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Anorexie mentale : comprendre ce trouble des conduites alimentaires

Mis à jour le 24 juillet 2025 2 de nos experts

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L’anorexie est un trouble des conduites alimentaires (TCA) qui touche particulièrement les adolescents, mais peut aussi débuter plus tôt, dès l’enfance1. Derrière une perte de poids qui peut, au début, passer inaperçue ou être minimisée, se cache en réalité une maladie complexe, aux causes multiples, qui affecte à la fois le corps et la santé mentale. Pour les parents, il est souvent difficile de repérer les premiers signes et de savoir comment réagir.

Dans cet article, nous vous proposons de mieux comprendre ce trouble alimentaire, ses symptômes, ses causes, les solutions de traitement possibles et surtout, comment accompagner votre enfant au mieux s’il est concerné.

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Sommaire de l'article

Qu’est-ce que l’anorexie ?

L’anorexie, ou plus précisément l’anorexie mentale, est un trouble des conduites alimentaires (TCA) qui se manifeste par une restriction active volontaire et sévère de l’alimentation, entraînant une perte de poids importante. Ce trouble reste relativement rare et touche principalement les adolescents (0,5% des 12-17ans), en particulier les filles, mais peut également concerner des garçons ou apparaître plus tôt, dès l’enfance. Environ 5 à 10 % des cas d’anorexie mentale concernent des enfants de moins de 12 ans1.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’anorexie n’est pas uniquement liée à l’alimentation : il s’agit d’un trouble psychique où l’enfant ou l’adolescent développe une peur intense de prendre du poids, même lorsqu’il est déjà très mince. Son rapport au corps et à la nourriture est profondément altéré, et il a généralement une perception déformée de son image corporelle.

Un trouble mental à ne pas banaliser

L’anorexie est une maladie grave, qui peut avoir des conséquences majeures sur la santé physique et psychologique. Ce n’est ni une phase passagère, ni un simple refus de s’alimenter. Elle fait partie des troubles mentaux reconnus par les autorités de santé2 et nécessite une prise en charge médicale et psychologique adaptée.

L’enfant ou l’adolescent ne choisit pas d’être malade. Derrière des comportements alimentaires inhabituels se cachent souvent beaucoup de souffrance, de mal-être, de pression ou de perte de contrôle. Plus le diagnostic est posé tôt, plus les chances de guérison sont élevées.

Quels sont les signes de l’anorexie chez un enfant ou un adolescent ?

L’un des défis majeurs de l’anorexie est qu’elle peut s’installer progressivement, souvent de façon silencieuse. Les changements physiques ou comportementaux peuvent être attribués à une « crise d’adolescence » ou à des goûts passagers. Pourtant, certains signes doivent alerter, surtout lorsqu’ils se cumulent.

Les signes physiques

Les premiers signes visibles de l’anorexie mentale sont souvent liés au corps :

  • perte de poids rapide ou progressive, parfois dissimulée par des vêtements amples ;
  • refus de s’alimenter normalement ou diminution progressive des quantités consommées ;
  • fatigue importante, baisse d’énergie, difficultés de concentration ;
  • ralentissement ou arrêt de croissance
  • interruption des règles chez les adolescentes (aménorrhée) ;
  • peau sèche, chute de cheveux ou ongles cassants, dus à la dénutrition ;
  • ralentissement du rythme cardiaque (bradycardie) ou hypotension (tension basse), dans les cas avancés.

