus des particularités génétiques sur leurs cellules cérébrales.

Que faire ?

Mettre l’enfant en position latérale de sécurité (sur le côté). La crise s’arrête en général spontanément en quelques minutes. Si elle dure plus longtemps, il faut appeler le n°15 (SAMU). Lorsque la crise s’est arrêtée, prenez sa température et rendez-vous chez votre médecin ou aux urgences pour préciser la nature de la maladie, à l’origine de cette réaction de l’enfant.

Mon enfant a de la fièvre, que faire ?

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Le conseil du pédiatre

Quand consulter le médecin ?

C’est lui qui va préciser la cause de la fièvre et vous donner parfois des médicaments spécifiques.

Si votre bébé a moins de trois mois, appelez sans tarder votre médecin. S’il n’est pas disponible, allez aux urgences.

Si votre bébé a entre 3 et 6 mois et qu’il a plus de 39°C, consultez votre médecin dans la journée.

Si votre enfant est plus âgé et qu’il a un comportement habituel, vous pouvez vous donner 2-3 jours avant de consulter.

Quel que soit l’âge de votre enfant, vous devez consulter en urgence s’il est essoufflé, douloureux, geignard, pâle, s’il a des petits points rouges qui ne disparaissent pas en étirant la peau de part et d’autre ou s’il vous inquiète.

Cet article vous a-t-il été utile ?

  • Les recommandations françaises (déc 2004)

http://ansm.sante.fr/S-informer/Presse-Communiques-Points-presse/Le-traitement-de-la-fievrechez-l-enfant

  • Les recommandations américaines

Fever and antipyretic use in children. Section on Clinical Pharmacology and Therapeutics; Committee on Drugs, Sullivan JE, Farrar HC. Pediatrics. 2011 Mar;127(3):580-7.

  • Les recommandations anglaises

NICE guideline : feverish illness in children – assessment and initial management in children younger than 5 years. Davis T. Arch Dis Child Educ Pract Ed 2013 ;98 :232-235

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