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0 à 4 mois, une alimentation lactée exclusive sans ajout de céréales

Mis à jour le 23 février 2021 Dr Alain BOCQUET

Laitages

Avant 4 mois, comment nourrir son bébé ? Le lait est-il vraiment suffisant ? Faut-il commencer à introduire des céréales ?

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Du lait, rien que du lait

Jusqu’à 4 mois, votre enfant n’a besoin de rien d’autre que de lait. Les humains sont des mammifères, c’est à dire que le petit homme doit être nourri, au début de sa vie, exclusivement de lait. C’est son alimentation de base, qui lui fournit, durant cette période tous les nutriments dont il a besoin.

Le lait maternel ou par défaut le lait artificiel 1er âge (appelé réglementairement : « préparation pour nourrisson ») sont parfaitement adaptés à votre enfant sans qu’il soit nécessaire ni recommandé d’apporter d’autres aliments complémentaires jusqu’à ses 4 mois révolus. L’OMS recommande l’allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois.

Le lait de vache, en revanche, n’est pas du tout adapté à votre nouveau-né. Il ne contient pas les nutriments adaptés à sa croissance (certains sont absents ou insuffisants, d’autres sont présents en excès). Les laits d’autres animaux (chèvre, jument, ânesse, brebis, etc.) ne sont pas, eux non plus, adaptés à l’alimentation d’un nourrisson.

Il est encore trop tôt pour ajouter des farines (appelées aussi céréales infantiles) dans les biberons, ou en supplément de l’allaitement.

Les risques d’une diversification alimentaire trop précoce

Il est recommandé de ne jamais commencer la diversification avant l’âge de 4 mois, c’est à dire de ne pas introduire d’autres aliments que le lait avant cet âge. D’autre part, il est actuellement bien établi que la diversification ne doit pas débuter au-delà de 6 mois révolus. Il existe donc une période idéale entre 4 mois révolus et 6 mois révolus pour commencer l’introduction de nouveaux aliments autres que le lait. Cette introduction doit être progressive.

Pour l’introduction du gluten (que l’on trouve dans les farines de blé, de seigle et d’orge) la période d’introduction devrait se situer entre 4 et 12 mois selon les dernières recommandations européennes 1.

Toutefois, chaque enfant et chaque famille sont différents, et les modalités de la diversification peuvent être différentes, tout en respectant les recommandations générales.

Cela dit, n’entamez pas une diversification trop précoce, ceci pourrait présenter des risques certains :

  • Les légumes et fruits que vous allez commencer à proposer à votre enfant sont beaucoup moins riches en calories que le lait. Si trop de légumes et trop de fruits sont donnés trop tôt à la place du lait, le risque est de diminuer les apports caloriques et les apports nutritionnels nécessaires à sa croissance.
  • Le lait représente le principal apport en calcium de votre bébé, indispensable principalement à la formation du squelette et des dents, mais il intervient aussi dans la coagulation du sang, la contraction musculaire, la transmission nerveuse, et certaines sécrétions glandulaires. Les apports nutritionnels conseillés en calcium augmentent avec l’âge de votre enfant : 400 mg/j chez le nourrisson jusqu’à 6 mois, et 500 mg/j de 6 mois à 3 ans, ce qui représente 600 à 700 ml de lait, avant l’âge de la diversification. Il est important de bien veiller à la constitution de cette réserve de calcium. Un remplacement trop précoce du lait par d’autres aliments risque de diminuer cet apport calcique.
  • Pour que l’apport en acides gras essentiels soit suffisant, la diminution de la consommation de lait maternel ou de lait 2eâge (appelé réglementairement “préparation de suite”) consécutive à la diversification, devra être compensée à partir de l’âge de 5 ou 6 mois, par un apport d’huiles végétales et la consommation de poisson, en particulier de poisson gras.
  • À quatre mois, au niveau de l’appareil digestif, les amylases pancréatiques, enzymes qui digèrent les amidons, ne sont pas encore matures, ni fabriquées en quantités suffisantes, mais l’amylase salivaire est opérationnelle. Toutes les capacités des reins ne sont pas atteintes non plus, avec en particulier des difficultés à éliminer un excès de sel ou les “déchets” des protéines qui ont été digérées.
  • Si les fibres des légumes et des fruits sont utiles, un excès de fibres peut entraîner un inconfort digestif avec agitation, pleurs et production importante de gaz.
  • Une diversification trop précoce, avant 4 mois, peut majorer le risque ultérieur d’excès de poids ou d’obésité, après un délai plus ou moins important, pouvant évoquer un mécanisme de programmation. Ce risque est plus important chez les bébés nourris au biberon que chez les bébés allaités.
  • Le risque allergique représente en fait l’inconvénient majeur d’une diversification trop précoce, car la barrière immune intestinale, qui limite le passage des antigènes alimentaires dans le sang, est encore trop immature : il en résulte un risque important de constitution d’allergies, alimentaires en particulier, mais aussi d’eczéma.

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  1. Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Avis du 30 juin 2020 relatif à la révision des repères alimentaires pour les enfants âgés de 0-36 mois et de 3-17 ans
  2. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) Avis du 12 juin 2019 relatif à l’actualisation des repères alimentaires du PNNS pour les enfants de 0 à 3 ans
  3. Mary Fewtrell, Jiri Bronsky, Cristina Campoy et al.  Complementary Feeding: A Position Paper by the European Society for Paediatric Gastroenterology, Hepatology, and Nutrition (ESPGHAN) Committee on Nutrition. J Pediatr Gastroenterol Nutr. 2017 Jan;64(1):119-132.
  4. D. Turck et le Comité de Nutrition de la Société française de pédiatrie. Diversification alimentaire : évolution des concepts et recommandations. Archives de Pediatrie 2015;22:457-460.
  5. D Turck et le Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie. Allaitement maternel : les bénéfices pour la santé de l’enfant et de sa mère. Arch Pediatr. 2013 Nov;20 Suppl 2:S29-48.
  6. Chouraqui J.-P. Préparations pour nourrissons, de suite et pour enfants en bas âge. In : O Goulet, M Vidailhet, D Turck, coordinateurs. Alimentation de l’enfant en situation normale et pathologique. 2ème édition, Doin éditeurs, Paris. 2012 : 137-49.

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