Partager

Perte de grossesse précoce : symptômes, causes et soutien après cette épreuve

Mis à jour le 27 août 2025 Dr Béatrice GUYARD BOILEAU

perte grossesse precoce
© AdobeStock_1500097156

La perte de grossesse précoce, aussi fréquente soit-elle, reste une épreuve intime, invisible et souvent profondément marquante. Dans ces moments, de nombreuses questions surgissent : que s’est-il passé ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Pourrai-je retomber enceinte ?

Cet article vous aide à mieux comprendre ce qu’est une perte de grossesse précoce, comment elle se manifeste, quelles peuvent en être les causes et surtout, comment être accompagnée après cette perte.

Écouter l'article

0:00 / 0:00

Sommaire de l'article

En bref

  • Environ 15 % des grossesses confirmées se terminent par une perte de grossesse précoce, le plus souvent au premier trimestre.
  • Les signes les plus fréquents sont des saignements, des douleurs pelviennes et, parfois, une disparition soudaine des symptômes de grossesse.
  • Dans la majorité des cas, la perte de grossesse précoce est sans conséquence pour la santé et la fertilité future. Un suivi médical est souvent nécessaire, et un accompagnement psychologique est parfois utile pour traverser cette étape difficile.

Qu’est-ce qu’une perte de grossesse précoce ?

Une perte de grossesse précoce, aussi appelée fausse couche ou plus rarement avortement spontané, correspond à l’interruption naturelle d’une grossesse avant 22 semaines d’aménorrhée. Elle survient le plus souvent de manière imprévisible et touche environ 15 % des grossesses confirmées [1] et [2]. La majorité des fausses couches se produisent au cours du premier trimestre.

On parle de perte de grossesse précoce lorsqu’elle survient avant 14 semaines d’aménorrhée. Lorsqu’elle survient entre 14 et 22 semaines, on utilise le plus souvent le terme de fausse couche tardive. Au-delà de ce terme, on parle de mort fœtale, ou d’accouchement prématurissime.

Il est important de distinguer la perte de grossesse précoce d’autres événements comme la grossesse extra-utérine, qui nécessite une prise en charge d’urgence[2].

Même si ce phénomène est fréquent sur le plan médical, il reste une épreuve souvent émotionnellement lourde pour les parents concernés. Le plus souvent, il s’agit d’un événement isolé, sans conséquence sur la fertilité ni sur les grossesses futures.

Quels sont les signes d’une perte de grossesse précoce ?

Les symptômes fréquents

Le signe le plus courant d’une perte de grossesse précoce est l’apparition de saignements vaginaux. Ils peuvent être légers ou abondants, de teinte brunâtre ou rouge vif, et parfois accompagnés de caillots de sang ou plus rarement de petits débris blanchâtres. Ces saignements s’accompagnent souvent de douleurs dans le bas-ventre, proches de celles des règles, à type de crampes pelviennes, souvent intenses.

Certaines femmes peuvent aussi remarquer une baisse ou encore une disparition soudaine des signes de grossesse, comme la diminution des nausées et de la fatigue. Cela peut être un indice, mais ne signifie pas toujours que la grossesse est arrêtée. Ces symptômes disparaissent de façon naturelle en dehors de tout arrêt de grossesse au-delà de 12-14 sa.

Il est également important de noter que tous les saignements survenant en début de grossesse ne sont pas synonymes de perte de grossesse précoce.  Seul un diagnostic médical (échographie en particulier) pourra évaluer avec précision la situation.

Une perte de grossesse précoce peut-elle survenir sans symptôme ?

Dans certains cas, la perte de grossesse précoce est découverte de manière fortuite lors d’une échographie de suivi. L’échographie montre alors un embryon sans activité cardiaque, ou un sac gestationnel vide dans l’utérus.

Parfois, il sera recommandé de recontrôler l’échographie ultérieurement, pour être certain qu’une activité cardiaque n’apparait pas, en particulier si l’embryon est très petit.  Dans les grossesses très précoces, on utilise aussi le suivi des prises de sang mesurant le taux de l’hormone HCG (hormone de grossesse) : un taux qui cesse d’augmenter ou qui diminue peut indiquer un arrêt de la grossesse.

 

Zoom sur

le diagnostic et suivi médical

Le diagnostic de perte de grossesse précoce repose essentiellement sur l’échographie, qui recherche le sac gestationnel, l’embryon ou le fœtus. L’évaluation clinique (saignements, ouverture du col utérin) permet d’évaluer si l’expulsion est en cours.

Quelles sont les causes possibles d’une perte de grossesse précoce ?

Causes fréquentes

Dans la majorité des cas, la perte de grossesse précoce est liée à un phénomène au moment de la constitution de l’embryon, à type d’anomalie chromosomique. L’embryon arrête son développement. Puis, il arrive aussi que l’œuf fécondé ne contienne pas d’embryon. On parle alors d’œuf clair[1]. On estime que c’est la cause de 50 à 75 % des pertes de grossesse précoces.

