Quels sont les traitements contre la dépression compatibles avec l’allaitement ?

Bonjour,

Actuellement sous venlafaxine 75 mg par jour, j’avais pu lire qu’il n’était pas conseillé d’allaiter. Je me suis préparée dans ce sens (j’avais allaité mes deux ainées mais n’avait pas de traitement à l’époque).

Seulement la sage-femme qui va me suivre pour le retour à domicile, m’a dit que peut-être ce serait possible, à voir selon le pédiatre. Je suis perdue depuis car certes les bienfaits de l’allaitement sont nombreux, mais la venlafaxine passant dans le lait maternel, avec possibles effets indésirables sur le bébé, est-ce que ça en vaut vraiment la peine ?

Car pour l’attachement, je comptais maximiser le peau a peau, portage, etc. après, je ne sais pas quelle dose reçoit le bébé in utero, plus ou moins que dans le lait ? Est-il préférable de débuter un allaitement maternel pour éviter un syndrome de sevrage et arrêter si des symptômes apparaissent ? Ou faire juste la tétée d’accueil et suite avec lait artificiel ? Quitte à tenter une reprise de l’allaitement si l’arrêt du traitement antidépresseur s’avère envisageable ? Ou que lait artificiel tant que le traitement par venlafaxine est en cours ?

Bien cordialement

La réponse de notre expert Dr Andréas WERNER

Bonjour,

Voici l’état des connaissances à ce sujet (CRAT)

• La quantité de venlafaxine et de son métabolite O-déméthylvenlafaxine ingérée via le lait est assez faible (environ 6% de la dose maternelle en mg/kg).
• Chez les enfants allaités, les concentrations plasmatiques de venlafaxine et de son métabolite ne sont pas négligeables et peuvent atteindre environ 10% des concentrations plasmatiques maternelles.
• Parmi une quarantaine d’enfants allaités de mère sous venlafaxine, aucun évènement particulier n’est retenu à ce jour.

EN PRATIQUE

Au vu des données disponibles sur la venlafaxine et l’allaitement (cf. État des connaissances), son utilisation est envisageable chez une femme qui allaite si un traitement par un antidépresseur mieux connu en cours d’allaitement ne convient pas.

La poursuite de l’allaitement sera réévaluée en cas de survenue de symptômes chez l’enfant (hyperexcitabilité, troubles du sommeil…).

Je vous recommande donc de discuter avec votre psychiatre, si un changement de molécule n’est pas envisageable.

Les deux antidépresseurs de choix en cours d’allaitement sont la paroxétine (Deroxat®) et la sertraline (Zoloft®) car :

• • • leur passage dans le lait est très faible,
    • les concentrations plasmatiques des enfants allaités sont faibles ou indétectables,
    • les effectifs d’enfants allaités sous ces traitements maternels sont importants,
    • aucun événement indésirable particulier n’est retenu à ce jour parmi les enfants allaités par des mères traitées.

Donc conclusion : possible, mais pas recommandé. Essayez de changer de molécule pour pouvoir allaiter sans arrière-pensée.