Mis à jour le 10 octobre 2023 Dr Andréas WERNER
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Dans quasiment 100% des cas, le cancer du col de l’utérus est attribuable aux virus connus sous le nom de « papillomavirus humains » (ou HPV). Chaque année en France, on enregistre environ 3 000 nouveaux cas de ce cancer et 1 100 décès. En moyenne, cela représente 7 femmes diagnostiquées et 3 décès chaque jour à cause des infections à HPV (pour Human PapillomaVirus).
Mais les HPV ne sont pas seulement responsables de cancers du col de l’utérus et ne concernent pas seulement les femmes ! En tout, 6 400 cancers sont liés chaque année aux virus HPV, dont un sur quatre chez les hommes.
Qu’est-ce que les papillomavirus humains (HPV) ? Comment se transmettent-ils ? Quels sont les symptômes d’une infection à HPV ? Comment la prévenir et la traiter ?
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Que sont les papillomavirus ?
Les papillomavirus sont des agents infectieux qui peuvent causer des problèmes de peau et de muqueuses chez la femme comme chez l’homme. On connaît plus de 100 types de virus HPV différents, qui peuvent toucher l’humain. La plupart du temps, ils provoquent des problèmes cutanés comme des verrues. Cependant, certains types d’HPV à haut risque peuvent entraîner des maladies graves, telles que des cancers.
Filles et garçons : tous concernés par le risque d’infection à HPV
Les virus HPV touchent les femmes comme les hommes. On retrouve tous les ans environ 6400 nouveaux cas de cancers dus aux HPV, dont ¼ chez les hommes. Ils sont principalement connus pour être responsables de cancers du col de l’utérus, mais jouent donc un rôle important chez les deux sexes. Ils sont à l’origine de nombreux cancers de la peau ou des muqueuses (vulve, vagin, anus, pénis, sphère ORL). Aujourd’hui, nous estimons que 8 hommes et femmes sur 10 rencontrent le papillomavirus au cours de leur vie sexuelle.
Pour en savoir plus sur les HPV chez l’homme (transmission, symptômes, traitement et dépistage), consultez notre article : Papillomavirus humain (HPV) : aussi une affaire d’homme
Statistiques mondiales sur les HPV
Il est essentiel de considérer l’impact des papillomavirus humains (HPV) à l’échelle mondiale. Bien que cet article se concentre sur la situation en France, les HPV sont une préoccupation de santé publique dans de nombreux pays. Les statistiques mondiales révèlent une prévalence élevée de ces virus, avec des variations géographiques significatives.
Chaque année dans le monde, on estime que 69 400 hommes et 625 600 femmes développent un cancer à la suite d’une infection à HPV. En 2020, le cancer du col de l’utérus était la 4ème cause de cancer et de décès par cancer chez les femmes, avec une estimation de 341 831 décès à l’échelle mondiale. 93 % des cancers du col de l’utérus sont dus à une infection à HPV.
En mettant en lumière ces chiffres au niveau mondial, on comprend mieux l’ampleur du problème et la nécessité de campagnes de prévention et de vaccination à l’échelle internationale, pour réduire la prévalence de ces infections et de leurs conséquences graves.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les régions, dans lesquelles la prévalence de l’infection à HPV du col de l’utérus est la plus forte, sont l’Afrique subsaharienne (24 %), les Caraïbes et l’Amérique latine (16 %), l’Asie du Sud-Est (14%) et l’Europe orientale (14 %).
Les données montrent que la présence du virus est plus élevée chez toute personne infectée par le VIH, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les personnes ayant déjà eu une autre infection sexuellement transmissible (IST), les personnes immunodéprimées ou sous traitement immunosuppresseur et les enfants ayant subi des abus sexuels.
Symptômes d’une infection à HPV
La plupart du temps, les infections à HPV sont asymptomatiques. Elles sont silencieuses, passagères et souvent sans signes cliniques. Notre système immunitaire élimine naturellement dans ces cas le virus en 2 ans environ.
Dans certains cas, les infections causent des symptômes cutanés (des verrues génitales, appelées « condylomes ») ou de petites lésions du col de l’utérus ou de l’anus. Elles se résorbent seules. Toutefois, si un virus HPV à haut risque persiste, il peut entraîner des lésions pré-cancéreuses, qui, si elles ne sont pas dépistées et traitées, peuvent évoluer vers un cancer.
Causes & transmission
Les HPV se transmettent par contact cutané, principalement lors de relations sexuelles, avec ou sans pénétration. Moins connue que le VIH (sida), il s’agit toutefois de l’infection sexuellement transmissible la plus fréquente dans le monde. Cependant, il est possible d’attraper une infection à papillomavirus humain par simple contact avec des lésions et microtraumatismes de la peau ou des muqueuses. Plus rarement, le virus peut se transmettre de manière indirecte (linge, objets contaminés, piscine…), ou de la mère à l’enfant (transmission materno-fœtale). Toutefois, les infections à papillomavirus humains ne se transmettent pas par le sang ni par le lait maternel.
D’autres facteurs de risque peuvent intervenir dans l’évolution d’une infection virale à HPV vers un cancer, notamment celui du col de l’utérus :
- Les premiers rapports sexuels à un âge précoce,
- La multiplicité des partenaires,
- L’immunodépression,
- Les antécédents d’infection transmissible sexuellement (IST),
- L’absence de dépistage par frottis,
- Le tabagisme.
HPV et grossesse
Lorsqu’une femme enceinte est infectée par un HPV, cela peut soulever des préoccupations quant à la santé de la mère et du fœtus. En effet, les HPV peuvent être transmis de la mère à l’enfant pendant l’accouchement. Dans certains cas, cela peut conduire à des infections des voies respiratoires supérieures chez le nouveau-né, bien que ces infections soient généralement bénignes.
