Mis à jour le 18 août 2025 Dr Roxane DESANDES

L’encoprésie est un trouble fréquent encore méconnu, qui touche certains enfants « en âge d’être propres ». Elle se manifeste par des fuites involontaires de selles, souvent liées à une constipation chronique ou à des facteurs psychologiques. Ce trouble peut générer de l’inconfort et une souffrance émotionnelle chez l’enfant comme chez ses parents. Pourtant, une prise en charge adaptée permet, dans la grande majorité des cas, d’en venir à bout.
Quelles en sont les causes ? Découvrez les symptômes et les traitements de l’encoprésie pour mieux comprendre et accompagner votre enfant.
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L’encoprésie est un trouble fréquent mais encore mal compris, qui peut profondément affecter le bien-être de l’enfant et de sa famille. Le plus souvent liée à une constipation chronique ou à un contexte émotionnel délicat, elle nécessite une prise en charge globale, alliant traitement médical, rééducation des habitudes et accompagnement psychologique si besoin.
Avec de la patience, une posture bienveillante des parents et l’implication d’une équipe soignante, la grande majorité des enfants surmonte ce trouble. Il est essentiel de rassurer l’enfant, d’éviter toute culpabilisation et de lui montrer qu’il peut retrouver confiance en lui et en son corps.
Qu’est-ce que l’encoprésie ?
Définition
L’encoprésie est un trouble de l’élimination fécale qui se traduit par l’émission involontaire de selles dans des lieux inappropriés (le slip, les vêtements, le sol), chez un enfant âgé de plus de 4 ans, âge auquel la propreté anale est généralement acquise[1]. Ce phénomène survient en l’absence de cause organique évidente (malformation, pathologie neurologique, etc.).
Dans environ 80 % des cas, l’encoprésie est dite rétentionnelle, c’est-à-dire qu’elle est secondaire à une constipation chronique avec accumulation de selles dans le rectum, ce qui provoque des débordements ou des fuites fécales involontaires. [1] L’autre forme, plus rare, est dite non rétentionnelle : elle survient sans constipation préalable, souvent dans un contexte psychologique ou comportemental.
Différence entre encoprésie et énurésie
L’encoprésie est souvent confondue avec l’énurésie, qui correspond à l’émission involontaire d’urine (souvent la nuit). Les deux troubles peuvent coexister, mais ils relèvent de mécanismes différents. L’énurésie touche la sphère urinaire, tandis que l’encoprésie concerne la sphère anale et digestive.
À quel âge survient-elle généralement ?
L’encoprésie touche environ 1 à 3 % des enfants entre 5 et 10 ans, avec une prédominance chez les garçons[2]. Elle peut apparaître à la suite d’un apprentissage de la propreté trop précoce, conflictuel ou anxiogène, ou bien se manifester plus tard, en lien avec un épisode de constipation aiguë mal pris en charge.
La survenue d’encoprésie chez un enfant plus âgé ou chez l’adulte est beaucoup plus rare, et nécessite une exploration médicale approfondie.
Quelles sont les causes de l’encoprésie ?
La constipation chronique, première cause
Dans la majorité des cas, l’encoprésie est secondaire à une constipation chronique. L’enfant retient ses selles, volontairement ou non, ce qui entraîne une accumulation de matières fécales dans le rectum. Celui-ci se dilate progressivement, perd de sa sensibilité et ne signale plus efficacement le besoin de défécation. Cette stagnation peut provoquer un phénomène de fuite par débordement : des selles liquides plus récentes s’écoulent autour du « paquet » de matières accumulées, souillant les sous-vêtements sans que l’enfant en ait conscience[3].
Plusieurs facteurs peuvent favoriser cette constipation :
- une alimentation pauvre en fibres,
- une hydratation insuffisante,
- un mode de vie sédentaire,
- un apprentissage de la propreté trop précoce ou stressant.
Le rôle du stress et troubles psychologiques
Dans certains cas, l’encoprésie est liée à un facteur psychologique ou émotionnel. Le stress lié à des événements de vie (entrée à l’école, séparation, déménagement, naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur) peut entraîner des troubles du comportement ou une réticence à aller à la selle.
Par ailleurs, certains enfants présentant une encoprésie peuvent aussi souffrir de :
- troubles anxieux,
- difficultés relationnelles ou scolaires,
- troubles du neurodéveloppement (comme le TDAH),
- ou d’un refus passif d’obéir dans un contexte de tension familiale.
