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Entre 4 et 6 mois, des besoins nutritionnels en évolution

Mis à jour le 10 juillet 2023 Dr Alain BOCQUET

Besoins nutritionnels alimentation bébé

A l’âge de 4 à 6 mois, il est temps pour votre bébé de découvrir de nouvelles saveurs, une alimentation différente. C’est le début de la diversification alimentaire qui ne doit jamais être débutée avant 4 mois et si possible pas après 6 mois. Le lait maternel ou infantile ne couvre plus la totalité des besoins nutritionnels de votre enfant. L’allaitement maternel exclusif est recommandé jusqu’à 6 mois par l’Organisation Mondiale de la Santé, mais la diversification des enfants allaités au sein ne doit pas être retardée au delà de 6 mois en raison du risque de carence en fer. Place aux découvertes culinaires, même si le lait reste très présent pour une alimentation équilibrée à cet âge.

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La découverte d’une autre alimentation

Entre 4 et 6 mois, votre enfant continue à grandir à vive allure. C’est ainsi qu’en rapport avec son poids, à 6 mois, il a besoin, proportionnellement, de 7 fois plus de fer que vous, 5 fois plus de calcium, 4 fois plus de vitamine C. Il a en revanche besoin de 4 fois moins de sel. Sa nourriture devra donc être adaptée aux besoins à cet âge. Chaque nutriment est important pour sa croissance. Votre bébé ne va pas abandonner le lait du jour au lendemain, mais la diversification alimentaire va lui permettre de découvrir peu à peu les éléments nutritionnels nécessaires, complémentaires du lait.

  1. Les besoins en glucides sont importants. Ils doivent représenter près de la moitié de l’apport calorique de votre enfant (entre 40 et 50% entre 0 et 3 ans) afin de permettre l’apport énergétique nécessaire au bon fonctionnement de son organisme, en particulier du cerveau et des muscles. Les glucides (ou sucres) peuvent être simples ou complexes.
    – Les glucides “simples” peuvent être constitués d’une seule molécule, le fructose ou le glucose contenus dans les fruits et légumes, mais surtout de deux molécules associées, le saccharose (glucose + fructose : sucre de cuisine), le lactose (glucose + galactose : sucre du lait) et le maltose (glucose + glucose : sucre provenant de la digestion de l’amidon).
    – Les glucides “complexes” (que l’on appelait les sucres lents) résultent de l’assemblage d’un très grand nombre de molécules de glucose et se digèrent plus lentement : ils assurent ainsi un apport énergétique étalé dans le temps. Il s’agit des amidons qui proviennent des céréales (pain, pâtes, riz, maïs…) et des féculents : pommes de terre et légumineuses (lentilles, pois cassés, pois chiches, haricots secs, fèves…).
  2. Les protides (protéines) sont absolument indispensables à la croissance car ils sont des matériaux permettant la construction des cellules de l’organisme : contrairement aux glucides et aux lipides, ils ne participent pas à l’apport énergétique. Un manque de protéines entraînera un retard de croissance en taille et un retard des acquisitions par perturbation de la croissance du cerveau. Heureusement cette situation est très rare dans notre pays, où l’on connaît plutôt un excès de consommation de protéines. On distingue les protéines d’origine animale (viande, poisson, œufs, produits laitiers) et les protéines d’origine végétale (céréales et légumineuses). Les protéines doivent représenter 7 à 15% de l’apport énergétique total de 0 à 1 an, et 6 à 15% de 1 à 3 ans. Les apports de viande – poisson – oeufs doivent être de 10g par jour, soit deux cuillères à café (sous forme cuite et mixée) entre 6 et 12 mois. Respectez ces quantités, l’excès de protéine peut être délétère pour les reins et  favoriser l’obésité ultérieurement.
  3. Les lipides (matières grasses) sont essentiels pour votre enfant, et d’après les dernières recommandations de L’Anses (2011), la part des lipides dans l’apport énergétique total doit être de 50 à 55% avant l’âge de 1 an et de 45 à 50% entre 1 et 3 ans, davantage que chez les adultes. Différentes enquêtes ont montré que les nourrissons ont des apports insuffisants en lipides, il ne faut donc pas avoir peur des matières grasses qui vous seront conseillées dans son alimentation : votre bébé n’est pas un adulte au régime ! Les lipides représentent d’une part une source importante d’énergie, et d’autre part, ils sont indispensables à la construction des membranes des cellules et surtout du système nerveux. Les lipides sont d’origine végétale (huile de colza, d’olive, etc.) ou d’origine animale provenant de la viande, des poissons, des œufs, ou du lait (crème, beurre). Les acides gras essentiels (acide linoléique pour les omégas 6 et acide alpha-linolénique pour les omégas 3) ne peuvent être fabriqués par l’enfant à partir d’autres aliments : ils sont apportés par les huiles végétales (les huiles contenant le plus d’AGE oméga 3 et oméga 6, et dans les bonnes proportions, sont les huiles de colza, de noix ou de soja), alors que les dérivés supérieurs de ces acides gras essentiels appelés AGPI-LC * sont apportés principalement par les poissons gras. Ils doivent être présents dans les laits infantiles comme dans le lait maternel.
  4. Votre bébé a des besoins en eau plus élevés que ceux de l’adulte et il risque plus rapidement une déshydratation. L’eau pure est la boisson la mieux adaptée à votre enfant, pendant la journée et au cours des repas. L’habitude est de proposer une eau minérale (peu minéralisée) avant 6 mois, mais il est possible d’utiliser l’eau du robinet. Si votre bébé refuse de boire de l’eau, ce n’est pas qu’il n’aime pas l’eau, mais qu’il n’en a pas besoin à ce moment-là. Il faut éviter les boissons sucrées.
  5. Le calcium aide à la construction des os et des dents, il est apporté principalement par le lait et les produits laitiers. Pour absorber le calcium apporté par l’alimentation et le fixer sur les os il est nécessaire que votre bébé reçoive régulièrement de la vitamine D. Les apports nutritionnels conseillés (ANC) en calcium augmentent avec l’âge : 400 mg/j chez le nourrisson jusqu’à 6 mois, et 500 mg/j de 6 mois à 3 ans. Avant la diversification, les besoins calciques sont couverts par la consommation quotidienne de 600 à 700 ml de lait. De 4 à 6 mois jusqu’à 1 an, les besoins calciques seront couverts par l’allaitement au sein ou la consommation de 500 ml de lait 2ème âge, auquel s’ajouteront les laitages et fromages.
  6. Les vitamines sont elles aussi indispensables à votre tout petit. Ses besoins en vitamines sont en effet supérieurs à ceux des adultes. Elles seront apportées en quantités suffisantes par une alimentation bien équilibrée, sauf pour la vitamine D qu’il faut donner en complément (gouttes ou ampoules) car elle se trouve en quantités très insuffisantes  dans la nourriture et la quantité ajoutée dans les laits infantiles n’est pas tout à fait suffisante.
  7. Le fer, est un oligo-élément indispensable. Il est nécessaire à la fabrication des globules rouges, il participe au bon fonctionnement des défenses immunitaires, il facilite le fonctionnement cérébral et il est un véritable facteur de croissance. Né à terme, votre bébé dispose d’une réserve de fer disponible durant 4 mois. Cette réserve de fer pourra être insuffisante chez les jumeaux et surtout chez les prématurés et une supplémentation en fer sera nécessaire. Ensuite, le nourrisson doit constituer ses propres stocks. Le lait maternel en contient naturellement en quantité suffisante, tout au moins jusqu’à l’âge de six mois. Les laits infantiles sont, quant à eux, enrichis en fer, surtout les laits 2e âge et les laits de croissance. Le lait de vache est en revanche très pauvre en fer. Après 6 mois, votre enfant puisera également du fer dans les céréales infantiles et certains légumes verts, les œufs, mais surtout la viande.