Il est important de noter que la grande majorité des infections à HPV pendant la grossesse ne cause pas de problèmes graves. Les médecins suivent de près les femmes enceintes atteintes d’HPV pour détecter tout signe de complications et prendre des mesures préventives si nécessaire. La vaccination contre les HPV est recommandée avant la conception ou au début de la grossesse en cas de grossesse précoce, afin de protéger la mère et le fœtus.
Il est recommandé aux femmes enceintes concernées de bien informer, au sujet de leur infection, les professionnels de santé qui les suivent tout au long de la grossesse (gynécologue, sage-femme), afin de recevoir les soins appropriés et les conseils nécessaires pour garantir une grossesse et un accouchement sans problèmes.
Diagnostic
À ce jour, il n’est pas possible de confirmer une infection à HPV par examen sérologique. Afin de détecter la présence de papillomavirus dans l’organisme, il existe toutefois une méthode de biologie moléculaire précise et spécifique : l’analyse d’échantillon (prélèvement de tissu ou de muqueuse). Elle permet de confirmer l’affection virale à HPV en identifiant l’ADN du virus.
Traitement
À l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement agissant directement sur les virus. Toutefois, il existe des traitements pour les verrues anogénitales et les lésions précancéreuses provoquées par les papillomavirus.
Traitement des verrues anogénitales
Généralement, les verrues anogénitales disparaissent d’elles-mêmes avec le temps, mais cela peut durer des mois ou des années. Si elles persistent, le patient peut consulter un dermatologue pour avoir recours à la cryothérapie (méthode qui consiste à geler les verrues) ou se faire prescrire des crèmes spécifiques. Attention toutefois, ces traitements ne sont pas toujours efficaces, sont douloureux, et une verrue soignée ne signifie pas que le patient n’est plus infecté par le HPV.
Traitement des lésions précancéreuses
Les lésions précancéreuses ne sont pas systématiquement traitées. Si les professionnels de santé estiment qu’elles sont sans gravité, il sera recommandé de les surveiller jusqu’à la guérison spontanée.
Il est cependant recommandé de traiter les lésions dites à haut grade, afin d’en retirer les cellules anormales pour éviter toute complication (dont le cancer). Il existe deux types de méthodes :
- La conisation : il s’agit d’une opération chirurgicale, réalisée sous anesthésie locale ou générale, qui consiste à retirer la partie abîmée du col de l’utérus.
- La vaporisation laser ou la cryothérapie : c’est une méthode proposée uniquement en cas de lésions de petite taille.
- L’hystérectomie : cette intervention chirurgicale, réalisée sous anesthésie générale, consiste à retirer intégralement l’utérus. Elle est proposée dans le cas où la patiente n’envisage pas ou plus de grossesse, sous des conditions précises (risque de rechute notamment).
Prévention
À ce jour, et parce qu’il n’existe pas de traitement permettant de se débarrasser d’un HPV, deux mesures de prévention complémentaires existent : le vaccin et le dépistage.
Parmi les mesures de prévention à adopter, la vaccination contre les HPV est hautement recommandée :
- Pour toutes les jeunes filles et tous les garçons âgés de 11 à 14 ans révolus (2 doses)
- En rattrapage, pour les filles et les garçons de 15 à 19 ans révolus encore non vaccinés (3 doses)
- Pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, jusqu’à 26 ans révolus (3 doses)
Pour en savoir plus sur les vaccins disponibles (Gardasil 9® et Cervarix®), consultez notre article dédié à la vaccination HPV.
Les modalités de dépistage selon l’âge des femmes
Entre 25 et 29 ans
Pour les femmes entre 25 et 29 ans, le test de dépistage est réalisé par examen cytologique ou examen des cellules prélevées lors du frottis du col de l’utérus :
- Les deux premiers tests réalisés à 1 an d’intervalle
- Puis, si les résultats sont normaux, un frottis au bout de 3 ans
Entre 30 et 65 ans
Pour les femmes de 30 à 65 ans, le test de dépistage est le test HPV-HR ou détection des virus HPV (Human papillomavirus) à Haut Risque. Il est réalisé :
- 3 ans après le dernier examen cytologique dont le résultat est normal
- Puis tous les 5 ans, jusqu’à 65 ans (à condition que le résultat du test soit négatif)
Aujourd’hui, le cancer du col de l’utérus est le seul type de cancer dû à une infection à HPV pour lequel on dispose de tests de dépistage. Ce test permet de mettre en évidence la présence de la maladie, même s’il n’y a aucun symptôme. Il détecte des modifications cellulaires précancéreuses, ce qui permet de les traiter avant qu’elles n’évoluent vers un cancer.
Est-ce que le préservatif protège du papillomavirus ?
Si les préservatifs protègent contre la grande majorité des IST, ils sont beaucoup moins efficaces dans la transmission du HPV. Il reste recommandé de les utiliser avec un nouveau partenaire, ou si votre conjoint(e) est porteur d’un papillomavirus ou de toute autre IST.
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MEZIN Laetitia, ROUSSEAU Anne, SELLIER Yann et al., « « Un vaccin qui reste quand même à part » : Papillomavirus et vaccination en France », Santé Publique, 2023/2 (Vol. 35), p. 127-137. DOI : 10.3917/spub.232.0127. URL : https://www.cairn.info/revue-sante-publique-2023-2-page-127.htm
https://www.eurofins-biomnis.com/referentiel/liendoc/precis/PAPILLOMAVIRUS.pdf
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-07/synthese_hpv.pdf
https://www.ligue-cancer.net/sites/default/files/docs/plaquette-papilloma-virus-humain.pdf
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