Le saviez-vous ?

Un œuf clair est un œuf qui contient les membranes et le futur placenta (apellé trophoblaste) mais aucun embryon[1]. À l’échographie, il apparaît comme un sac gestationnel vide. Dans certains cas, l’œuf se résorbe spontanément, sinon un traitement médical ou un curetage peut être proposé, comme pour les autres types de grossesses arrêtées précoces

Ces arrêts spontanés sont indépendants de tout comportement, pensées, ou geste de la future mère.

 

Facteurs de risque

Certains éléments peuvent augmenter la probabilité de perte de grossesse précoce :

Il est important de rappeler que dans la très grande majorité des cas, une perte de grossesse précoce isolée ne nécessite pas de bilan médical approfondi. Seules les fausses couches à répétition peuvent conduire à des examens plus poussés.

Comment se déroule une perte de grossesse précoce ?

Trois évolutions possibles

Le déroulement d’une perte de grossesse précoce peut varier d’une femme à l’autre. Dans certains cas, l’expulsion se fait naturellement, dans d’autres, une aide médicale est nécessaire. On distingue trois scénarios possibles[1] :

  • l’évacuation spontanée complète : l’utérus expulse entièrement le sac gestationnel sans besoin de traitement. Des saignements peuvent durer quelques jours, accompagnés de douleurs comparables à des règles ;
  • l’évacuation incomplète : une partie du contenu utérin est éliminée, mais des résidus persistent. Cela peut entraîner des saignements prolongés ou irréguliers, nécessitant un traitement médical ou chirurgical ;
  • la rétention du sac gestationnel ou du trophoblaste : parfois, l’organisme n’expulse pas les tissus de la grossesse arrêtée. Cette situation peut passer inaperçue et n’être détectée qu’à l’échographie.

Que fait le professionnel de santé ?

Quelle que soit la situation, une surveillance médicale est recommandée. Une échographie permet de vérifier si le sac gestationnel et les différents tissus ont bien été expulsés.

Lorsque l’expulsion est incomplète ou n’a pas eu lieu, un traitement peut être proposé :

  • un traitement médicamenteux, généralement à base de comprimés de misoprostol, favorise les contractions utérines. Il peut être pris à domicile, sous suivi médical. Au cas par cas, une association de misoprostol et de mifépristone peut être proposée, selon les recommandations médicales[3] ;
  • un traitement chirurgical, par aspiration intra-utérine peut être envisagé si le traitement médicamenteux est insuffisant ou en cas de complications comme une hémorragie par expulsion incomplète. Cette intervention est brève et généralement sans complication.

Que faire après une perte de grossesse précoce ?

Sur le plan physique

Après une perte de grossesse précoce, le corps reprend progressivement son rythme. Les règles réapparaissent généralement 4 à 6 semaines plus tard. Il est préférable d’attendre d’avoir eu une menstruation normale avant d’envisager une nouvelle grossesse, afin de permettre à l’organisme de retrouver un équilibre hormonal et physique[4].

Cette précaution aide également à mieux dater la grossesse suivante. Dans la majorité des cas, la fertilité n’est pas altérée et une nouvelle grossesse peut être envisagée dès que les parents s’y sentent prêts.

Sur le plan émotionnel

La perte d’une grossesse, même très précoce, peut laisser une empreinte forte. Ce vécu est personnel, parfois difficile à exprimer et il n’existe pas de manière « normale » de réagir.

Il est essentiel de pouvoir parler de ce qui a été vécu, à son rythme. Reconnaître cette diversité de réactions permet de mieux accompagner chaque parcours. Des professionnels sont là pour accompagner ces moments de deuil.

Ce soutien peut inclure une orientation vers un professionnel formé à l’écoute du deuil périnatal, ou l’accès à des groupes de parole. Il s’inscrit dans une approche globale du soin [3].

Chaque parcours est unique. Certaines personnes choisissent de se recentrer sur leur quotidien, tandis que d’autres ont besoin de temps avant d’envisager une nouvelle grossesse. Au sein du couple, l’homme et la femme peuvent aussi réagir différemment. L’essentiel est d’être entourés et écoutés.

Peut-on prévenir une perte de grossesse précoce ?

Il n’est pas toujours possible de prévenir une perte de grossesse précoce, surtout lorsqu’elle est liée à des anomalies chromosomiques survenues par malchance

Cependant, certains facteurs de mode de vie peuvent contribuer à réduire ce risque.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle que des gestes simples peuvent soutenir le bon déroulement d’une grossesse[5] :

Il est également recommandé de consulter un professionnel de santé dès le début de la grossesse pour assurer un suivi médical adapté.

Quand faut-il consulter un professionnel de santé ?

Signes d’alerte à ne pas négliger

Des douleurs pelviennes très intenses, des saignements abondants ou persistants, une sensation de malaise ou de faiblesse inhabituelle peuvent être les signes d’une perte de grossesse précoce en cours, ou d’une autre urgence obstétricale. Dans certains cas, une infection de l’utérus (appelée avortement septique) peut survenir après une perte de grossesse précoce[3]. Cette infection grave, bien que rare, constitue une urgence et nécessite une prise en charge immédiate.

