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Angoisse de séparation à 26 mois, comment l’aider ?

il y a 2 ans

Bonjour,
Voilà la chronologie :
Mon époux et moi même sommes partis sans notre fils 2jours le 30 et 31 août. Sa grand-mère l’a gardé chez nous, tout s’est passé habituellement (siestes repas nuit).
Nous avons introduit la rentrée de la crèche qui se faisait le 2 septembre, notre fils nous a largement fait comprendre « pas la crèche ».
La nuit du 1er septembre pour la 1ère fois après le rituel du coucher notre fils est sorti de son lit à barreaux et nous a rejoint dans le salon en pleurant. Nous l’avons rassuré et l’endormissement à été très long, à 4h il était de nouveaux hors de son lit dans le couloir de notre chambre. Je l’ai raccompagné et il ne s’est jamais rendormi.
Le lendemain pour la sieste même problème « veux pas dormir »… Il s’est endormi finalement après une lutte acharnée tardivement à 16h.
La rentrée à la crèche s’est assez bien passée il a dormi 2h et bien mangé joué etc…
Depuis les journées s’enchaînent à la maison il refuse de faire la sieste.
Le soir est devenu un cauchemar. Il ne peut pas s’endormir si je ne me couche pas à côté de lui même après le rituel. Si je sors de la chambre il hurle et me suit je le raccompagne sans relâche dans sa chambre mais le scénario est interminable. Quand son papa prend le relais c’est pire il hurle et appelle maman. Son papa s’énerve et perd patience. Au final je me retrouve toujours à dormir à côté de lui sur un matelas d’appoint jusqu’à ce qu’il s’endorme… vers minuit je regagne ma chambre et au 1er réveil 1h30 il pleure dans le couloir etc jusqu’au réveil vers 7h…
Autre fait nouveau, dans la journée il me répète en fonction des situations « a peur » je n’arrive pas toujours à savoir de quoi… et le soir il me dit aussi qu’il a peur mais ne me dit pas de quoi. Je lui ai demandé si c’était du noir il m’a dit oui…
Par ailleurs depuis, la journée il m’appelle dès que je disparaîs de son champ de vision et ne veut pas son père… il est collé à moi h24…

Ce que nous avons fait :

En attendant la commande du lit, nous avons enlevé la barrière de son lit en lui disant que maintenant il avait un lit de grand… aucune efficacité, même pire…

Après lecture de vos diverses réponses je lui ai calmement expliqué qu’il était l’heure des parents qu’on ne reviendrai plus dans sa chambre …
On a aussi essayé par la force et la colère.
Le résultat est le même il sort de sa chambre et reste dans le couloir en pleurant.
Nous avons laissé, comme vous le préconisez, la porte entre ouverte avec la lumière dans la pièce voisine.
Nous avons épuré sa chambre et laissé une petite veilleuse.
J’ai même essayé de faire de la méditation éveillée en parlant très doucement des choses paisibles…
RIEN N’Y FAIT !

Je suis très inquiète pour ma reprise. Actuellement je suis en vacances mais j’ai un travail aux horaires particuliers en gardes de 24h pendant lesquelles c’est son papa qui gère.

Mon fils a eu un sommeil très perturbé avec beaucoup de réveils nocturnes jusqu’à ses 15 mois puis s’en est suivi le paradis du sommeil (s’endormait seul nuits complètes de 12h réveils doux siestes de 2h…) et là c’est le chaos du jour au lendemain.

Avec son papa nous ne sommes pas toujours d’accord. Il a tendance à être très autoritaire quand moi je suis beaucoup plus douce, peut être trop !

Pourquoi ?

Est-ce notre absence de 2 jours sans l’avoir prévenu qui a créé cette angoisse d’abandon ?
Est-ce le stress de la rentrée à la crèche ?
Est-ce l’inquiétude de réaliser qu’il pouvait sortir de son lit de bébé ?
Est-ce la peur du noir ou autre ?

Merci infiniment du temps que vous accorderez à notre situation qui nous met personnellement et maritalement en grande difficulté.

Mes salutations respectueuses et distinguées.

La réponse de notre expert

SALINIER Catherine, Dr, Pédiatre Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
 Dr Catherine SALINIER

Bonjour Madame,

Merci beaucoup pour la clarté et la délicatesse de votre lettre. Je vois que vous avez lu toutes les autres questions ce qui m’encourage bien à vous écrire en pensant à vous seule.s. et je suis aussi très sensible à la politesse de votre lettre. Merci.

Tout est tellement classique dans votre message que j’ai envie de vous rassurer tout de suite. Oui ça va passer, oui certainement vous avez trouvé seule les raisons de cette angoisse de séparation que présente votre enfant actuellement.

Il n’est pas bienvenu, c’est vrai, de laisser un enfant, quel que soit le temps de séparation (et donc a fortiori pour un long temps (2 jours ici), sans le prévenir, sans expliquer où on va et jusqu’à quand, ni sans lui dire au revoir. En effet même s’il n’a pas la notion du temps, un enfant de cet âge comprend très bien à votre ton et votre façon de dire au revoir si vous allez juste au super marché ou en week-end long. Mais bon ce qui est fait est fait…. Vous ferez mieux la prochaine fois.

Oui l’entrée en crèche est quelque chose de très « violent » pour un enfant de cet âge. La séparation, la collectivité, les étrangers, les bousculades, le bruit, de nouveaux locaux etc… Mais bon, c’est la vie … et la vie est belle au final maigre de moments difficiles.

Oui il en a assez d’être enfermé dans un lit à barreau et vous avez bien fait de commander le grand lit et d’ouvrir le petit dont il peut sortir.

Oui il a peur du noir et vous avez bien fait de laisser la lumière allumée ( je n’aime pas trop les veilleuses qui à mon avis éclaire la solitude ….)

Oui c’est super que son papa et vous ne soyez pas « pareils « !  C’est ce qui fait la richesse d’un couple l’un ayant ce qui manque à l’autre et inversement sans que l’un soit « meilleur » que l’autre… Oui  votre douceur et trop douce comme vous dites et une heure à côté de lui sur un lit d’appoint n’est pas raisonnable : à mon avis sortez ce lit d’appoint et restez près de lui sur une chaise 10 mn tout au plus. Oui votre mari est autoritaire et perd patience : c’est très bien si ça vient après vos 10 mn de « douceur » mais c’est trop violent si ça vient d’emblée. En effet si votre enfant est malheureux d’être seul et, qu’en plus, il se fait gronder d’être malheureux c’est double peine, c’est dur. Pourtant votre mari a raison : il faut être ferme mais si possible sans crier et pas avant l’échec de la bienveillance !

Et puis vous oubliez une dernière raison qui transparait dans votre lettre : votre stress vous à l’idée de reprendre, de vous séparer plus de lui et d’être fatiguée. Mais bon… c’est la vie comme je disais plus haut.

Oui c’est une grande chance que vos gardes de 24 h ! Votre enfant va être « nickel » avec son papa et quelle chance pour eux de pouvoir nouer une relation à deux sans maman au milieu !

Donc associez à deux bienveillance (vous) et fermeté (papa) ( sans que l’un ne disqualifie l’autre : par exemple que votre mari se cramponne sans rien dire quand il vous trouve trop laxe et cramponnez vous sans rien dire quand il se fâche) et aussi indifférence quand votre enfant est dans le couloir et ne demande rien : laissez-le. Dites-lui toujours où vous partez et pour combien de temps.

Et surtout patientez ! Il faut que ce mauvais passage passe … et il passera si vous avez confiance et lâchez votre angoisse.

Je suis sûre que vous allez y parvenir.