Les signes psychologiques et comportementaux

Outre les signes physiques, l’anorexie s’accompagne presque toujours de modifications dans le comportement alimentaire et dans la manière dont l’enfant ou l’adolescent se perçoit :

  • obsession pour la silhouette ou pour la musculature (particulièrement pour les garçons)
  • peur de grossir ou de devenir gros, même en cas de maigreur évidente ;
  • contrôle excessif de l’alimentation : tri des aliments, élimination des graisses, comptage des calories, refus des repas en famille ;
  • mensonges ou stratégies pour éviter de manger (prétendre avoir déjà mangé, cacher la nourriture…) ;
  • isolement social, surtout lors des repas ou des moments de convivialité ;
  • rituels alimentaires étranges ou très rigides (couper les aliments en tout petits morceaux, manger extrêmement lentement…) ;
  • hyperactivité physique, parfois excessive, dans le but de « compenser » une prise alimentaire minime.
  • Hyperinvestissement scolaire, hyperactivité psychique souvent pour « occuper » les pensées

Ces signes ne signifient pas systématiquement qu’il s’agit d’une anorexie, mais s’ils persistent ou s’aggravent, il est essentiel de consulter un professionnel de santé pour évaluer la situation.

Les causes de l’anorexie : un trouble multifactoriel

Il n’existe pas une seule cause à l’anorexie, mais plutôt un ensemble de facteurs biologiques, psychologiques, familiaux et sociaux qui interagissent. L’anorexie mentale est un trouble complexe, souvent déclenché par un ou des événements de vie ou un mal-être profond (facteurs déclenchants), sur un terrain déjà vulnérable (facteurs de vulnérabilité).

Schéma représentant les différents facteurs à travers le développement d'une personne résultant à des troubles des conduites alimentaires (boulimie, anoréxie mentale, etc.).

Crédits illustrations : ©Léna Piroux

Facteurs personnels, familiaux et sociaux

Certains traits de personnalité peuvent prédisposer à développer un trouble des conduites alimentaires :

  • une grande exigence envers soi-même (perfectionnisme, peur de l’échec) ;
  • une faible estime de soi, associée à un besoin de contrôle ;
  • une hypersensibilité au regard des autres.

Le milieu familial joue également un rôle. Il ne s’agit pas d’accuser les parents, mais de comprendre que certaines dynamiques familiales, comme une communication difficile, des conflits, ou une pression implicite sur la réussite, peuvent favoriser l’apparition du trouble.

Enfin, l’environnement social et notamment le regard porté sur le corps, influence fortement la construction de l’image de soi. À l’adolescence, cette pression peut devenir écrasante.

Le rôle des réseaux sociaux et de l’hypervalorisation de la minceur

Dans notre société, la minceur est souvent associée à la réussite, au contrôle et à l’idéal esthétique, notamment à travers les réseaux sociaux, les séries ou les publicités. Les jeunes, particulièrement sensibles à ces messages, peuvent développer une insatisfaction corporelle profonde, parfois dès le primaire1.

Sur des plateformes comme Instagram ou TikTok, certains contenus promeuvent même des comportements dangereux (restriction alimentaire extrême, valorisation du « thigh gap », etc.). Cette exposition peut renforcer un rapport pathologique au corps et à la nourriture.

Il est important pour les parents d’échanger avec leurs enfants sur ces représentations, et de les aider à prendre du recul et à développer leur esprit critique.

Définitions

Le thigh gap (ou « écart entre les cuisses ») désigne l’espace visible entre les cuisses lorsque les jambes sont jointes. Cette caractéristique corporelle, souvent valorisée sur les réseaux sociaux comme un idéal de minceur, est pourtant largement influencée par la morphologie naturelle.

Quelle est la différence entre anorexie et boulimie ?

L’anorexie et la boulimie sont toutes deux des troubles des conduites alimentaires (TCA), mais elles ne se manifestent pas de la même manière. Comprendre leurs différences est essentiel pour pouvoir repérer les signes spécifiques et proposer un accompagnement adapté à son enfant.

Deux troubles, deux mécanismes de souffrance

L’anorexie mentale se caractérise principalement par :

  • une restriction active et persistante de l’alimentation ;
  • une peur intense de prendre du poids, même en cas de maigreur importante ;
  • une distorsion de l’image corporelle (la personne se perçoit « grosse » malgré sa minceur) ;
  • une perte de poids marquée, parfois jusqu’à la dénutrition sévère.

