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Mon enfant ne mange pas de légumes, la sélectivité alimentaire

Mis à jour le 15 septembre 2022 Pr Bernard KABUTH

enfant neophobie

Mon enfant est difficile, il trie ses aliments, il veut toujours manger la même chose… Il s’agit peut-être de sélectivité alimentaire, une forme excessive de néophobie. Au moins 1 enfant sur 4 aura des troubles du comportement alimentaire (TCA) au cours de son développement1. Comment réagir face à la sélectivité alimentaire de l’enfant ?

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Néophobie ou sélectivité

Les bébés comme les enfants plus grands ont une certaine tendance à consommer avec plaisir ce qui est bon pour eux dans le sens de «ce qui les nourrit». Ils sont attirés par les aliments gras et sucrés. A l’inverse, ils rejettent spontanément les aliments acides et amers.

Cette réticence à goûter des aliments nouveaux est la néophobie. C’est un caractère propre aux omnivores qui permet de se prévenir contre l’injection d’un produit toxique. 77% des enfants sont néophobes entre 2 et 10 ans1.

Si cette néophobie devient trop importante, elle génère une sélectivité voire une hyper-sélectivité alimentaire. L’enfant concerné ne mange alors qu’un seul type d’aliments ce qui peut conduire à des problèmes de santé et des carences.

Le début de la sélectivité

Spontanément tous les enfants ont la même réaction envers les aliments :

  • Ils n’apprécient pas les légumes (surtout les poivrons, épinards et choux),
  • Ils ont tendance à consommer toujours le même type d’aliments (gras et sucrés : glaces, gâteaux, yaourts…- les féculents : frites, pâtes, purées… – la viande : poulet et steak),
  • Ils sont attirés par les aliments doux et denses et refusent les aliments forts et peu denses. (Dès 2 ou 3 ans les enfants savent associer inconsciemment l’aspect de l’aliment et son caractère plus ou moins rassasiant.)

La sélectivité se manifeste d’abord par un rejet des aliments peu denses (fruits et légumes) pour peu à peu ne consommer qu’un seul type d’aliment dans les cas les plus graves. L’enfant est pourtant censé consommer des fruits et légumes pour avoir un répertoire alimentaire varié.

L’influence de l’éducation

Une étude2 montre que plus le parent est permissif dans l’alimentation de son enfant (fait les courses d’après les goûts de ce dernier, utilise les aliments comme récompense…), plus celui-ci sera sélectif. Pour aider un enfant à être moins sélectif, il faut lui montrer comment faire sans pour autant le contraindre ou l’obliger.

La néophobie est naturelle, c’est l’éducation qui va la modifier et éviter qu’elle se transforme en sélectivité. Plus on présentera l’aliment à l’enfant de manière différente, plus il sera susceptible de le manger à un moment donné. De la même manière, plus on lui montre le bon exemple, plus il sera tenté de le répéter.

Toutefois il ne faut pas se cristalliser sur l’alimentation et encore moins le forcer (faire attention aux portions proposées et pour éviter de l’obliger à finir son assiette prévoir des quantités moindres…). Il est important qu’un enfant sache écouter sa faim et sa sensation de satiété afin d’autoréguler son alimentation. Vous pouvez laisser votre enfant ajuster ses consommations sans trop insister pour qu’il mange plus ou moins, il s’autorégulera.

L’éducation au goût c’est avant tout du plaisir. Un sentiment naturel pour les aliments denses et à apprendre pour les autres !

Opposition ou phobie

L’enfant comprend très vite le pouvoir qu’il peut exercer sur ses parents grâce à l’alimentation. Du côté parent, vous comprendrez rapidement aussi qu’il vous est impossible de forcer votre enfant à manger. Un enfant qui a une personnalité trop forte, un besoin d’opposition exacerbé peut développer une sélectivité alimentaire voire une hyper-sélectivité et vous mettre en échec. Les repas deviennent un combat permanent et une source d’angoisse pour chacun aggravant l’impossibilité de partager du plaisir autour de la nourriture. Et plus le parent répond par la contrainte à cette opposition plus elle s’affirme et plus le conflit s’aggrave et se cristallise sur l’alimentation et pour longtemps…

Une phobie peut aussi être la cause de sélectivité; la peur de l’étouffement par exemple. Cette phobie caractérise un enfant plutôt anxieux, il convient alors de traiter son problème d’angoisse. La sélectivité n’est qu’une conséquence de ce trouble.

Si vous êtes en difficulté, n’hésitez pas à en parler avec le médecin de votre enfant ou un psychothérapeute pour vous aider à casser le cercle vicieux qui s’est installé peu à peu autour de l’alimentation.

En bref

 

La plupart des enfants sont sujets à la néophobie pour laquelle il n’y a pas de raisons de s’inquiéter. En revanche si des carences apparaissent et si elle devient une hyper-sélectivité, certaines adaptations sont nécessaires pour la santé de l’enfant. N’hésitez pas à consulter le médecin de votre enfant qui saura vous guider vers un spécialiste.

Avant 10 ans on lui dit « si tu ne manges pas de choux tant pis », par la suite on utilise son intelligence pour lui expliquer les bienfaits d’une alimentation diversifiée pour sa santé.

A l’adolescence, l’alimentation prend une dimension sociale avec les copains. L’enjeu n’est pas le même qu’avec les parents, il est donc fréquent de voir des enfants manger des aliments à la cantine qu’ils refusent à la maison.

Et en pratique ?

 

Pour aider votre enfant à dépasser cette phase de rejet, il faut développer son plaisir à manger ces aliments :

  • Lui présenter plusieurs fois (en moyenne 7 à 8 fois pour les aliments initialement refusés) le même aliment sous des formes différentes,
  • Le manger régulièrement soi-même et y prendre du plaisir,
  • Ajouter des éléments type sauces…(en libre service en crèche, 15% des enfants vont choisir un chou-fleur en salade contre 56% en gratin !),
  • Ne pas le forcer mais plutôt attiser sa curiosité, lui proposer de participer à l’achat des aliments (surtout au marché) et à la préparation des repas,
  • Manger calmement en famille et dans une ambiance chaleureuse. L’alimentation est le centre de la vie sociale et familiale,
  • Eteindre la télévision pour que le moment du repas soit un temps d’échange et de partage.

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Interview du Professeur Kabuth

1 Revue Médecine & Enfance – Juin 2010 – 6ème Journée du groupe de pédiatrie générale de la SFP : Les troubles du comportement alimentaire du jeune enfant : faut-il en faire tout un plat ?

: Rigal N., Monnery-Patris S. Chabanet C., Issanchou S. – Are maternal practices associated with child fussiness in the food domain ? Dev Psychol

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