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Huiles essentielles et grossesse  : ce qu’il faut savoir pour les femmes enceintes

Mis à jour le 27 mai 2025 Dr Andréas WERNER

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crédit : AdobeStock_67487685

Les huiles essentielles sont de plus en plus prisées pour leurs vertus naturelles sur le bien-être, le sommeil, la gestion du stress ou encore les petits maux du quotidien. Issues de plantes aromatiques, elles concentrent des principes actifs puissants qui agissent rapidement sur l’organisme. Cependant, leur utilisation pendant la grossesse soulève de nombreuses interrogations, à juste titre.

En effet, la grossesse est une période particulière où chaque produit utilisé peut avoir un impact sur la santé de la femme enceinte et sur le développement du fœtus.

Faut-il éviter les huiles essentielles pendant la grossesse ? Lesquelles sont autorisées, et sous quelles conditions ? Quels sont les risques pour le bébé ? Peut-on en respirer sans danger ? Cet article vous propose un tour d’horizon complet et actualisé sur l’usage des huiles essentielles pendant la grossesse, avec des conseils concrets pour les femmes enceintes et celles qui allaitent.

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Sommaire de l'article

Comprendre les huiles essentielles pendant la grossesse

Pourquoi les huiles essentielles nécessitent une vigilance accrue ?

Les huiles essentielles sont des extraits végétaux extrêmement concentrés. Quelques gouttes suffisent à produire des effets physiologiques notables : elles peuvent agir sur le système nerveux, hormonal, digestif ou encore respiratoire. C’est cette action qui rend leur usage délicat pendant la grossesse.

Chez la femme enceinte, l’organisme subit de nombreuses modifications : hormonales, immunitaires, métaboliques. De plus, certains composés actifs contenus dans les huiles essentielles peuvent traverser la barrière placentaire et atteindre le fœtus, dont les organes sont en développement. Ce risque est particulièrement important au cours du 1er trimestre, période où l’embryon est le plus vulnérable.

C’est pourquoi, car il n’y a pas ou peu de données cliniques ni d’études sur l’évaluation des huiles essentielles en cours de grossesse, l’utilisation des huiles essentielles est fortement déconseillée pendant la grossesse. Même les huiles dites « douces » doivent être utilisées avec discernement, en suivant les recommandations de professionnels de santé formés en aromathérapie.

Peut-on utiliser des huiles essentielles pendant la grossesse et l’allaitement ?

La réponse n’est plutôt pas… uniquement sous conditions très strictes. Certaines huiles essentielles peuvent être employées à partir du second trimestre de grossesse, avec une utilisation encadrée : doses très faibles, voies d’administration limitées (par exemple la diffusion ou l’application cutanée très diluée), et toujours sur avis médical.

En revanche, d’autres huiles sont formellement proscrites pendant toute la durée de la grossesse, car elles présentent un risque d’interruption de grossesse, de contractions utérines, de toxicité hépatique ou neurologique, ou encore d’effets hormonaux indésirables.

Durant la période d’allaitement, la prudence reste de mise. Certaines molécules aromatiques peuvent passer dans le lait maternel et ainsi atteindre le nourrisson. Là encore, mieux vaut consulter un professionnel de santé avant toute utilisation.Huiles essentielles à privilégier ou à éviter : la liste par usage

Huiles essentielles à privilégier ou à éviter : la liste par usage

Toutes les huiles essentielles ne se valent pas durant la grossesse. Certaines peuvent soulager des petits maux fréquents chez la femme enceinte, tandis que d’autres sont à proscrire strictement en raison de leur action potentiellement dangereuse pour le fœtus ou la future maman.

Huiles essentielles autorisées avec précautions

Certaines huiles essentielles sont considérées comme relativement sûres à partir du second trimestre de grossesse, à condition de respecter scrupuleusement les doses, la durée d’exposition et les modes d’utilisation. Elles ne doivent le moins souvent et moins longtemps possible,  jamais être utilisées en ingestion, uniquement en diffusion douce ou application cutanée diluée dans une huile végétale neutre.

