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Comment aider mon fils de 5 ans à surmonter le deuil ?

il y a 4 ans

Bonjour,

Mon fils aura 5 ans fin mai. Il y a 15 jours, son arrière-grand-père paternel est décédé, atteint par le Covid 19. Il a assisté à la peine de son Papa, a pleuré à chaudes larmes à plusieurs reprises. Nous n’avons pas pu assister à la sépulture étant donné l’éloignement géographique et les difficultés liées au confinement.

Tout cela est encore très présent dans l’esprit de notre fils (diagnostiqué l’année dernière comme étant à haut potentiel). Il lui arrive le soir après le coucher de se relever en nous disant qu’il n’arrive pas à se « débarrasser » de cette idée, la mort de son arrière-grand-père (nous ne le voyions pas très souvent).

Nous parlons beaucoup en famille, mais là nous ne trouvons aucune solution pour l’apaiser. Nous aimerions l’aider à extérioriser tout cela, nous savons que le temps a sa part à faire aussi, mais nous avons peur de passer à côté de quelque chose de plus profond.
A noter qu’à mesure que le temps passe en confinement, il a plus de mal à se motiver pour certaines choses (il reste globalement joyeux, et joue beaucoup avec son petit-frère, mais il me fait penser à un adulte qui « moins il en a à faire, moins il a envie d’en faire »).

Merci pour votre réponse,
Très belle journée à vous,

La réponse de notre expert

SALINIER Catherine, Dr, Pédiatre Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
 Dr Catherine SALINIER

Bonjour Madame,

Comme vous dites le deuil est un chemin un peu long. On ne peut pas perdre un être cher ou être confronté à la mort à 5 ans, même d’une façon assez éloignée puisque votre enfant ne connaissait pas bien son arrière grand-père, sans en être remué. Quand on a 5 ans et qu’on voit son papa peiné on est triste. Quand on est à haut potentiel tout cela est un peu exagéré car on gère plus mal les émotions et, comme on perçoit les choses avec plus d’acuité, on est facilement très angoissé.

Vous dites que vous voudriez aider votre enfant à extérioriser son angoisse mais il l’extériorise !!! (Il vous parle de sa peine, il se relève le soir etc…). Il ne peut pas mieux l’extérioriser et je dirais même qu’il faudrait qu’il l’intériorise un peu… C’est à dire qu’il la maîtrise mieux, qu’il l’accepte et ne la laisse pas l’envahir. A cela vous pouvez l’aider en étant vous même calme et un peu ferme. Vous avez dit ce qu’il fallait lui dire j’en suis sûre maintenant il faut l’aider à « passer à autre chose » si je puis dire, tout au moins à passer par dessus cette peine puisqu’on n’y peut rien. Faire son deuil c’est ça : intériorise sa peine, maîtriser l’angoisse qu’elle génère. S’il se relève ne le faites par parler, ne lui expliquez plus rien, acceptez qu’il reste un peu avec vous, parlez lui de choses légères, lisez lui un livre drôle et renvoyez le se coucher.

Je dirais la même chose pour le confinement. Avez-vous, vous même fait tout ce que vous aviez prévu de faire pendant ce confinement ? Avez-vous rangé tous les placards etc… Avez vous lu tous les livres possible ?… Non je crois que tout le monde est engourdi et je suis sûre que les personnes angoissées ont leur inquiétude au fond d’elles qui les paralyse un peu.

Ne soyez pas exigeants avec cet enfant, maîtrisez vos propres angoisses et montrez lui comme la vie est belle malgré les deuils et les maladies, montrez lui votre confiance en la vie. C’est pour ça que le retour à l’école est important : montrez aux enfants qu’on avance vers des jours meilleurs quoi qu’il en soit.

Si son anxiété demeure et a fortiori si elle s’aggrave n’hésitez pas à consulter un(e) psychologue. Les enfants à haut potentiel ont souvent besoin de temps en temps de cette intervention.