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Dépression post partum, baby blues ou psychose puerpérale : comment reconnaître et surmonter les troubles après la naissance ?

Mis à jour le 23 juin 2025 Dr Catherine SALINIER

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Baby blues, dépression post partum ou encore psychose puerpérale : ces différentes manifestations peuvent apparaître après l’accouchement et affecter de manière significative la santé mentale des parents. Ces états ne sont ni rares, ni honteux : baby blues et dépression post partum sont même fréquents et tous trois méritent une reconnaissance, un diagnostic précis et un accompagnement professionnel adapté.

Dans cet article, nous vous aidons à faire la différence entre les symptômes passagers du baby blues et les signes plus profonds d’une dépression post partum ou d’un trouble comme la psychose puerpérale. Comprendre ces troubles, c’est une première étape essentielle pour mieux les surmonter, prendre soin de soi et préserver le lien parent-enfant.

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Devenir parent : une période de bouleversements émotionnels et physiques

L’arrivée d’un bébé est souvent décrite comme un moment de bonheur intense, mais cette image idéalisée ne reflète pas toujours la réalité vécue par les jeunes parents. Devenir mère ou père, représente en effet un véritable bouleversement : émotionnel, hormonal, physique, psychologique et social.

Après l’accouchement, de nombreuses femmes ressentent un décalage entre ce qu’elles s’attendaient à vivre et ce qu’elles ressentent réellement. La fatigue s’accumule, l’organisation quotidienne est chamboulée, les repères changent et la pression pour être une « bonne mère » peut faire naître un sentiment de solitude, d’angoisse ou de tristesse. Il en va de même pour les pères, souvent mis de côté dans les premiers temps, mais eux aussi confrontés à de profonds changements personnels.

Ces ressentis, bien qu’inconfortables, sont normaux. Il est important de rappeler qu’il n’existe pas une seule façon de devenir parent : certaines mères ou certains pères trouvent rapidement leurs marques, d’autres ont besoin de temps. Le lien avec le bébé ne se construit pas toujours immédiatement. Ce n’est pas une faute, ni un signe d’échec, mais le reflet d’un processus d’attachement progressif.

Il est donc essentiel de se déculpabiliser face à ces émotions. Les sentiments d’ambivalence, les doutes et les fragilités qui peuvent surgir dans les premières semaines de la parentalité méritent d’être entendus et accompagnés. Parler de son état, se faire entourer et savoir reconnaître quand un mal-être dépasse la simple fatigue sont des premiers pas importants vers le mieux-être.

Le baby blues : un passage fréquent après l’accouchement

Le baby blues, aussi appelé blues du post partum ou blues du troisième jour, touche entre 70 à 80 % des jeunes mamans dans les premiers jours suivant l’accouchement, selon La Haute Autorité de Santé (HAS)1. Bien que très fréquent, ce trouble émotionnel transitoire peut, chez certaines mères, surprendre par son intensité. Il est important qu’il soit reconnu pour ce qu’il est : une réaction physiologique et psychologique normale à l’arrivée du bébé, qui varie en intensité d’une femme à l’autre.

Quels sont les symptômes du baby blues ?

Le baby blues se manifeste généralement entre le deuxième et le cinquième jour après la naissance, selon la Haute Autorité de Santé (HAS, 2021)1 et dure en moyenne quelques jours à une semaine. Parmi les symptômes les plus courants, on retrouve :

  • des pleurs fréquents sans raison apparente ;
  • une grande émotivité;
  • une tristesse passagère;
  • une irritabilité;
  • des troubles du sommeil;
  • une sensation de fatigue intense;
  • un sentiment de décalage ou de vide malgré la présence du bébé.

Ces signes peuvent être déstabilisants, mais ils ne sont ni pathologiques ni durables. Il est important de les distinguer d’une dépression post partum, bien plus profonde et persistante.

Quelles sont les causes du baby blues ?

Sur le plan hormonal, le corps subit un bouleversement majeur : la chute brutale des œstrogènes et de la progestérone, conjuguée à un pic de prolactine lié à l’allaitement et à la montée de lait, peuvent fortement influencer l’humeur. À cela s’ajoute la baisse d’adrénaline après l’intensité de la naissance, qui laisse souvent place à une sensation de vide ou de décalage.

La fatigue extrême, le manque de sommeil lié aux soins constants apportés au bébé, et parfois un accouchement éprouvant, peuvent également fragiliser la jeune mère. À ces éléments s’ajoutent les pressions psychologiques : la responsabilité de ce nouveau rôle, les injonctions sociales à être une mère comblée, ou encore le décalage entre le lien imaginaire avec le bébé pendant la grossesse et la réalité, parfois déroutante, des premiers jours de maternité.

Comment traverser cette période ?

