Partager

Réveils nocturnes pour un biberon à 3 ans : que faire ?

Dernière question posée le 29/03/2023

Bonjour,

Mon fils aura 3 ans dans un mois. Il a fait ses nuits très rapidement (vers 3mois), à part des petites régressions au moment de certains apprentissages (marche, parole etc) son sommeil nocturne a toujours été bon (19h00-6h00 en moyenne).

Il a été hospitalisé la semaine passée pendant une semaine en pneumo pour un meta pneumo virus sans gravité mais qui nécessitait une oxygénation et des bouffées de ventoline, je suis restée avec lui toute la semaine. Je suis enceinte de 7 mois et cette grossesse fait suite à la perte de notre fille en octobre 2020 suite à une IMG (j’étais enceinte de 5mois et demi). Notre fils fait de bonnes siestes en après midi à la crèche ou chez nous (de 2h en moyenne), le moment du coucher des siestes ne pose aucun souci. Le soir nous avons conservé le même rituel qu’avant l’hôpital : le bain, repas, histoire, câlins pas trop longs, réassurance (papa et maman sont à côté) il pleure systématiquement dès que nous sortons de la chambre, les pleurs sont plus ou moins longs, il nous faut revenir 2 ou 3 fois en tentant diverses techniques (fermeté, réassurance, biberon d’eau et pas de lait comme il le réclame), il s’endort et depuis 2 ou 3 nuits se réveille immanquablement à 1h du matin. Il réclame un biberon de lait, je sais qu’il ne faut pas céder mais c’est la seule chose qui lui permet de se rendormir (ou si son père ou moi dormons avec lui). Je dois préciser qu’à l’hôpital, il n’a pas mangé pendant plusieurs jours et que quand il a commencé à retrouver l’envie d’ingérer quelque chose je répondais à sa demande de biberon même en pleine nuit. Sur le plan émotionnel il me semble qu’il va bien, nous lui avons parlé de la mort de sa sœur, c’est un petit garçon très joyeux, curieux, qui se réjouit de l’arrivée de son petit frère fin septembre. Il rentre à l’école en septembre, il n’est pas encore propre, il en parle, il évoque le pot mais dès que nous lui proposons il refuse catégoriquement. J’ai conscience que cela fait beaucoup pour un enfant de son âge et que de grands changements arrivent ou ne vont pas tarder mais je craque, je suis extrêmement fatiguée, mon instinct de maman me dit de lui donner ce biberon mais je sais que ce n’est pas la solution sur le long terme. J’essaye d’en parler avec lui le lendemain, de savoir ce qui le réveille, des cauchemars ? Il s’endort avec une veilleuse qui reste toute la nuit. Il ne me répond pas véritablement sur ce qui le réveille, il acquiesce à mes suggestions (cauchemars, faim). Je suis très bien accompagnée pour cette grossesse, notre bébé se porte très bien et je suis très sereine quant au bien être de ce bébé à venir (ce qui n’était pas du tout le cas pour sa sœur). A l’époque du décès de ma fille, nous avons parlé de notre tristesse et expliqué à notre fils ce qui arrivait à notre famille. Il a « très bien vécu » cet épisode douloureux, son sommeil n’a pas été perturbé, il est resté plein de vie.
Est-ce l’hospitalisation qui a déréglé son rythme ? Que faire de plus ? De moins ? J’ai consulté une psychologue qui m’a conseillé de suivre mon instinct et d’accepter de lâcher prise mais je n’y arrive pas, je me pose mille questions, je n’arrive pas à me reposer. Malgré ma fatigue, je suis très présente pour mon fils en journée, nous faisons des activités tous les 3, il est très demandeur de câlins et de mes bras, est-ce que je réponds trop à ses sollicitations ? C’est un petit garçon qui sait jouer seul malgré son important besoin de contact avec les gens qu’il connaît (parents, grands parents essentiellement).
Je pensais consulter un Pédopsychiatre mais n’est ce pas trop ? En fais-je trop ?
Vous l’aurez compris, je sens que je perds pieds, ce soir en allant le voir j’ai complètement craqué devant lui, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps sans pouvoir m’arrêter et je n’ai pas été capable cette fois ci de lui expliquer mon état, je lui ai fait son biberon et il dort à poings fermés depuis….
J’ai besoin d’aide et/ou d’orientation.
Je suis désolée pour la longueur de mon message et vous remercie par avance de votre retour.

La réponse de notre expert

SALINIER Catherine, Dr, Pédiatre Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
 Dr Catherine SALINIER

Bonjour Madame,

Je pense sincèrement, à vous lire, que votre petit garçon va bien. Comme tous les petits enfants il a du mal à se laisser aller au sommeil et vous rappelle 2 ou 3 fois après avoir été couché et quand il se réveille la nuit (comme tout le monde sans qu’on en ait vraiment conscience) il a besoin de vous voir. Je pense bien sûr que l’hospitalisation et cette habitude que vous lui avez donnée du biberon la nuit, qui était peut-être justifiée quand il ne prenait pas ses repas mais ne l’est plus du tout actuellement, sont la cause de ces réveils nocturnes.

Par contre je pense que vous n’allez pas très bien vous même malgré ce que vous en dites. N’écrivez vous pas que « vous perdez pieds, que vous avez craqué et pleuré toutes les larmes de votre corps « . Votre enfant va bien. L’hospitalisation est derrière vous. Vous savez qu’un biberon la nuit est totalement inutile et même néfaste pour les dents. Votre enfant a 3 ans et donc comprend parfaitement ce qu’on lui dit. L’attitude logique que vous devriez avoir pour ce problème de réveil et biberon la nuit est la fermeté. « tu es guéri maintenant, non ! tu n’auras pas de biberon et non ! je ne veux pas me lever la nuit ». Cela dit sur un ton gentil mais ferme et sans appel. Or vous n’arrivez pas à être dans cette attitude logique, simple et évidente et vous parlez au contraire de pédopsychiatre ce qui est tout à fait excessif et inapproprié. Et je pense que si vous n’arrivez pas à être ferme, claire, simple  et logique avec votre enfant c’est que, malgré ce que vous en dites, il reste au fond de vous, et c’est parfaitement normal, de la douleur de votre précédente grossesse que réactive cette nouvelle grossesse même bien au fond de vous. J’en veux pour preuve que vous me parlez beaucoup dans votre lettre de cette grossesse interrompue et de votre petite fille qui n’a pas pu naitre, alors que il n’y a probablement pas de rapport avec les exigences de votre fils la nuit sauf votre trop grande bienveillance à son égard.

Tout cela est totalement normal et rien ne pourra changer ce qui vous est arrivé. Par contre il me parait important de continuer à voir cette psychologue jusqu’à la naissance et même un peu après, pour dissocier encore mieux ces deux naissances.

Pour votre fils plus vous serez calme, ferme, simple et logique sans vous poser comme vous dites « mille questions » et plus vous le rassurez. La fermeté est bien plus rassurante que mille explications. Le fermeté c’est encore une fois « la nuit on dort, la nuit on ne réveille pas ses parents, la nuit on ne prend pas de biberon, nous sommes désolés mon chéri mais c’est comme ça et tu peux hurler et appeler : c’est comme ça que nous avons décidé ton papa et moi  » Tout ce cadre est bien sûr posé calmement et gentiment mais on ne s’en écarte pas.

Je vous souhaite une très paisible fin de grossesse et un beau petit garçon aussi gentil que son grand frère.