Il ne s’agit pas de troubles graves dans la majorité des cas, mais leur prise en compte est essentielle dans l’approche thérapeutique globale[4].
Les autres facteurs favorisants
Certains facteurs biologiques ou éducatifs peuvent également favoriser l’apparition de l’encoprésie :
- antécédents de retards d’apprentissage de la propreté,
- épisodes antérieurs de fissure anale douloureuse, qui incitent à la rétention,
- pression parentale excessive autour de la propreté,
- manque d’intimité ou de confort pour aller à la selle, notamment à l’école,
- certaines pathologies rares digestives ou neurologiques (à écarter par le médecin si l’encoprésie persiste malgré les traitements).
Symptômes et manifestations de l’encoprésie
L’un des signes les plus caractéristiques de l’encoprésie est la présence de fuites de selles dans les sous-vêtements, en dehors des moments où l’enfant est censé aller à la selle. Ces fuites peuvent survenir de façon intermittente ou quotidienne et sont souvent malodorantes, ce qui peut générer une gêne importante pour l’enfant comme pour son entourage.
La découverte de « paquets » de selles dans le slip ou le pantalon est un autre symptôme fréquent, souvent associé à une odeur persistante que l’enfant lui-même ne perçoit plus toujours. Ces souillures ne sont pas forcément volontaires. Dans la majorité des cas, l’enfant ne sent pas venir l’accident car son rectum, distendu par une rétention chronique, a perdu en sensibilité.
L’enfant peut également se plaindre de douleurs abdominales ou de difficultés à aller à la selle, parfois accompagnées de véritables épisodes de constipation. Il n’est pas rare que l’enfant évite délibérément d’aller aux toilettes par peur d’avoir mal, surtout s’il a déjà vécu des épisodes de selles dures ou de fissures anales.
Sur le plan émotionnel, l’encoprésie peut provoquer une grande souffrance psychologique. L’enfant peut se sentir honteux, coupable ou en insécurité, notamment à l’école / en collectivité. Cela peut affecter son estime de soi et entraîner un repli social. Du côté des parents, l’incompréhension, la frustration ou la lassitude peuvent s’installer, d’autant plus si l’encoprésie est perçue comme une provocation ou une régression. Un accompagnement parental bienveillant est donc essentiel pour éviter que le trouble ne s’aggrave ou ne s’installe.
Comment poser un diagnostic d’encoprésie ?
Le diagnostic d’encoprésie repose avant tout sur une consultation médicale, généralement réalisée par le médecin traitant ou le pédiatre. Celui-ci commence par un interrogatoire approfondi, destiné à mieux comprendre le contexte dans lequel surviennent les fuites de selles. Il cherche à savoir depuis quand les accidents ont commencé, à quelle fréquence ils se produisent, s’il existe un antécédent de constipation, ou encore si l’enfant ressent ou non l’envie d’aller à la selle. Le praticien explore également l’histoire de l’apprentissage de la propreté, la présence éventuelle de douleurs abdominales, de troubles émotionnels, ou de difficultés scolaires ou relationnelles.
L’examen clinique permet de repérer des signes de constipation chronique, comme un abdomen distendu ou douloureux et parfois la présence de selles dures au toucher abdominal. L’inspection de la région anale peut révéler une irritation locale, des fissures ou un tonus anal modifié. Il est essentiel d’évaluer l’état global de l’enfant, son développement, son comportement et sa communication autour de la propreté.
Et si l’encoprésie persiste ?
Dans certains cas, notamment lorsque l’encoprésie persiste malgré une prise en charge initiale, le médecin peut demander des examens complémentaires. Une radiographie de l’abdomen sans préparation (ASP) permet d’objectiver une stase fécale importante dans le rectum et le côlon (rendre visible une accumulation anormale de selles). D’autres examens comme l’échographie abdominale, l’anuscopie ou, plus rarement, un bilan neurologique, peuvent être envisagés si une cause organique ou malformative est suspectée.
Il est également important de différencier l’encoprésie d’autres troubles pouvant entraîner des souillures fécales. Certaines maladies digestives (comme une intolérance au gluten ou la maladie de Hirschsprung (maladie congénitale affectant le tube digestif)), des troubles neurologiques ou encore des antécédents de chirurgie digestive doivent être écartés, en particulier si les symptômes sont atypiques, d’apparition brutale, ou associés à un retard staturo-pondéral (croissance insuffisante sur le plan de la taille ou du poids).
Dans tous les cas, un diagnostic précoce et bien conduit est essentiel pour mettre en place une prise en charge adaptée, éviter que le trouble ne s’installe et rassurer les parents sur l’évolution généralement favorable de l’encoprésie.