Bien que transitoire, le baby blues peut être difficile à vivre. Il est essentiel de reconnaître cet état et de s’autoriser à ressentir ce que l’on traverse, sans jugement ni culpabilité.

Parler de vos émotions est une première étape importante : confiez-vous à votre partenaire, à une personne de confiance, à une sage-femme ou à un autre professionnel de santé. Être écoutée permet souvent de soulager une partie de la tension émotionnelle.

Le repos est primordial, même s’il est morcelé. N’hésitez pas à vous faire aider pour les tâches du quotidien ou les soins au nouveau-né. Ce n’est pas un signe de faiblesse, mais une manière de préserver votre équilibre.

Si vous avez du mal à ressentir de la joie ou à créer un lien affectif fort avec votre enfant dès les premiers jours, rappelez-vous que cela peut prendre du temps, et que chaque mère suit son propre rythme. Ces émotions peuvent aussi être abordées lors des consultations postnatales, ou dans le cadre d’un suivi d’allaitement, car ces rendez-vous offrent des temps précieux pour parler du bien-être émotionnel de la maman.

La dépression post partum : symptômes, diagnostic et prise en charge

Contrairement au baby blues, la dépression post partum (parfois abrégée DPP ou nommée dépression postnatale) est un trouble de santé mentale à part entière. Elle touche environ 15 % des jeunes mères, avec un pic de fréquence autour du sixième mois après la naissance, selon la Haute Autorité de Santé (HAS, 2021)1.

Quels sont les symptômes à repérer ?

Les symptômes de la dépression post partum sont variés mais doivent alerter lorsqu’ils durent plus de deux semaines ou s’intensifient. Parmi eux :

  • une tristesse persistante;
  • une perte de motivation;
  • des idées noires;
  • un sentiment d’échec ou d’incompétence dans son rôle de mère ;
  • une grande fatigue;
  • un repli sur soi;
  • des troubles du sommeil (au-delà du manque lié à l’allaitement ou aux réveils du bébé) ;
  • ou encore une difficulté à créer du lien avec son enfant.

Dans certains cas, la mère peut aussi ressentir de la colère, de l’anxiété intense ou un désintérêt marqué pour tout ce qui l’entoure, y compris pour son bébé.

Une prise en charge nécessaire et adaptée

La prise en charge commence par un diagnostic médical : il est donc indispensable d’en parler avec un médecin généraliste, une sage-femme, un pédiatre ou un gynécologue, qui pourra orienter vers un psychologue ou un psychiatre spécialisé en périnatalité.

Le traitement dépendra de la sévérité de la dépression. Il peut reposer sur un accompagnement psychothérapeutique, parfois associé à un traitement médicamenteux antidépresseur ou régulateur de l’humeur est mis en place et surveillé par le médecin. Il peut être nécessaire pendant plusieurs mois puis arrêté très progressivement.

Dans certains cas une hospitalisation de la mère et du bébé ensemble, pour ne pas le séparer, est proposée pour un traitement et un soutien hors des préoccupations du quotidien (se peut à plein temps ou en hospitalisation de jour).

Retour à la maison : comment mieux le vivre ?

Le retour à la maison avec un nouveau-né peut être une période aussi bouleversante qu’émouvante. Pour mieux vivre cette transition, il est important de s’entourer, de s’informer et de ne pas rester seule face aux émotions qui peuvent surgir.

Dès la grossesse, un entretien prénatal précoce, pris en charge à 100 %, permet d’échanger avec un professionnel de santé sur vos besoins, vos craintes, ou encore votre projet de naissance. Il peut être l’occasion de se préparer au retour à la maison et d’aborder la question du baby blues ou de la dépression post partum.

Après la naissance, un entretien postnatal peut également être proposé. Il permet de faire le point sur votre état émotionnel et physique, de poser vos questions et de bénéficier d’un accompagnement personnalisé.

Sage-femme, médecin généraliste, gynécologue, pédiatre ou encore psychologue : plusieurs professionnels de santé sont là pour vous accompagner, pendant et après la grossesse. Dès le retour à domicile, une sage-femme peut assurer le suivi postnatal à domicile, sur prescription ou initiative du médecin ou de la maternité. Ce suivi est pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie jusqu’au douzième jour après l’accouchement.

Et les papas ? La dépression postnatale paternelle

La période postnatale ne concerne pas seulement la maman : les pères peuvent aussi être touchés par un épisode dépressif après la naissance de leur enfant. On estime que 10 à 15 % des pères présentent des symptômes de dépression postnatale, parfois sous-estimés car moins visibles, selon La Haute Autorité de Santé (HAS)1.

La dépression paternelle survient souvent dans les 6 à 12 mois suivant la naissance, pouvant s’accompagner de fatigue, irritabilité, anxiété ou sentiment d’incompétence.

