Mis à jour le 06 octobre 2025 Dr Catherine SALINIER
92% des parents ont trouvé cet article utile.

Dès sa naissance, un bébé commence à entrer dans le monde du langage. Même s’il ne prononce pas encore de mots, il possède déjà des moyens de communication essentiels : ses pleurs, ses cris, ses vagissements ses regards et ses réactions aux sons. Ces premières formes d’expression sont les bases sur lesquelles se construira tout son développement langagier.
Comment reconnaître les premiers signes du langage chez votre bébé ? Que signifient ses pleurs ou ses mimiques ? Comment, en tant que parent, pouvez-vous l’aider à développer ses capacités de communication dès les premières semaines ? Cet article vous guide pas à pas pour comprendre et accompagner les débuts du langage de bébé.
Écouter l'article
0:00 / 0:00Sommaire de l'article

Je retiens !
- Dès la naissance, le bébé communique grâce à ses pleurs, ses vagissements puis ses gazouillis, ses regards et ses réactions aux sons : ce sont les bases de son futur langage.
- La voix des parents, leurs intonations et les mots et leurs chansons jouent un rôle majeur dans l’éveil au langage.
- Observer, imiter et partager des moments de tendresse favorisent la compréhension et la communication.
- En cas de doute (absence de réaction aux sons, antécédents familiaux de surdité, manque d’interaction), il est important de consulter un professionnel de santé.
Les tout premiers moyens d’expression du bébé
Le cri de naissance
Le tout premier cri que pousse un bébé à la naissance est avant tout un réflexe vital : il permet de remplir ses poumons d’air. Ce n’est pas encore un cri de communication, mais il marque le point de départ de sa voix, outil essentiel de son futur langage[1].
Les pleurs comme forme de communication avec les parents
Dans les heures et les jours qui suivent, les pleurs (ou les « cris ») deviennent son principal moyen d’expression. Ils traduisent ses besoins immédiats : faim, inconfort, douleur, besoin de contact et constituent un premier pas vers la communication avec ses parents. Dès la deuxième semaine de vie, les pleurs peuvent varier en intensité et en tonalité, ce qui aide les parents à distinguer peu à peu leurs significations[1]. Les parents deviennent rapidement capables de reconnaître certaines nuances et d’y répondre de manière adaptée : nourrir, changer, consoler ou simplement prendre le bébé dans les bras.
Ces premiers échanges sont essentiels car ils posent les bases du dialogue futur. Le bébé comprend progressivement que ses signaux déclenchent une réponse, ce qui renforce son sentiment de sécurité et l’encourage à continuer d’utiliser sa voix pour s’exprimer[2].
Pour télécharger cette infographie, cliquez-ici !
Les bases du langage : écouter, voir, imiter
L’importance de la voix et des intonations
Dès la naissance, le bébé est sensible aux sons et à la mélodie de la langue. Il reconnaît déjà la voix de sa mère, qu’il a entendue durant la vie intra-utérine. Il est particulièrement attentif aux intonations : une voix douce et rassurante l’apaise, tandis qu’une voix plus vive ou chantante attire son attention et stimule son éveil[3].

Le saviez-vous ?
Les études en neurosciences montrent que les nouveau-nés distinguent les variations de rythme et de ton dès leurs premiers jours. Ainsi, chaque mot prononcé, chaque chanson ou berceuse participe à l’apprentissage précoce du langage[3].
Observer les mouvements du visage et de la bouche
La communication n’est pas qu’une affaire de sons. Le bébé apprend aussi en observant. Lorsqu’un parent parle à une distance adaptée environ 20 à 30 centimètres, sa vision optimale à cet âge, l’enfant fixe le visage, suit les mouvements des lèvres et scrute les expressions du regard.
Ces observations répétées l’aident à associer les sons entendus aux mouvements de la bouche, ce qui constitue une première étape vers l’imitation et la production future de syllabes[4].
L’imitation précoce : premiers gestes vers la parole
Très tôt, parfois dès les premières semaines, le bébé tente de reproduire certains gestes simples. Tirer la langue, ouvrir la bouche ou esquisser un sourire sont des formes d’imitation qui annoncent déjà ses futures tentatives de communication[3].
Ces mimiques et réponses vocales montrent qu’il est déjà dans une dynamique d’échange. En répétant ces petits jeux d’imitation avec lui, les parents encouragent son envie de participer et l’aident à progresser dans l’acquisition du langage.

