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Ma fille de 3 ans a des insomnies depuis près de 2 mois, que faire ?

il y a 4 ans

Bonjour,

Je suis maman d’une petite fille qui a eu 3 ans le 1er novembre dernier et qui a de gros problèmes de sommeil.
À ce jour, elle se réveille (elle ne semble ni encore endormie, ni somnambule quand nous allons la voir) en criant / hurlant / pleurant / nous appelant (c’est selon) toutes les nuits à partir de 22h30/23h. Et ensuite, toutes les heures jusqu’au lever, c’est rebelote (cris, pleurs, appels, …).
Il lui arrive également parfois de parler de façon très agitée dans son sommeil ou de rester des heures les yeux ouverts dans la nuit (nous l’avons constaté récemment lors de plusieurs week-ends où nous partagions la même chambre).

Si elle a toujours eu depuis sa naissance une qualité de sommeil plutôt aléatoire, nous avions, jusqu’à il y a 2 mois (mi octobre), 2 nuits de répit par semaine en moyenne, et une plus grande facilité à l’apaiser après un premier réveil jusqu’au matin (donc 1 à 2 déplacements dans sa chambre par nuit maximum). Désormais, cela dure toute la 2ème partie de nuit.

Nous avons eu deux changements majeurs puisque, fin juillet, sa petite sœur est née (et les relations entre les sœurs paraissent à ce jour très affectueuses et douces) et en septembre, elle a fait sa première rentrée à l’école. Tout semble plutôt « normal » de ce côté (de ce que l’on arrive à percevoir), bien qu’elle ait de grosses difficultés à faire la sieste à l’école (alors qu’ailleurs, elle dort au minimum 2h l’après-midi). Elle est enfin depuis ses 1,5 ans dans une phase d’opposition très dure avec nous qui nous paraît interminable (est-ce réellement une phase ?).

Nous n’arrivons pas à discuter avec elle de ce qui se passe, de pourquoi crie-t-elle, pourquoi s’énerve-t-elle comme cela ? A-t-elle peur ? Fait-elle des cauchemars (elle ne saisit d’ailleurs pas encore ce concept) ? Est-elle triste ? En colère ? De façon générale, nous ne parvenons pas à obtenir une réponse sur ce qu’elle traverse, ce qu’elle vit au quotidien, ce qui la perturbe. Elle s’invente beaucoup de choses, les discours sont souvent contradictoires et nous sommes donc perdus. Malgré des jeux pour l’aider à verbaliser, rien n’y fait.

Nous sommes inquiets pour elle, épuisés, et de plus en plus tendus. Si les conditions de vie le jour pèsent sur la qualité de nuit, que dire de l’inverse. Nous sommes passés par l’homéopathie, la calmosine sommeil, l’ostéopathie, rien n’y fait et elle s’épuise considérablement chaque jour (cernes sous les yeux, forte irritabilité) et nous avons parfois tendance à perdre patience et bienveillance à mesure que la fatigue s’accentue pour nous.

Le médecin nous a prescrit de l’homéopathie mais le temps d’observer les effets des premiers dosages est relativement long (puis de réajuster et attendre à nouveau), en attendant, elle ne dort pas chaque nuit. Si encore c’était pour jouer, sauf qu’en l’occurrence, le mal-être est bien visible et cette répétition des insomnies nous inquiète énormément.

Auriez-vous des pistes pour nous aider / aiguiller.

La réponse de notre expert

SALINIER Catherine, Dr, Pédiatre Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
 Dr Catherine SALINIER

Bonjour Madame,

Je vois bien à vous lire que vous êtes inquiets et que vous mettez en place, ou avez mis en place, beaucoup de choses et de traitements divers et variés pour trouver une raison aux réveils de votre enfant et à son opposition à y mettre fin.

Je suis presque rassurée de lire que vous perdez patience et perdez aussi de votre bienveillance. Je veux dire par là que, sans aller jusqu’à la colère qui n’est pas la solution car elle effraye l’enfant puisqu’elle est en général brutale, la fermeté est absolument nécessaire pour élever un enfant.

La bienveillance seule n’impose aucun cadre et sans cadre l’enfant grandit sans assurance. La fermeté seule ne laisse aucune liberté et l’enfant grandit dans la contrainte. Il faut absolument les deux. Bienveillance ce ne va pas sans fermeté. La fermeté est indispensable car sert de tuteur à l’enfant. La bienveillance est en général naturelle pour tous les parents et elle est facile à mettre en place. La fermeté est plus difficile à appliquer car elle frustre l’enfant et aucun parent n’accepte de gaieté de cœur de frustrer son enfant.

L’opposition de votre enfant la journée et ses réveils et colères la nuit sont à mettre au même niveau. Tout enfant se réveille la nuit et tout enfant fait des colères. La bienveillance ferme des parents est le meilleur cadre. « Tu peux faire une colère cela ne m’émeut pas, calme toi seule »,  » tu peux m’appeler la nuit je viens te voir une fois et ensuite tu te calmes seule je ne reviendrai pas car je veux dormir « . Je schématise bien sûr mais le principe est celui-ci. Tant que vous discuterez et chercherez avec votre enfant le pourquoi du comment de ses réveils nocturnes et de ses colères vous lui laissez percevoir que vous êtes désemparés et cela n’est en rien rassurant pour elle que d’avoir des parents désemparés…

Elle ne sait pas pourquoi elle s’oppose mais ce qu’elle a besoin de savoir c’est que ses parents ne l’y autorisent pas, ou du moins ne s’en émeuvent pas. Tant que vous serez la nuit à sa disposition pour aller la voir elle aurait grand tort de ne pas vous appeler. « La nuit on doit dormir ». C’est juste cela qu’elle doit entendre. « Nous sommes épuisés, débrouille toi ». Elle doit avoir sa porte ouverte, une lumière allumée dans le couloir toute la nuit pour ne pas être seule dans le noir.

Bien sûr je ne vais pas en un mail résoudre votre anxiété et vos inquiétudes de parents qui font que vous êtes sans doute trop bienveillants. Aussi je vous conseillerais de consulter un psychologue pour enfant qui travaillera avec vous votre relation à cette grande fille qui a la « malchance » (mais c’est par ailleurs une chance) d’avoir des parents vraiment (trop) gentils.  Surtout vous serez rassurés car le psychologue saura chercher ce que vous pensez être un mal-être chez votre enfant. Je ne la connais pas, je ne vous connais pas et il serait tout à fait imprudent de ma part de vous rassurer complètement sur ce point. Je me place dans mes conseils sur le plan général de la plus grande fréquence des raisons de réveils nocturnes. Seule une analyse fine de chaque situation particulière est vraiment raisonnable. Et si on vous rassure sur ce point alors vous serez en capacité de fermeté et efficaces à rassurer aussi votre enfant.