Quels sont les facteurs de risque ?

Plusieurs facteurs peuvent contribuer à ce mal-être :

  • le stress lié à la nouvelle responsabilité et au rôle de parent;
  • la fatigue liée au manque de sommeil et à la gestion de la vie familiale ;
  • un sentiment de mise à l’écart ou d’isolement, notamment si la mère est très préoccupée par le bébé;
  • les difficultés de communication avec la partenaire;
  • une histoire personnelle de troubles dépressifs ou une période difficile durant la grossesse ou la naissance.

Il est essentiel que les pères soient écoutés et soutenus. Parler de ses émotions à un proche ou un professionnel de santé peut prévenir une aggravation des symptômes.

Un accompagnement adapté, incluant parfois un suivi psychologique, aide à mieux vivre cette période de transition et à préserver l’équilibre familial.

Si vous êtes papa et que vous ressentez un mal-être persistant, n’hésitez pas à consulter un professionnel : prendre soin de vous, c’est aussi prendre soin de votre enfant et de votre famille

La psychose puerpérale : un trouble rare mais grave

La psychose puerpérale est un trouble psychiatrique rare mais sévère qui survient généralement dans les jours ou semaines suivant l’accouchement. Elle touche environ 1 à 2 femmes sur 1 000, souvent dans un contexte de vulnérabilité psychique préexistante, selon la Haute Autorité de Santé (HAS, 2021) (trouble bipolaire, antécédents psychiatriques, antécédents familiaux).

Contrairement au baby blues ou à la dépression postnatale, il s’agit d’une urgence médicale, car le pronostic vital de la mère et du bébé peut être engagé.

Les symptômes de la psychose puerpérale

Les signes de psychose puerpérale apparaissent de manière soudaine et peuvent inclure :

  • une désorganisation de la pensée;
  • des hallucinations;
  • des idées délirantes (persécution, messianisme, bébé perçu comme maléfique ou « faux ») ;
  • une grande agitation ou au contraire un repli extrême;
  • une désinhibition;
  • ou des changements d’humeur intenses (euphorie, anxiété, confusion).

Dans certains cas, ces symptômes peuvent conduire à des comportements dangereux, pour la mère elle-même ou pour son enfant, notamment par des passages à l’acte impulsifs ou délirants.

Une urgence psychiatrique à prendre en charge rapidement

La prise en charge de la psychose puerpérale nécessite une hospitalisation immédiate, souvent en unité psychiatrique spécialisée, idéalement en unité mère-enfant si l’état de la mère le permet. L’objectif est de protéger la mère et son bébé, tout en instaurant un traitement médicamenteux adapté (neuroleptiques, stabilisateurs de l’humeur, parfois antidépresseurs).

Le suivi psychiatrique doit ensuite se poursuivre sur le long terme, car le risque de rechute lors d’une grossesse ultérieure est important. Une prévention adaptée pourra alors être anticipée.

Questions de parents

Je me sens triste après la naissance, est-ce normal ?

Oui, c’est fréquent. Le baby blues peut provoquer une grande émotivité, des pleurs et de la fatigue dans les jours qui suivent l’accouchement. Cela ne signifie pas que vous n’êtes pas une bonne mère. Ces symptômes disparaissent généralement en quelques jours.

J’ai peur de ne pas aimer mon bébé, que faire ?

Ce sentiment peut survenir lorsque l’attachement ne se crée pas immédiatement. Ce n’est pas rare et cela ne fait pas de vous une mauvaise mère. Parlez-en à un professionnel de santé qui pourra vous écouter et vous accompagner.

Je viens d’accoucher et je n’arrête pas de pleurer alors que je suis heureuse… pourquoi ?

Les bouleversements hormonaux, la fatigue et la pression émotionnelle peuvent provoquer des pleurs même dans un contexte heureux. C’est une réaction normale du corps et de l’esprit après l’accouchement.

Je suis déprimée… quelles conséquences pour mon bébé ?

Une dépression post partum non prise en charge peut affecter la relation parent-enfant. Mais un accompagnement médical et psychologique permet de restaurer rapidement le lien et de protéger le développement du bébé.

 

Le baby blues, la dépression post partum et la psychose puerpérale sont des réalités qui peuvent toucher les parents après la naissance d’un enfant. Reconnaître ces troubles et en parler est essentiel pour bénéficier d’un accompagnement adapté et préserver la santé mentale de la mère comme celle du père.

Chaque émotion, même difficile, a sa place dans ce bouleversement qu’est la parentalité. N’hésitez jamais à demander de l’aide : c’est un signe de courage et une étape importante pour vivre sereinement ce nouveau chapitre de votre vie.

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