Les traitements de l’encoprésie
Prise en charge médicale : rétablir le transit intestinal
La première étape du traitement consiste à éliminer les selles accumulées dans le rectum. En cas de constipation, le médecin prescrit le plus souvent un laxatif osmotique comme le macrogol, qui aide à ramollir les selles et à rétablir un transit régulier. Ce traitement est généralement poursuivi pendant plusieurs semaines pour éviter les récidives[1].
Rééducation du transit et ré-apprentissage de la défécation
Après la phase de nettoyage, l’enfant est encouragé à reprendre l’habitude d’aller à la selle tous les jours, idéalement après les repas (réflexe gastro-colique). Il doit être installé confortablement sur les toilettes, avec les genoux relevés pour favoriser la position physiologique d’évacuation. Un petit tabouret pour poser les pieds peut grandement faciliter cette posture.
La régularité et l’encouragement sont essentiels. Les parents peuvent tenir avec l’enfant un petit calendrier de suivi, avec des renforcements positifs adaptés à son âge, sans jamais le gronder en cas d’échec.
Suivi psychologique et accompagnement familial
Lorsque l’encoprésie s’installe dans un contexte émotionnel compliqué ou s’accompagne d’une anxiété, d’une opposition ou d’un repli, un accompagnement psychologique peut être très bénéfique. Une prise en charge par un psychologue pour enfant, en individuel ou en thérapie familiale, permet de désamorcer les conflits liés à la propreté, de restaurer la confiance et d’aider l’enfant à verbaliser ses ressentis.
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont parfois proposées, notamment lorsque l’enfant a développé des comportements d’évitement, une peur des toilettes ou un sentiment de honte. L’objectif est de favoriser des comportements adaptés dans un cadre rassurant et sans jugement[1].

Je retiens !
L’encoprésie, même si elle peut durer plusieurs mois, se soigne très bien lorsque la prise en charge est complète, progressive et respectueuse du rythme de l’enfant. Elle nécessite de la patience, une posture parentale bienveillante et une coopération étroite avec le médecin ou l’équipe pluridisciplinaire.
L’essentiel est de ne pas culpabiliser l’enfant, de ne pas le punir et de lui montrer qu’il peut surmonter ce trouble avec de l’aide et de la confiance.
Prévenir l’encoprésie : conseils pour les parents
Favoriser un apprentissage de la propreté sans pression
L’une des clés pour prévenir l’encoprésie est de respecter le rythme naturel de l’enfant dans l’acquisition de la propreté. L’apprentissage doit débuter lorsqu’il montre des signes d’intérêt : capacité à reconnaître qu’il a fait, ou va faire, dans sa couche, volonté d’utiliser le pot, ou encore capacité à rester au sec plusieurs heures. En général, cela se produit entre 2 et 4 ans, mais ce rythme varie d’un enfant à l’autre[4].
Il est important de ne pas forcer, gronder ou punir un enfant qui refuse ou tarde à devenir propre. Une pression excessive peut entraîner des comportements de rétention, sources de constipation et à terme d’encoprésie. Un climat de confiance et de dialogue facilite grandement cette étape.
Encourager de bonnes habitudes alimentaires et digestives
Pour prévenir la constipation, il est essentiel d’instaurer une alimentation riche en fibres (fruits, légumes, céréales complètes) et de veiller à une hydratation suffisante au quotidien. Une activité physique régulière stimule aussi le transit intestinal.
Dès le plus jeune âge, il est utile d’apprendre à l’enfant à écouter les signaux de son corps. Lorsqu’il ressent l’envie d’aller à la selle, il ne faut pas reporter le moment, même si cela survient à un moment inopportun. Tenir compte de ces besoins physiologiques contribue à préserver une bonne dynamique digestive.
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[1] Société Nationale Française de Colo-Proctologie. Encoprésie de l’enfant.
[2] Michel Soulé, Kathlen Lauzanne, Bertrand Colin. Les troubles de la défécation : encoprésie, mégacôlon fonctionnel de l’enfant.
[3] CHU Sainte-Justine. Constipation fonctionnelle et encoprésie.
[4] Société Française d’Hépato-Gastroentérologie Libérale. Encoprésie chez l’enfant : comprendre et agir.
Association Française de Pédiatrie Ambulatoire. Encoprésie et kinésithérapie.
Mireille Guittonneau-Bertholet. L’encoprésie, une lutte à corps perdu.
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