  • Lavande vraie (lavandula angustifolia) : calmante, apaisante, elle favorise le sommeil, diminue le stress et les tensions musculaires. Idéale en diffusion le soir ou en massage dilué.
  • Citron (citrus limon) : utile contre les nausées matinales et pour faciliter la digestion. Elle peut également aider à lutter contre la fatigue. À utiliser en diffusion ou en olfaction ponctuelle.
  • Citronnelle de java (cymbopogon winterianus) : répulsif naturel contre les moustiques. Possible en diffusion légère, notamment l’été, mais à éviter en application directe sur la peau.
  • Eucalyptus radiata (et non globulus) : décongestionnant respiratoire doux, apprécié en cas de rhume ou nez bouché. À utiliser uniquement en diffusion ou en inhalation courte, jamais sur la peau sans avis médical.

Même pour ces huiles dites « autorisées », leur usage ne doit jamais être systématique ni prolongé. Chaque situation est individuelle et nécessite un avis médical adapté.

Huiles essentielles à proscrire pendant la grossesse

De nombreuses huiles essentielles sont formellement contre-indiquées durant toute la grossesse et l’allaitement, car elles peuvent entraîner de graves effets secondaires : contractions utérines, troubles hormonaux, toxicité pour le système nerveux ou hépatique.

  • Menthe poivrée (mentha piperita) : très utilisée pour soulager les maux de tête ou les nausées, elle est pourtant neurotoxique et abortive à certaines doses. Interdite pendant toute la grossesse.
  • Sauge officinale, sauge sclarée : effets œstrogène-like, favorisent les contractions. À éviter absolument.
  • Romarin à camphre, thym à thymol, origan compact, giroflier : toutes riches en cétones ou phénols, ces huiles sont puissantes et irritantes, avec des effets neurotoxiques et abortifs possibles.
  • Cannelier de Ceylan, basilic exotique, fenouil doux : risque d’effets hormonaux et d’irritation importante. Non recommandées à aucun stade de la grossesse.

Il est essentiel de retenir que « naturel » ne signifie pas « inoffensif » et que certaines huiles essentielles, même bio et de qualité, peuvent représenter un risque réel pour les femmes enceintes et leur bébé.

Comment utiliser les huiles essentielles en étant enceinte ?

Utiliser des huiles essentielles pendant la grossesse demande des précautions strictes. Même lorsqu’elles sont considérées comme « autorisées », leur usage doit rester ponctuel, encadré, et adapté au stade de la grossesse. Il est fortement recommandé de demander conseil à un professionnel de santé formé en aromathérapie, notamment une sage-femme ou un pharmacien spécialisé.

Les modes d’utilisation autorisés et déconseillés

La diffusion atmosphérique est généralement considérée comme le mode d’utilisation le plus sûr pendant la grossesse, à condition de respecter certaines précautions. Il est recommandé de limiter les séances à une durée de 10 à 15 minutes, dans une pièce bien ventilée, en restant éloignée du diffuseur et en choisissant uniquement des huiles compatibles avec la grossesse, comme la lavande ou le citron.

L’application cutanée est également envisageable, mais elle doit toujours se faire de manière très diluée. Les huiles essentielles doivent être mélangées à une huile végétale douce (comme l’amande douce ou le noyau d’abricot), avec une concentration maximale de 2 %. Cette méthode peut convenir pour des massages relaxants, le soulagement des jambes lourdes ou certains petits inconforts cutanés, à condition d’avoir effectué un test préalable sur une zone limitée de la peau.

En revanche, l’ingestion d’huiles essentielles est strictement contre-indiquée. De même, les inhalations prolongées, comme les bains de vapeur ou les inhalateurs, sont à éviter, car elles entraînent une absorption importante de substances actives potentiellement nocives pour la femme enceinte ou le fœtus.

Vigilance avec les produits du quotidien contenant des huiles essentielles

De nombreuses femmes enceintes utilisent, parfois sans le savoir, des produits du quotidien contenant des huiles essentielles : crèmes cosmétiques anti-vergetures, huiles de massage, produits ménagers, désodorisants d’ambiance, lessives ou adoucissants parfumés. Même lorsqu’ils sont certifiés bio, ces produits peuvent renfermer des huiles essentielles déconseillées voire interdites pendant la grossesse. C’est pourquoi il est essentiel de lire attentivement les étiquettes et de privilégier des formulations spécifiquement conçues pour les femmes enceintes, afin d’éviter toute exposition involontaire à des substances potentiellement nocives pour la future maman et son bébé.

Est-ce problématique des respirer des huiles essentielles enceinte ?

