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T.A.C : la sélection de livres du Dr Mahé Guibert

Mis à jour le 27 septembre 2021 Dr Anne MAHE GUIBERT

Miranda Chatoumiaou Troubles Acquisition Coordinations Livres

Ces albums portent sur les troubles de l’acquisition des coordinations ou dyspraxie. (Même si ce terme ne correspond plus à la dénomination internationale, il reste le plus régulièrement utilisé dans ces livres.) La plupart de ces albums, que je n’ai pas personnellement sélectionnés, ont une présentation très pédagogique et les qualités littéraires et artistiques ne sont pas au premier plan. Très peu d’ouvrages ont donné la part belle à la fiction sans pour autant lâcher sur la qualité des informations transmises pour appréhender la réalité du quotidien de ces enfants, mais les quelques-uns qui y sont parvenu l’ont fait avec brio.

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Les livres pédagogiques pour les plus jeunes

  • La dyspraxie, May Benhayoun Sadafi, Hamza Otarid, Yanbow Al Kitab

Un petit texte très simple pour ne pas dire assez plat qui met en scène un enfant avec des troubles praxiques : difficultés graphiques, difficultés pour jouer au ballon, faire des constructions de cubes, manger avec des baguettes. Aidé par un ergothérapeute, il dépassera aisément ces difficultés. En annexe à la fin du récit une définition de la dyspraxie, quelques conseils adressés à l’enfant et la citation de célébrités dyspraxiques.  Les illustrations n’ont pas de qualités artistiques.

  • Le défi de Loïk, La dyspraxie, Brigitte Marleau, Julie Deschênes et Mika, Boomerang

Loïk est un jeune garçon malheureux exclu par ses camarades des jeux de la cour de récréation en raison de sa maladresse. Il est aussi en difficulté pour écrire, dessiner, prendre le repas de sa lunch box… L’accent est mis sur la dépression de l’enfant. Heureusement sa maîtresse va lui venir en aide. Les illustrations qui mettent l’accent sur les visages apportent une touche d’humanité.

  • Les maladresses d’Agnès, Emmanuelle Jasmin, Louise Catherine Bergeron, Dominique et compagnie

Dès la première page le cadre est posé : Agnès, la narratrice, est dyspraxique. Elle raconte ensuite l’incompréhension de son entourage avant que le diagnostic ne soit posé, la réalité de ses difficultés à la maison dans les gestes de la vie quotidienne et à l’école pour les apprentissages mais aussi pour les jeux collectifs avec ses pairs. A la suite du diagnostic Agnès est aidé par son ergothérapeute, ses parents et son enseignante deviennent plus compréhensifs et patients et ses progrès lui permettent d’être mieux intégrée parmi ses camarades.

Cet album québécois fait une description assez exhaustive des difficultés liées à la dyspraxie. Il est présenté comme un témoignage.  L’écriture, simple et efficace,  est une alternance de dialogue et de récit. Les illustrations amènent une touche de fantaisie.

Les dernières pages sont consacrées à une information plus théorique destinée aux adultes sur les troubles dyspraxiques.

  • Max est maladroit, Dominique de Saint Mars, Serge Bloch, Bayard

Pour Max tout va de travers, tant il est maladroit. Ses copains ne veulent plus de lui pour construire la cabane. Son grand cousin va lui venir en aide. Mis en confiance et encouragé, Max va dépasser cette maladresse, héritée de son papa. Cette histoire ne situe pas les difficultés de Max dans la pathologie.

La maladresse dans son expression clinique peut avoir des liens avec la dyspraxie mais la résolution quasi miraculeuse des difficultés par l’aide bienveillante du grand cousin est à double tranchant.

Ce petit album en bande dessinée est inscrit dans une collection qui met en scène deux enfants Max et Lily dans des problématiques aussi diverses et variées que le divorce, la drogue, l’alcoolisation d’un parent, le harcèlement scolaire…

Les livres pédagogiques pour les plus grands

  • Laisse-moi t’expliquer la dyspraxie, Julie Philippon, Midi trente

Cet album est québécois. Camille la narratrice explique la dyspraxie dont elle est elle-même atteinte. C’est ouvertement pédagogique. Elle pose les définitions distinguant la dyspraxie verbale et la dyspraxie motrice. Puis elle fait le récit d’une journée de classe. L’organisation de sa prise en charge est culturellement marquée par le contexte québécois: classe de langage, ergothérapeute, éducatrice spécialisée…

Le texte est un peu touffu, voire décousu, de même que la mise en page. Les illustrations mêlent dessins d’enfants, photographies, pictogrammes sans que ce soit justifié et l’auteur utilise un nombre incalculable de typographies différentes ce qui contribue au manque d’unité et tend à dérouter le lecteur.  Il n’y a pas vraiment de narration c’est plutôt un documentaire.

  • Le secret d’Alexis, Comment expliquer la dyspraxie aux enfants, Emmanuel Seguier, Tom Pousse

L’album débute en présentant Alexis et ses difficultés quotidiennes à la maison et à l’école en raison de son trouble jusque là non identifié. C’est son grand cousin Rémy lui-même dyspraxique qui révèlera à Alexis et ses parents le diagnostic unifiant les troubles de l’enfant qui seront alors confirmés par un médecin. L’enseignante plutôt bienveillante acceptera les aménagements recommandés et toute la famille se mobilisera pour aider Alexis à expliquer à ses pairs ce qu’est la dyspraxie dans une mise en scène théâtralisée.