La boulimie, en revanche, suit un autre schéma :

  • le jeune alterne des phases de crises alimentaires incontrôlées (prise rapide et excessive de nourriture) avec des comportements compensatoires (vomissements provoqués, jeûne strict, usage abusif de laxatifs ou de sport intensif) ;
  • contrairement à l’anorexie, le poids reste souvent dans la norme, ce qui rend la maladie plus difficile à repérer ;
  • une grande honte et culpabilité accompagne généralement les épisodes de boulimie.

Ces deux troubles partagent plusieurs éléments : obsession du poids, perception déformée du corps, et souffrance psychologique. Il n’est pas rare non plus qu’une même personne évolue d’un trouble à l’autre au cours de son parcours (par exemple, commencer par une anorexie restrictive puis développer des crises boulimiques).

Quand consulter et vers qui se tourner ?

Face à un enfant ou un adolescent qui modifie radicalement son rapport à l’alimentation ou à son corps, de nombreux parents hésitent : est-ce une phase passagère ou les premiers signes d’un trouble ? Dans le cas de l’anorexie, il est essentiel de consulter sans attendre, même en cas de doute.

L’importance d’un repérage précoce

Plus le trouble est pris en charge tôt, meilleures sont les chances de guérison. Repérer une anorexie dès ses débuts permet d’éviter une dégradation physique importante, mais aussi d’intervenir sur les causes psychologiques avant qu’elles ne s’ancrent durablement.

N’attendez pas qu’une perte de poids importante survienne pour demander de l’aide. Des changements de comportement alimentaire, une fixation sur l’apparence ou une anxiété excessive autour des repas sont déjà des signaux d’alerte.

Même si votre enfant nie les difficultés, ce qui est fréquent, une consultation peut être une première étape pour ouvrir un dialogue et amorcer un suivi.

Les professionnels de santé à consulter : qui fait quoi ?

Le parcours de soins en cas de trouble des conduites alimentaires est souvent pluridisciplinaire, c’est-à-dire qu’il mobilise plusieurs professionnels.

  • Le médecin généraliste ou le pédiatre : premier interlocuteur, il peut poser un premier diagnostic, évaluer l’état de santé général (poids, croissance, tension…) et orienter vers les spécialistes.
  • Le psychologue ou le pédopsychiatre : ils interviennent pour explorer les causes profondes du trouble et proposer un suivi psychothérapeutique adapté.
  • Le diététicien ou le nutritionniste : ils peuvent aider à reconstruire une relation saine à l’alimentation, sans culpabilisation ni injonctions.
  • Le médecin scolaire ou l’infirmière scolaire : souvent en première ligne, ils peuvent être des alliés précieux dans le repérage précoce et l’orientation.

Dans certains cas, une prise en charge en centre spécialisé ou à l’hôpital peut être nécessaire, surtout si la santé physique est en danger (perte de poids sévère, dénutrition, troubles cardiaques…).

Bon à savoir : en France, des structures comme les centres référents des troubles des conduites alimentaires (TCA) proposent une prise en charge globale, notamment pour les adolescents.

Quel est le traitement de l’anorexie ?

Le traitement de l’anorexie repose sur une prise en charge globale, à la fois médicale, psychologique et nutritionnelle. Il ne s’agit pas simplement de « faire reprendre du poids » : l’objectif est de soigner l’enfant dans sa globalité, en agissant sur les causes profondes du trouble, tout en préservant sa santé physique.

Une prise en charge pluridisciplinaire et individualisée

Chaque cas d’anorexie est unique. Le traitement doit donc être adapté à l’âge, à la gravité du trouble, au contexte familial et à l’état de santé de l’enfant ou de l’adolescent.