Zoom sur
Vous ne savez pas quoi lui dire ?
Il est parfois difficile, surtout dans les premières semaines, de trouver les mots pour parler à son bébé. Rassurez-vous, il n’attend pas de grands discours : ce sont avant tout la mélodie de votre voix et la chaleur de votre présence qui le rassurent. Vous pouvez essayer de :
- lui chanter des berceuses ou des comptines que vous aimez, même simples et répétitives ;
- nommer les choses et les situations du quotidien : « je change ta couche », « je ferme la porte », « voici ton biberon » ;
- répondre à ses babillages et mimiques comme si vous engagiez une vraie conversation ;
- lui raconter des petites histoires ou des moments de votre vie : « ce matin, nous avons vu un chat », « papa est parti travailler », « demain, nous irons voir mamie ».
- lui lire des livres
Ces échanges nourrissent son vocabulaire et renforcent votre complicité.
Pour télécharger cette infographie, cliquez-ici !
Le rôle du « mamanais » dans l’apprentissage
Un langage musical, simplifié et rassurant
On appelle « mamanais » le langage spontané que les parents utilisent instinctivement avec leur bébé : phrases courtes, intonation chantante, rythme ralenti, répétitions et mots doux. Ce mode de communication, loin d’être anodin, capte immédiatement l’attention du bébé et facilite sa compréhension[5].

Le saviez-vous ?
Le « mamanais » stimule la zone du cerveau impliquée dans l’apprentissage de la langue et favorise la mémorisation des sons. Grâce à cette musicalité, que l’on appelle « prosodie » (propre à chaque adulte qui s’occupe de lui) le bébé distingue plus facilement les syllabes et les mots qui reviendront souvent dans son quotidien[5].
Comment le mamanais favorise la compréhension et la communication ?
Au-delà de la mélodie, le mamanais est aussi un langage affectif. Lorsqu’un parent accompagne ses paroles de gestes tendres, d’un regard appuyé ou d’un sourire, le bébé associe le mot à une émotion. Il ne s’agit pas seulement de l’exposition à la langue, mais d’un apprentissage ancré dans la relation.
Dire « tu as faim ? », « bravo ! », ou « quel beau sourire » avec des intonations variées et expressives permet à l’enfant d’entrer progressivement dans un univers riche de mots et d’émotions. Ces échanges quotidiens, répétés avec bienveillance, sont le socle sur lequel se construit le futur vocabulaire[5].
Quand s’inquiéter et consulter un professionnel ?
Signes d’alerte dans le développement du langage
Chaque bébé évolue à son rythme, mais certains signes précoces doivent alerter les parents. Entre la naissance et 2 mois, un enfant devrait réagir aux bruits soudains, tourner la tête vers une voix familière et chercher le regard de son parent lorsqu’il lui parle. Le gazouillis apparait entre 1 et 2 mois. L’absence de réaction sonore ou visuelle répétée peut être un signal à ne pas négliger[6].
Troubles auditifs et antécédents familiaux
Le dépistage auditif néonatal est proposé systématiquement dans les premiers jours de vie afin de détecter une éventuelle surdité congénitale. Par ailleurs, en cas d’antécédents familiaux de surdité ou de troubles du langage, une surveillance accrue est recommandée.
Importance d’un suivi médical précoce
En cas de doute, mieux vaut consulter sans attendre le pédiatre ou le médecin traitant. Un dépistage et une prise en charge précoces permettent de limiter les retentissements sur l’acquisition du langage et le développement global de l’enfant. Le médecin pourra orienter, si besoin, vers un ORL ou un spécialiste du développement.
Cas particuliers : naissance prématurée et hospitalisation
Le rôle des soins de développement en néonatalogie
Lorsqu’un bébé naît prématurément ou doit être hospitalisé dès ses premiers jours, les débuts de la communication peuvent être plus complexes. La séparation, le bruit des appareils médicaux et les soins techniques peuvent limiter les échanges naturels entre le nourrisson et ses parents.
C’est pourquoi les unités de néonatalogie mettent en place ce que l’on appelle des soins de développement. Leur objectif est de favoriser, malgré les contraintes médicales, un environnement propice à la santé, au bien-être et au développement du bébé. Cela inclut la diminution des stimulations sonores et lumineuses, le respect des cycles veille-sommeil, et surtout le maintien du lien affectif avec les parents[7].
Maintenir le lien par la voix, le peau à peau et les soins partagés
Même dans un contexte d’hospitalisation, la voix parentale reste un repère essentiel. Parler doucement à son bébé, lui chanter une berceuse ou lui murmurer des mots familiers contribue à le rassurer et à stimuler ses capacités d’écoute. Dans certains service de néonatalogie des lectures sont faites aux bébés
Le peau à peau est également encouragé : cette pratique sécurise l’enfant, régule sa respiration et sa température, tout en renforçant le lien affectif. Lorsque l’équipe médicale le permet, les parents peuvent aussi participer à certains soins quotidiens, comme la toilette ou le change. Ces moments de contact rapproché sont précieux pour nourrir la communication et poser les bases du futur langage[8].