Situations nécessitant une prise en charge urgente

En cas de suspicion de grossesse extra-utérine (absence de certitude par une échographie préalable du caractère intra utérin de la grossesse, fortes douleurs d’un seul côté du bas-ventre, douleurs à l’épaule, évanouissement), ou de perte de grossesse précoce hémorragique (perte de sang importante accompagnée de vertiges ou de troubles de la conscience), il est indispensable de se rendre rapidement aux urgences ou de contacter le SAMU (SAMU: 15, pompiers : 18, appel d’urgence européen : 112).

Vers qui se tourner ?

Un·e gynécologue, une (ou un) sage-femme, ou un médecin (urgentiste, généraliste) peuvent assurer le suivi et orienter vers les examens nécessaires. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à consulter. Une écoute et une réponse adaptées sont essentielles dans ces moments d’incertitude.

Questions fréquentes des parents

Après une perte de grossesse précoce, de nombreuses interrogations subsistent. Il est naturel de se demander si une nouvelle grossesse est possible. Dans la grande majorité des cas, la fertilité n’est pas altérée et il est tout à fait envisageable de démarrer une nouvelle grossesse.

Il est aussi fréquent de ressentir de la culpabilité. Pourtant, dans l’immense majorité des cas, la perte de grossesse précoce est un événement indépendant de toute action ou décision de la mère. Aucun comportement (stress, activité physique) n’en est responsable.

Beaucoup de parents se demandent à partir de quand le risque de perte de grossesse précoce diminue. On considère que ce risque devient très faible après les premières semaines du deuxième trimestre, soit vers 14 semaines d’aménorrhée.

Pour des femmes qui ne se savaient pas enceintes, la différence entre des règles abondantes et une perte de grossesse précoce peut être difficile à percevoir. La présence de caillots, de tissus, ou des douleurs plus intenses peuvent orienter vers une perte de grossesse précoce, mais seul un professionnel peut établir un diagnostic fiable. Il s’aidera du dosage du BHCG, (sanguin ou urinaire)

Sur le plan physique, la perte de grossesse précoce peut s’accompagner de douleurs comparables à celles des règles, parfois plus marquées. Chaque femme ressent les choses différemment.

Enfin, partager cette expérience avec des proches, si cela semble nécessaire pour les futurs parents, peut être bénéfique. L’annonce à l’entourage, notamment aux enfants, peut également être accompagnée par un professionnel de santé[4]. Parler, mettre des mots, recevoir du soutien, sont autant d’aides précieuses pour traverser cette période.

Je retiens !

85 % des fausses couches surviennent au cours des 12 premières semaines de grossesse[3]. Ce chiffre souligne combien cet événement, bien que fréquent sur le plan médical, peut survenir très tôt, parfois avant même que la grossesse ne soit connue.

La perte de grossesse précoce est une réalité fréquente de la grossesse, imprévisible et bouleversante. Même si cet évènement se règle naturellement dans la majorité des cas, elle mérite une attention médicale et un accompagnement bienveillant. Retrouver des repères, s’informer et avoir du soutien aide à traverser cette étape souvent éprouvante.

Cet article vous a-t-il été utile ?

Cet article n'a pas encore suffisamment de votes, soyez le premier à le noter

[1] Le Grand Livre de ma grosse, éditions Eyrolles 2017-2018 – p.407, 410 et 411

[2] Ameli – Perte de grossesse précoce

[3] Le Manuel MSD – Perte de grossesse précoce

[4] Institut national de santé publique du Québec – Perte de grossesse précoce et deuil

[5] Organisation mondiale de la Santé – Pourquoi il est vital de parler de la perte d’un bébé

Note :
Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

Aucune question n’a été posée sur ce thème précis, vous pouvez poser la vôtre à nos experts.

 

 

Vous ne trouvez pas de réponse à votre question ?

Vous pouvez consulter les réponses déjà apportées par nos médecins à ce sujet en tapant votre question ou mots clés dans le moteur de recherche ci-dessous

Toujours pas de réponse ? Posez votre question à l'un de nos experts qui vous répondra rapidement.

Je pose ma question

Nos pédiatres sont bénévoles et ne peuvent répondre qu'à un nombre limité de questions par jour. Le nombre maximal de questions a été atteint, n'hésitez pas à revenir sur le site !

Pour toute question concernant la santé de votre enfant, rapprochez-vous d'un professionnel de santé.

A NOTER :
Pour toutes les questions concernant le SOMMEIL, il existe déjà sur le site beaucoup de questions auxquelles les pédiatres ont déjà répondu. Etant donné que les pédiatres sont très sollicités et ne peuvent répondre qu'à un nombre limité de questions, nous vous invitons à faire une recherche sur le site avant de poser votre question.