Respirer des huiles essentielles pendant la grossesse peut sembler anodin, surtout lorsqu’il s’agit d’une simple odeur perçue dans une pièce ou d’un produit parfumé. Pourtant, même l’inhalation passive peut entraîner une absorption des composés actifs par les voies respiratoires, avec un passage possible dans le sang maternel et donc, potentiellement, jusqu’au fœtus.

Tout dépend de plusieurs facteurs : la nature de l’huile essentielle, sa concentration dans l’air, la durée d’exposition, la sensibilité individuelle de la femme enceinte et le terme de la grossesse. Certaines huiles comme la lavande vraie ou le citron, bien tolérées en diffusion douce et ponctuelle, peuvent à priori être respirées sans danger à partir du second trimestre, en respectant des conditions strictes : temps court, bonne aération, et absence de contact direct avec les muqueuses.

Il est donc important pour les femmes enceintes de ne pas utiliser de diffuseurs d’huiles essentielles sans avis médical, et d’éviter les espaces clos où des huiles non adaptées pourraient avoir été diffusées. La prudence est de mise également avec les parfums d’ambiance, sprays « naturels » ou encens, qui peuvent contenir des extraits aromatiques concentrés.

Recommandations pratiques et précautions à retenir

L’usage des huiles essentielles pendant la grossesse doit rester très exceptionnel, ciblé et accompagné. Pour les femmes enceintes, la priorité est toujours la sécurité du bébé à naître, ce qui implique de ne jamais utiliser d’huile essentielle sans une information claire sur sa compatibilité avec la grossesse.

Avant tout, il est important de consulter un professionnel de santé formé en aromathérapie, comme une sage-femme, un pharmacien ou un médecin. Ce conseil est d’autant plus crucial au 1er trimestre, période où le risque de toxicité embryonale est le plus élevé. En règle générale, l’utilisation des huiles essentielles est proscrite pendant les trois premiers mois, sauf exception validée médicalement.

Les huiles essentielles ne doivent jamais être appliquées pures sur la peau, ni inhalées en continu, ni ingérées. Leur utilisation doit se faire sur de courtes durées, à des dosages très faibles, en privilégiant les méthodes les moins invasives, comme la diffusion douce ou les applications cutanées diluées à moins de 2 %. Il convient également de ne pas cumuler les sources d’exposition : si une huile est utilisée en massage, mieux vaut éviter en parallèle la diffusion dans l’air.

Enfin, il est essentiel de vérifier la composition des produits du quotidien, même ceux étiquetés « bio » ou « naturels ». La présence d’huiles essentielles y est fréquente, y compris dans les produits d’hygiène, les cosmétiques ou les soins pour bébé.

La grossesse est un moment où le bon sens prime sur la surconsommation de produits, même naturels. Mieux vaut limiter l’usage des huiles essentielles à des besoins précis, avec un accompagnement adapté, pour préserver la santé de la mère comme celle de l’enfant à naître.

Et si j’ai utilisé des huiles essentielles durant ma grossesse ?

Il arrive qu’une femme enceinte utilise, parfois sans le savoir, une huile essentielle non recommandée pendant la grossesse, que ce soit via une crème, une huile de massage ou un produit parfumé. Si cette exposition est ponctuelle, localisée sur la peau et sans ingestion ni inhalation prolongée, il n’y a généralement pas lieu de s’inquiéter.

Ce type d’utilisation occasionnelle est considéré comme sans danger pour le fœtus. Les risques évoqués pour certaines huiles essentielles (neurotoxicité, effets hormonaux, contractions) concernent des usages répétés, à fortes doses ou par voie orale ou respiratoire. Si vous avez un doute, ou en cas d’usage répété, il est toujours préférable d’en parler avec un professionnel de santé, notamment une sage-femme ou un médecin.

Et pour la suite de votre grossesse, mieux vaut opter pour des produits spécifiquement conçus pour les femmes enceintes, formulés sans huiles essentielles à risque. Soyez rassurée : dans la grande majorité des cas, un contact accidentel n’entraîne aucune conséquence pour votre bébé.

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  • https://prescrire.org/fr/3/31/61028/0/NewsDetails.aspxhttps://www.anses.fr/fr/content/compl%C3%A9ments-alimentaires-contenant-des-huiles-essentielles-d%E2%80%99arbre-%C3%A0-th%C3%A9-de-niaouli-et-de
  • https://www.decitre.fr/livres/quelles-huiles-essentielles-pendant-ma-grossesse-9791028512408.html
  • https://www.lecrat.fr/12143/

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