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N’obéit pas à 6 ans, que faire ?

il y a 8 ans

Bonjour,

Depuis quelques temps, j’ai beaucoup de mal à me faire obéir de mon aîné, Lohan, âgé de bientôt 6 ans. Il est très attentionné et aimant envers son frère de 2 ans. Nous ne rencontrons pas de conflits majeurs à gérer entre eux. Ils ont une belle relation fraternelle. Nous discutons beaucoup avec lui, le mettons en valeur, instaurons une véritable relation de confiance (il va par exemple chercher le pain  » seul » depuis 2 ans). Je lui explique les raisons de nos demandes et de nos attentes envers lui : les refus sont motivés par des raisons etc. A côté de cela, dès que je souhaite obtenir de lui quelque chose, je dois répéter à de multiples reprises ma demande sans forcément avoir gain de cause à la fin. Je le préviens en lui disant que s’il ne fait pas ceci ou cela, il sera puni d’histoire ou autre pour éviter d’en venir  »à la fessée » mais il me rit au nez et me répond. En plus, il rajoute  »tu ne m’aimes pas » ou  »c’est moi le problème ». Je suis désarmé car c’est un enfant très agréable, très intelligent et calme. J’ai l’impression de ne pas le reconnaître. J’ai déjà discuté avec lui de tout ça lui expliquant que ces propos me blessaient tout comme sa désobéissance et lui apportant des preuves au quotidien de mon amour envers lui sans préférence pour son frère mais en vain. Il est vrai que ces situations se produisent surtout quand je suis seule avec les enfants. D’autant que le petit prenant exemple sur le grand, une situation peut vite générer… Mon conjoint étant pompier travaille beaucoup et sur de longues journées et nuits. Sachant également que nous vivons actuellement dans un mobil home situé dans le jardin de mes parents qui nous hébergent le temps de l’auto-construction de notre maison par mon conjoint. Ma mère prend souvent partie ouvertement pour mon fils quand je suis en conflit avec lui et il en joue pour ne pas m’obéir et me faire culpabiliser même si je sais ce que j’ai à faire et les raisons pour lesquelles je lui demande les choses. Nous avons changé Lohan d’école (grande section) en janvier dernier suite au déménagement avec l’accord unanime du corps enseignant afin qu’il fasse connaissance avec les camarades qu’il va retrouver en CP en septembre. Il s’est parfaitement bien adapté et a de très bons résultats scolaires. Je suis perdue dans le sens où j’ai l’impression d’avoir essayé toutes les méthodes surtout la discussion et je vis mal le fait de devoir lui tirer les cheveux parfois pour l’arrêter dans sa  »provocation ». Je relativise car il n’est pas ingérable non plus mais j’aimerais trouver une solution pour arriver à me faire obéir de lui tout en lui faisant arrêter de me faire culpabiliser vis à vis de son frère.

La réponse de notre expert

SALINIER Catherine, Dr, Pédiatre Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
 Dr Catherine SALINIER

Bonjour,

Oui c’est difficile l’éducation d’un enfant. Il faut être sûr de soi et le lui montrer ce que je doute que vous soyez puisque vous dites plusieurs fois dans votre question «je culpabilise». Pourquoi donc culpabiliser d’être ferme ou sévère alors que vous savez très bien que c’est ce dont les enfants ont besoin pour se sentir en sécurité : des règles raisonnables, des exigences légitimes des parents, qui constituent des limites et un cadre de vie qui protège. Il aura beaucoup de limites et de contraintes dans la vie, il faut lui apprendre à les respecter. Il les respectera s’il sait que c’est important pour vous et que s’il ne le fait pas il perd votre considération à ce moment là. C’est vrai qu’il faut expliquer et parler avec un enfant mais il me semble que vous avez tendance à le faire trop. On explique une fois, deux fois puis on exige. Et si votre enfant ne fait pas ce que vous lui avez demandé vous êtes en droit de le punir, par exemple de ne pas faire ultérieurement ce qu’il vous demande qui lui fait plaisir.

«Je suis désolée mais tout à l’heure tu n’as pas fait ce que je te demandais je ne vois pas pourquoi je ferai, moi, ce que tu me demandes». Bien sûr qu’il faut éviter les cris, les hurlement, les sévices physiques (fessée, tirer les cheveux) qui sont un aveux d’impuissance de l’autorité mais vous avez d’autres façons de lui signifier que vous êtes furieuse: le prendre à part et le regarder bien dans les yeux en vous fâchant calmement mais très fermement. Il est intolérable qu’il vous réponde et si vous lui dites qu’il vous blesse je pense qu’il va continuer. En effet quand un enfant est en colère ou veut s’opposer il ne réfléchit pas et bel et bien il «veut» blesser ce qui lui donne effectivement du pouvoir sur vous… Il est sûr de votre amour (vous le lui dites assez et même sans doute trop alors qu’il est normal qu’une mère aime son enfant et ce n’est pas la peine de le lui dire sans cesse). Donc il est sûr de ne pas le perdre même s’il vous blesse… et ça, ça lui donne du pouvoir sur vous. Il est juste intolérable qu’un enfant réponde à sa mère et cela doit vous rendre furieuse bien plus que blessée!! S’il ne fait pas ce que vous avez demandé ou s’il vous répond il doit être puni. Vous en parlez avec son Père et vous décidez ensemble d’une punition suffisamment difficile pour lui s’il vous a répondu ou manqué de respect. Et peu à peu il comprendra.

Lisez ce que dit mpediasur l’obéissance et les punitions.

Quant à votre mère: il faut vraiment que vous ayez une discussion avec elle (éventuellement à 4 avec le papa et le grand-père) et qu’elle reste à sa place de grand-mère. Sa place est de consoler votre enfant après qu’il ait été grondé éventuellement mais pas devant vous et sans jamais vous disqualifier (« je sais que tu es malheureux parce que ta maman t’a puni ou grondé mais si elle l’a fait c’est qu’elle a eu raison. Viens faire un câlin avec moi et après tu iras demander pardon à ta maman»). C’est ça son rôle de grand-mère mais certainement pas d’intervenir devant vous et encore moins dans un sens différent du vôtre.

Le fait que votre enfant aille très bien par ailleurs est plutôt tout à fait rassurant sur votre éducation. Mais voilà l’éducation d’un enfant ne peut pas être que des moments de joie et de tranquillité, il y a des moments pénibles et vous devez les gérer du mieux possible à 6 ans car ce n’est pas plus facile après bien au contraire… Ne le laissez pas déborder des limites dès maintenant.