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La circoncision chez l’enfant : entre pratiques culturelles et considérations médicales

Mis à jour le 12 septembre 2025 2 de nos experts

Bébé se faisant ausculter
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Historiquement et encore aujourd’hui, la circoncision est pratiquée pour des raisons religieuses ou culturelles dans de nombreuses communautés. Cependant des considérations d’hygiène et médicales peuvent également être évoquées. Selon une étude internationale parue il y a quelques années, à l’échelle mondiale, 37 à 39 % des hommes sont circoncis[2].

Cet article vise à éclairer les parents sur les différents aspects de la circoncision, les risques, et les recommandations actuelles.

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Sommaire de l'article

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  • La circoncision est une intervention chirurgicale consistant en l’ablation du prépuce, la peau qui recouvre l’extrémité du pénis (le gland).
  • Pendant longtemps, la circoncision a été présentée comme protectrice contre certaines infections.
  • La circoncision est un choix personnel, culturel ou religieux et ce n’est pas une mesure de santé publique.
  • Pour la majorité des garçons non circoncis, une hygiène quotidienne adaptée suffit largement à prévenir les infections.

Qu’est-ce que la circoncision ? Définition et motivations principales

Une définition chirurgicale simple

La circoncision consiste à enlever, totalement ou partiellement, le prépuce, c’est-à-dire la fine couche de peau qui protège et recouvre le gland. Elle peut être pratiquée chez le nouveau-né, l’enfant ou l’adulte, selon les motivations. Il s’agit d’un acte chirurgical, réalisé en milieu médical par un chirurgien ou un urologue, sous anesthésie locale ou générale selon l’âge et le contexte[1].

Les motivations religieuses et culturelles

Dans le monde, la majorité des circoncisions sont réalisées pour des raisons culturelles ou religieuses. La pratique est ancienne et codifiée dans plusieurs traditions :

  • dans le judaïsme, elle est réalisée traditionnellement au huitième jour de vie de l’enfant ;
  • dans l’islam, elle est également largement pratiquée, à des âges variables selon les pays et les coutumes ;
  • dans certains pays d’Afrique ou d’Asie, la circoncision fait partie de rites de passage à l’adolescence.

La circoncision à visée d’hygiène : un débat

Il est prouvé qu’une circoncision diminue chez les garçons, surtout dans la première année de vie, le risque d’infection urinaire fébrile (pyélonéphrite).

Dans certains contextes, notamment aux États-Unis jusqu’au début des années 2000, la circoncision a été encouragée pour des raisons hygiéniques : on considérait qu’elle réduisait le risque d’infections ou de transmission de certaines maladies[3].

Cependant, les recommandations médicales actuelles sont plus nuancées.  En effet, des études ont montré que les différences d’hygiène ou de santé entre un garçon circoncis et un garçon non circoncis disparaissent lorsque l’enfant apprend à décalotter son prépuce et à laver correctement son pénis au quotidien. Ainsi, si la circoncision peut avoir un effet protecteur dans certaines conditions sanitaires précaires, elle n’est pas considérée comme nécessaire dans les pays où l’accès à l’hygiène est garanti[3].

Circoncision : un rôle protecteur contre certaines maladies ?

Pendant longtemps, la circoncision a été présentée comme protectrice contre certaines infections. Des études menées en Afrique subsaharienne dans les années 2000 ont montré que la circoncision réduisait d’environ 60 % le risque de transmission hétérosexuelle du VIH chez les hommes[4]. Ce résultat a conduit l’OMS à recommander la circoncision médicale volontaire comme stratégie de prévention complémentaire dans les pays où le VIH est très répandu.

Cependant, dans les pays où l’accès à l’hygiène intime et au préservatif est généralisé, ce bénéfice est beaucoup moins pertinent. En France, par exemple, la circoncision n’est pas recommandée comme moyen de prévention du VIH ou d’autres infections sexuellement transmissibles[4].

De même, certaines études anciennes suggéraient une réduction du risque de cancer du col de l’utérus chez les partenaires de femmes d’hommes circoncis. Là encore, ces résultats ont été relativisés : la prévention repose avant tout sur la vaccination contre le papillomavirus (HPV) et le dépistage régulier[4].

Ablation du prépuce quelles conséquences ?

Le rôle protecteur du prépuce

Contrairement à l’idée selon laquelle le prépuce ne serait qu’un excédent de peau, il joue un rôle important dans la santé du pénis :

  • il protège le gland contre les frottements et la sécheresse,
  • il contribue à maintenir son hydratation,
  • il contient des cellules immunitaires (cellules de Langerhans) impliquées dans la défense locale contre les infections.

Ainsi, retirer le prépuce supprime aussi une fonction naturelle de protection[5].

Circoncision et sensibilité sexuelle

La question de l’impact de la circoncision sur la sensibilité sexuelle fait débat. Certaines recherches indiquent que le prépuce est une zone riche en terminaisons nerveuses et qu’une partie de la sensibilité peut être perdue après l’intervention[6].

D’autres études, en revanche, concluent que la satisfaction sexuelle globale des hommes circoncis ou non circoncis reste comparable, les résultats étant influencés par des facteurs culturels, psychologiques et personnels[7].

La circoncision à visée médicale : quand est-elle nécessaire ?