La prise en charge associe généralement :

  • un suivi médical régulier pour surveiller le poids, la croissance, les constantes vitales et prévenir les complications liées à la dénutrition (troubles cardiaques, carences…) ;
  • une thérapie psychologique ou psychiatrique, individuelle ou familiale. Des approches comme les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), ou les thérapies familiales, ont fait leurs preuves (Haute Autorité de Santé, recommandations 2010) 2;
  • un accompagnement nutritionnel, assuré par un diététicien ou un médecin nutritionniste, pour réapprendre à manger sans culpabilité, restaurer une alimentation équilibrée, et respecter le rythme de l’enfant.

La dimension familiale est essentielle : les parents sont impliqués activement dans la prise en charge, notamment dans le soutien émotionnel et la gestion des repas au quotidien.

Une hospitalisation est-elle toujours nécessaire ?

Pas toujours. Dans de nombreux cas, le traitement peut être mené en consultation externe, à condition que l’état de santé le permette et que l’enfant soit entouré et suivi de près.

Une hospitalisation est indiquée :

  • en cas de dénutrition sévère, ou si le poids atteint un seuil critique ;
  • si l’enfant présente des troubles vitaux (baisse de la tension, bradycardie, déséquilibre électrolytique…) ;
  • si le refus de soins ou la détresse psychologique sont trop importants ;
  • lorsque la situation familiale ne permet pas un suivi sécurisé à domicile.

Dans ce cadre, l’hospitalisation n’est pas punitive, mais vise à stabiliser l’état de santé, reprendre du poids dans un cadre sécurisé et amorcer le travail psychologique.

À noter : la guérison peut être longue, avec des phases d’amélioration et de rechute. Il est donc important de rester patient, soutenant et bien entouré tout au long du processus.

Accompagner son enfant : le rôle des parents dans la guérison

Lorsqu’un enfant ou un adolescent souffre d’anorexie, les parents sont souvent bouleversés, inquiets, parfois perdus. Il est normal de se sentir impuissant face à un trouble aussi complexe. Pourtant, même si le rôle des professionnels de santé est fondamental, le soutien parental reste une ressource précieuse dans le processus de guérison.

Soutenir sans contrôler

Accompagner un jeune atteint d’un trouble des conduites alimentaires ne signifie pas forcer à manger ou vouloir tout contrôler. Ce qui aide avant tout, c’est de lui offrir un cadre sécurisant, stable et bienveillant, où il peut se sentir compris, même dans sa souffrance. Les repas peuvent devenir des moments très tendus : il est important de préserver une atmosphère la plus apaisée possible, sans pression ni remarques sur le corps ou la quantité de nourriture. L’objectif n’est pas de convaincre mais d’être présent, de maintenir le lien.

Créer un climat de confiance

Il est fréquent que l’enfant ou l’adolescent nie son trouble ou refuse les soins. Ce rejet ne doit pas être interprété comme de la provocation : il s’agit souvent d’un mécanisme de défense. En tant que parent, il est essentiel de rester à l’écoute, de mettre des mots simples sur ce que l’on observe, et de montrer que l’on est là, sans jugement. Il peut être utile de verbaliser son inquiétude, tout en réaffirmant son soutien et sa confiance dans les professionnels qui accompagnent l’enfant.

Enfin, même si la route peut sembler longue, les parents ont un rôle essentiel : celui de croire, malgré les doutes, en la capacité de leur enfant à guérir. Votre présence, votre patience et votre soutien sont des leviers puissants pour l’aider à se reconstruire.

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1Assurance Maladie, 24 avril 2025. Anorexie mentale : définition et causes.

2Haute Autorité de Santé. Anorexie mentale : prise en charge.

Assurance Maladie, 07 mai 2025. Prévenir l’anorexie et les autres troubles des conduites alimentaires.

Fédération Française Anorexie Boulimie (FFAB). Découvrez les recommandations de bonne pratique professionnelle pour l’anorexie mentale.

Santé Publique France. Anorexie « Une peur panique d’être dépendant des autres qui conduit le sujet à s’effacer physiquement ».

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