Une diversification progressive

La diversification, c’est-à-dire l’apport d’aliments non lactés doit être débutée progressivement (voir le tableau du PNNS pages 28 et 29 du carnet de santé). Les médecins recommandent la période 4-6 mois pour introduire très progressivement de nouveaux aliments dans les menus de votre bébé : jamais avant 4 mois et pas après 6 mois.

Découvrez aussi notre podcast Premières cuilleréesComment bien démarrer la diversification ? présenté par le Dr Sandra Brancato, à découvrir ici…

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Notes :

* AGPI-LC : Acides gras poly-insaturés à longue chaîne, comprenant l’acide arachidonique (ARA) pour les omégas 6, et le DHA pour les omégas 3

  1. Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Avis du 30 juin 2020 relatif à la révision des repères alimentaires pour les enfants âgés de 0-36 mois et de 3-17 ans
  2. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) Avis du 12 juin 2019 relatif à l’actualisation des repères alimentaires du PNNS pour les enfants de 0 à 3 ans
  3. Mary Fewtrell, Jiri Bronsky, Cristina Campoy et al. Complementary Feeding: A Position Paper by the European Society for Paediatric Gastroenterology, Hepatology, and Nutrition (ESPGHAN) Committee on Nutrition. JPGN
  4. Ierodiakonou D et al. Timing of allergenic food introduction to the infant diet and risk of allergenic or auto- immune disease. A systematic review and meta-analysis. JAMA 2016;316:1181 – 92.
  5. D. Turck et le Comité de Nutrition de la Société française de pédiatrie. Diversification alimentaire : évolution des concepts et recommandations. Archives de Pediatrie 2015;22:457-460.

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