En bref
Entre la naissance et 2 mois, le langage du bébé se construit pas à pas à travers des échanges simples mais essentiels : pleurs, intonations, gazouillis, regards et gestes. Ces premières interactions, même silencieuses, tissent le lien affectif et préparent l’enfant à apprendre sa langue. Chaque mot, chaque chanson, chaque sourire compte dans cet apprentissage.
Pour les parents, il ne s’agit pas d’enseigner mais de partager : parler à son bébé, le rassurer et l’écouter sont les meilleures façons de stimuler son développement. Et si certaines inquiétudes apparaissent, le médecin reste le partenaire privilégié pour accompagner ces premiers pas dans l’univers du langage.
Cet article vous a-t-il été utile ?
mpedia vous a aidé, aidez mpedia en faisant un don
Dernier don de : €
Comme , soutenez une expertise indépendante et reconnue pour continuer à être un parent bien informé.
[1] Héloïse JUNIER. Guide pratique pour les pros de la petite enfance. Chapitre 34 : mieux comprendre les pleurs des bébés.
[2] Hôpitaux Universitaires Genève. Les pleurs du nourrisson.
[3] Chantal GROSLÉZIAT. Perceptions auditives intra-utérines et sensibilité auditive du nouveau-né.
[4] BOUDREAULT, Marie-Claude. « Les Inventaires MacArthur du développement de la communication : validité et données normatives préliminaires ».
[5] Érika PARLATO-OLIVEIRA. Le bébé qui nous fait parler.
[6] Société Française de Pédiatrie. Direction Générale de la Santé. Les troubles de l’évolution du langage chez l’enfant.
[7] POIRIER-COUTANSAIS Marie-Amélie et Dr ZUPAN-SIMUNEK Véronique. Oralité alimentaire et précurseurs communicationnels : état des lieux et apports de l’orthophonie et néonatalogie.
[8] Jérome Pignol, Véronique Lochelongue et Olivier Fléchelles. Peau à peau : un contact crucial pour le nouveau-né.
Note :
Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.
Vous pouvez aussi être intéressé.e par :
-
Progrès du langage de 1 à 3 ans
-
Le sourire de bébé : réflexe ou intentionnel ?
-
Fondements de l’attachement du bébé : créer un socle de sécurité émotionnelle
-
Pleurs de mon enfant, les comprendre et les calmer
-
La dépression de l’enfant, un mal pas toujours perceptible
-
Le développement psychomoteur des enfants de la naissance à 3 mois
-
Le développement psychomoteur des enfants de 3 à 6 mois
-
Le développement psychomoteur des enfants de 6 à 9 mois
-
Le développement psychomoteur des enfants de 9 -12 mois
Des conseils adaptés à l’âge de votre enfant !
Je m'abonne à la newsletterAucune question n’a été posée sur ce thème précis, vous pouvez poser la vôtre à nos experts.
Vous ne trouvez pas de réponse à votre question ?
Vous pouvez consulter les réponses déjà apportées par nos médecins à ce sujet en tapant votre question ou mots clés dans le moteur de recherche ci-dessous
Toujours pas de réponse ? Posez votre question à l'un de nos experts qui vous répondra rapidement.
Je pose ma questionPlus que 9 questions disponibles aujourd’hui