Les troubles sont assez bien décrits dans cet album, il y a un effort de narration louable et des bonnes idées, mais cela reste un livre à visée pédagogique, assez idéaliste et un peu cousu de fil blanc. Le récit est un prétexte pour livrer des informations précises sur le trouble, les illustrations n’ont aucune qualité artistique.  

Cette histoire a malgré tout le mérite de livrer beaucoup d’informations sur le sujet : la réalité des symptômes, la souffrance de l’enfant, le désarroi et l’agacement des parents et de l’enseignant, l’intolérance des autres enfants, le parcours diagnostic, la solidarité entre patients atteints du même trouble, le rôle de l’AVS…

Après le récit, cet album livre aussi un témoignage très intéressant et touchant d’une maman d’un enfant dyspraxique elle-même enseignante ainsi que d’un enseignant qui raconte avec spontanéité et honnêteté  son désarroi puis ses adaptations face à un élève dyspraxique. Ces pages-là sont plus adressées aux parents.

Les fictions

  • Et encore à l’envers, Christine Teruel, Julie Eugène, Arphivolis Editions

Cet album est une réécriture de l’histoire de Dagobert et « Sintéloi » sur un mode humoristique et riche de sensibilité. Le jeune et malhabile Dagobert non seulement met sa culotte à l’envers, se trompe de chaussures, mais encore mélange toutes ses affaires, fait perdre ses copains au foot, écrit mal en classe et tout cela malgré des efforts louables et une pugnacité sans faille. Heureusement un vieux sage nommé Sintéloi va venir en aide à notre jeune roi. Après avoir expliqué à son entourage la raison des difficultés de Dagobert et l’avoir défendu avec véhémence, Sinteloi mettra en place une aide concrète au jeune roi.

Ce texte est très bien écrit, le style est léger et rythmé, c’est riche de sous-entendus et de clins d’œil. Le petit pas de côté que représente la référence à l’histoire du roi Dagobert, le décalage historique, la grande esthétique des illustrations gaies et colorées en font un album très réussi , fin, subtil et délicat. 

  • La petite casserole d’Anatole, Isabelle Carrier, Bilboquet

Un très joli texte où le handicap, quel qu’il soit, est symbolisé par une casserole que notre petit personnage mi-humain mi-hippopotame traîne partout : elle lui est tombée sur la tête quand il était petit et depuis elle lui complique la vie, l’empêche d’avancer et trouble sa relation aux autres au point qu’Anatole a envie de se faire oublier… jusqu’à ce qu’il croise sur son chemin une personne extraordinaire qui va lui apprendre à faire avec. La métaphore de la casserole donne une touche d’humour et de légèreté à ce texte très juste et très fin sur le ressenti possible d’un enfant porteur de handicap, le thème de la rééducation abordé très subtilement apporte une belle note d’optimisme. La représentation très stylisée des personnages sans autre décor ni fioriture ajoute au charme discret de cet album.

  • Miranda Chatoumiaou, Sylvie Reynard-Candie, Clerpée Edition d’un monde à l’autre

Petit roman illustré pour des enfants âgés de 8 à 11 ans environ. Le narrateur est une petite chatte à la gouaille affûtée. Sa maîtresse Justine, élève à l’école primaire, est « dyspraxique » et confie le vécu douloureux de ses journées de classe à Miranda Chatoumiaou: ses échecs, son sentiment d’être nulle, les moqueries cruelles des autres enfants, les réprimandes de la maîtresse…

Heureusement à la faveur d’une nouvelle année qui débute Justine va rencontrer une enseignante plus bienveillante qui met en place des adaptations pour faciliter le quotidien scolaire de Justine. En même temps cette dernière va tisser des liens avec une nouvelle élève Abibatou qui va prendra sa défense face à la bande de Thimothée qui la persécute à la moindre occasion.

Ce texte est bien écrit, le ton est riche de gouaille et d’humour et sa lecture est un plaisir. La description de la dyspraxie est assez sommaire mais plutôt fidèle, elle est bien intégrée au texte allégeant ainsi la charge souvent très pédagogique des textes écrit « sur et pour ». On peut regretter qu’il ne soit pas évoqué le parcours médical et rééducatif de Justine.

Sur le thème de la dysgraphie

  • Cahier de taches, Claire Faÿ, Panama

Un petit album décalé et très drôle sur les taches. Dans un livre comme un cahier d’écolier, une succession de jeu graphiques et de jeux de mots sur le thème des taches d’encre. De quoi dédramatiser pour tous les enfants dysgraphiques qui rendent des copies jugées négligées par leurs enseignants… : il peut y avoir un art de la tache. C’est drôle, enjoué, intelligent et artistique !

  • Comment écrire comme un cochon, Anne Fine, Ecole des loisirs

Un texte drôle, enlevé, impertinent et subversif. Chester Howard est un élève blasé qui a roulé sa bosse dans les établissements les plus maltraitants et qui se retrouve un jour à Walbottle Mannoir une école dégoulinante de bienveillance, de mièvrerie où sa survie une année durant lui semble plus qu’impossible. C’est sans compter sur son voisin de table Joe Gardener, pétri de difficultés scolaires dans tous les domaines mais particulièrement doué pour écrire comme un cochon. On l’aura compris Joe est dysgraphique (la description en est très fine) et probablement dyspraxique mais il a aussi des talents cachés que seul Chester sera capable de découvrir.

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