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Mon bébé de 9 mois interagit peu, est-ce dû à ma situation de maman solo ?

il y a 2 jours

Bonjour,

Je suis seule depuis le début de la grossesse, la situation avec le papa a été très conflictuelle. Notre enfant était pourtant désiré mais il a finalement décidé de ne pas le reconnaître, et il a refait sa vie quand j’étais à 6 mois. Je me suis un peu placée en mode « combat » pour parvenir à garder le sourire et à gérer seule l’arrivée de bébé, puis son développement et la logistique quotidienne.

Je pense m’en sortir plutôt bien. Mon petit est un grand tonique, il a 4 dents, se met debout et ne reste pas en place. Il est allaité matin-midi-soir plus une fois la nuit. Il va à la crèche où tout se passe bien.

Je trouve qu’il sourit et rit peu. C’est déjà arrivé, mais il n’est vraiment pas beaucoup dans l’interaction et l’affectif de manière générale.
Il m’a semblé qu’il l’était un peu plus cet été, où nous sommes partis chez des amis, de la famille.

Je lui parle et lui sourit beaucoup (enfin normalement je pense), mais est-il possible que le fait qu’il me voit peu interagir avec d’autres personnes soit responsable de cela ? Est-ce que cela veut dire qu’il est moins heureux, quand nous ne sommes que tout les deux ?

Est-ce qu’il « manque » quelque chose aux bébés de mamans solos ? J’ai été très triste de devoir renoncer au rêve d’une famille, et j’ai beaucoup culpabilisé de ne pouvoir offrir cela à mon fils. Parfois je me dis que ses journées avec moi sont peut-être « ennuyeuses », même s’il y a des balades et des moments de jeux. Il m’arrive de passer un week-end entier sans parler à personne. Ma famille ne se rend pas très disponible, mes amis sont plutôt des connaissances amicales, tous sans enfants.

La réponse de notre expert

SALINIER Catherine, Dr, Pédiatre Pédiatre Ambulatoire & Past Présidente de l'AFPA
Dr Catherine SALINIER

Bonjour Madame,

Je ne suis pas inquiète pour votre bébé qui a la grande chance d’avoir une maman très solide qui ne s’est pas effondrée malgré cette situation imprévue et difficile.

Comme vous le dites vous êtes parvenue « à gérer fort bien l’arrivée du bébé et toute la logistique qui va avec et à garder le sourire ». Vous allaitez encore votre bébé à 9 mois ce qui montre votre investissement et votre attachement. Votre bébé va en crèche, un lieu de socialisation certes où il voit du monde, mais aussi un lieu de surveillance vigilante des bébés par des professionnelles. Je suis sûre que si les puéricultrices ont un doute sur la capacité d’interaction de votre bébé elles vous le signaleront. Vous pouvez leur parler de vos doutes.

De la même façon votre enfant est suivi, j’imagine, par un médecin qui a beaucoup l’habitude des bébés. Il y a à 9 mois un examen obligatoire qui étudie tout le développement du bébé, développement physique certes mais aussi psychomoteur et les interactions. Et si le médecin a le moindre doute sur des signes de « retrait » communicatif chez votre enfant il fera ce qu’il faut, par exemple, il demandera un bilan par un.e psychométricien.ne.

Il manque un papa certes aux bébés qui vivent avec leur seule maman mais, comme tout le monde doit vous le dire, il n’est pas le seul dans cette situation et nous voyons bien que ces enfants se développement aussi bien que des enfants qui ont un couple parental « classique ». On doit vous dire aussi qu’il vaut mieux cela qu’un coupe parental qui dysfonctionne. Ce sont des lieux communs mais c’est évident.

Je pense que si vous êtes inquiète sur votre situation et si elle est trop difficile à vivre pour vous, maintenant avec le recul, et que vous manquez d’énergie après l’excitation des premiers mois, vous pourriez vous faire aider par une prise en charge psychologique. Cela me paraîtrait très utile car vous avez vécu un véritable traumatisme affectif avec cet abandon du père de votre bébé. Il est important de vous consolider, pour vous mais mais aussi pour votre bébé.

Enfin il existe dans toutes les grandes villes des associations de mères solos avec des temps de rassemblement. Je vous conseille de chercher cela dans votre ville.

En résumé je ne suis pas inquiète cependant je crois que le moment est venu de baisser vos « armes » et de vous faire aider. Vous le méritez vu votre courage et votre bébé aussi.

Je vous félicite Madame, pour ce magnifique bébé que je ne connais pas mais qui sans doute va très bien et a une maman très courageuse ce qui compense bien un papa absent qui n’a pas voulu de lui.

Vous serez à la fois mère et père. Quant à votre rêve de famille, il n’est pas exclu du tout que vous n’en fondiez pas une un jour !