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Mon enfant se tape lorsqu’il est contrarié

il y a 11 ans

Ma fille de 20 mois lorsqu’elle est contrariée (par un refus de notre part) nous tape le bras, ou nous mord (moi et son père seulement, elle ne fait pas cela avec d’autres, sauf plus rarement d’autres enfants qui lui prennent un jouet). Nous l’avons disputée, en lui disant de  »ne pas faire ça ». Elle s’est alors mis la claque sur la tête. J’ai fortement réagi en lui disant  »ne fais pas ça », cela m’a inquiétée.

Depuis, lorsqu’elle est contrariée, elle se met des claques sur la tête en disant  »non, pas ça, pas ça »… Elle le fait de plus en plus (de même qu’elle fait de plus en plus de caprices au quotidien, encore une fois, juste avec nous).

Depuis hier, j’ai donc décidée d’ignorer et de faire mine de ne pas voir lorsqu’elle fait ça. Est-ce normal qu’elle fasse cela, et comment réagir ?

La réponse de notre expert

RACLE Laurence, Dr
LR

Bonjour,

Comme souvent avec les enfants, l’essentiel est ici, avant tout, de mettre des paroles et des mots sur les comportements de votre fillette, sans qu’il ne soit nécessaire de hausser le ton, gronder ni punir.

En effet, à cet âge de la vie, l’enfant prend plaisir à expérimenter, explorer, découvrir, mais aussi tester les limites du monde environnant, participant, à la fois, d’un désir d’apprendre et de comprendre, mais aussi d’une envie de devenir «grand(e)» et autonome.

Toutefois, pour pleinement aborder cette étape développementale, il est important que l’enfant se confronte, dans le même temps, aux règles, limites et interdits qui régissent la vie en société, le rôle des parents étant ici primordial, notamment pour lui enseigner, avec patience, constance et bienveillance, «ce qui se fait» et «ce qui ne se fait pas».

Pour cela, les règles édictées doivent être simples, claires, constantes et cohérentes(compte tenu, évidemment, de l’âge et de la maturité de l’enfant), le parent devant veiller, autant que faire se peut, à insister davantage sur les comportements désirés (que s’attarder sur ceux qui sont désapprouvés), en expliquant le comment et le pourquoi des choses (« Tu vois, si on range ta chambre maintenant, on aura plus de temps pour le bain de ce soir») et en renforçant positivement l’enfant («Bravo!», «Tu es un(e) grand(e)!», «Il faudra raconter à papa!», etc.), chaque fois que possible (pour consolider son estime personnelle et lui permettre de mieux supporter les autres moments de désillusion et/ou déception qui ne manqueront pas de survenir naturellement).

Néanmoins, cette période cruciale d’apprentissage des règles de vie ne se fait pas sans quelques heurts, parfois, l’enfant pouvant alors manifester ses frustrations et colères, en criant, (se) tapant et/ou (se) mordant. Ici, le parent se doit d’être avant tout, à la fois, patient, à l’écoute, mais aussi assuré dans ses attitudes et paroles, en employant par exemple des formules telles que: «Oui, je vois que tu n’es pas content(e)…mais tu n’as pas à te taper, ni toi, ni un autre, comme personne n’a le droit de te taper…j’ai bien compris que tu n’avais pas envie de prendre ton bain, mais je t’ai expliqué que si nous le faisions maintenant, nous aurions alors tout le temps de lire une histoire avant de se coucher»; puis d’inviter l’enfant à réfléchir à ce que vous venez de lui dire (en évitant de prêter plus d’attention aux manifestations comportementales alors opposées parfois «bruyamment» par votre bambin) et à revenir vers vous une fois calmé (l’idéal étant que le parent laisse l’enfant s’isoler quelques instants, sous réserve de la totale sécurité de son environnement).

Ainsi, en s’efforçant de ne s’intéresser à l’enfant que lorsqu’un échange constructif est possible (c’est-à-dire où se mêlent écoute, attention et respect de son avis, même si celui-ci s’avère contraire au sien), le parent encourage l’expression des émotions, valorise la parole et laisse entrevoir à l’enfant le caractère improductif, voire stérile, des colères et oppositions purement agies.

Soyez dès lors rassurés, le papa et vous-même: le comportement de votre petite fille n’a rien «d’anormal» et doit simplement vous inviter à cultiver, davantage encore, le «jardin des mots» partagé avec votre enfant…