Le phimosis : la principale indication médicale

Le phimosis correspond à l’impossibilité de rétracter le prépuce pour découvrir le gland. Chez le jeune enfant, il est physiologique : la plupart des garçons naissent avec un prépuce non rétractile, qui s’assouplit progressivement avec l’âge. On estime que 90 % des garçons peuvent décalotter spontanément vers 3 ans et plus de 95 % à l’adolescence[8].

Le phimosis n’est donc pas en soi une indication chirurgicale avant l’âge scolaire. En revanche, il peut devenir problématique s’il entraîne :

  • des infections urinaires ou locales répétées (balanites, balanoposthites),
  • des difficultés à uriner par un prépuce très serré (ballonnement),
  • une gêne douloureuse à l’érection chez l’adolescent.

Avant de proposer une circoncision, les médecins privilégient des traitements conservateurs :

  • l’application de crèmes corticoïdes qui assouplissent la peau,
  • des manœuvres progressives de dilatation, faites avec précaution.

La circoncision devient une option lorsque ces traitements échouent, ou si la peau du prépuce est trop fibreuse et empêche toute rétraction. Cette diminution de la souplesse est souvent due à des traumatismes à répétition comme des essais de décalottage.

Autres indications médicales moins fréquentes

Outre le phimosis, la circoncision peut être proposée dans d’autres situations plus rares :

  • le paraphimosis, lorsque le prépuce coincé derrière le gland empêche son repositionnement et constitue une urgence médicale,
  • des balanites récidivantes (inflammations du gland et du prépuce),
  • certaines malformations péniennes nécessitant une chirurgie reconstructive, où l’ablation du prépuce peut faire partie du geste opératoire.

Dans tous les cas, la circoncision médicale reste une décision au cas par cas, discutée entre les parents, l’enfant (quand il est assez grand pour donner son avis) et l’équipe médicale (pédiatre, urologue).

Le déroulement de l’opération, risques et suites

Une intervention chirurgicale

La circoncision est un acte chirurgical qui doit être réalisé par un professionnel de santé qualifié (chirurgien pédiatrique, urologue pédiatrique ou parfois pédiatre formé). Elle se déroule généralement à l’hôpital ou en clinique, dans un cadre médical sécurisé.

Selon l’âge de l’enfant et le contexte, l’intervention est pratiquée sous anesthésie locale (chez les nourrissons et jeunes enfants) ou anesthésie générale (chez l’enfant plus grand ou l’adolescent).
Le geste chirurgical dure en moyenne 10 à 15 minutes.

Le saviez-vous ?

Contrairement à certaines idées anciennes, les nouveau-nés et les jeunes enfants ressentent la douleur en gardent même une trace mémorielle. Des études ont montré que les bébés circoncis réagissaient plus fortement à la douleur lors de gestes ultérieurs (comme les vaccinations) s’ils n’avaient pas bénéficié d’une analgésie adaptée[9].

C’est pourquoi l’utilisation d’une anesthésie et de moyens antalgiques complémentaires est indispensable. Après l’intervention, des antalgiques sont prescrits pour soulager l’enfant[9].

Les risques et complications possibles

Comme toute opération chirurgicale, la circoncision comporte des risques :

  • saignements immédiats,
  • infections locales,
  • retrait insuffisant ou excessif de peau, pouvant entraîner un résultat esthétique ou fonctionnel imparfait,
  • lésions rares mais possibles du gland,
  • à plus long terme, risque de sténose du méat urétral (rétrécissement de l’orifice urinaire).

Ces complications sont peu fréquentes lorsque l’intervention est réalisée par un professionnel de santé formé, mais elles doivent être connues des parents avant toute décision.

Les suites opératoires et les soins post-circoncision

Après l’opération, le pénis peut être rouge, gonflé et présenter de petites croûtes. La cicatrisation prend généralement 10 à 15 jours.
Les soins consistent à :

  • nettoyer délicatement la zone avec de l’eau et du savon doux,
  • appliquer une pommade cicatrisante si prescrite,
  • éviter les couches trop serrées chez le bébé, ou les vêtements compressifs chez l’enfant plus grand.

Les parents doivent consulter rapidement en cas de fièvre, de saignement important ou de signes d’infection (rougeur intense, pus, douleur croissante).

Zoom sur

En France, la circoncision pratiquée pour des raisons culturelles ou religieuses n’est pas remboursée par l’Assurance Maladie : elle reste à la charge des familles.

En revanche, si l’opération est indiquée pour une raison médicale (par exemple un phimosis pathologique), elle est prise en charge, totalement ou partiellement, comme toute intervention chirurgicale.

Recommandations et considérations finales

Absence de consensus médical pour la circoncision de routine

À ce jour, il n’existe aucun consensus médical international recommandant la circoncision systématique des garçons en bonne santé.

  • L’American Academy of Pediatrics (2012) estime que les bénéfices potentiels existent (réduction de certaines infections), mais qu’ils ne justifient pas une recommandation de circoncision de routine[10].
  • En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) ne recommande pas non plus cette pratique en l’absence de problème médical[11].

La circoncision est donc considérée comme un choix personnel, culturel ou religieux et non comme une mesure de santé publique.

L’importance d’une bonne hygiène intime

Le conseil du pédiatre

Maintenir une hygiène quotidienne adaptée :

  • enseigner progressivement à l’enfant à décalotter doucement son prépuce,
  • laver le pénis à l’eau tiède et au savon doux,
  • éviter les manœuvres forcées qui pourraient blesser le prépuce.

Ces gestes simples permettent de garantir une bonne santé intime sans recourir à une chirurgie.

Dr Myrna ACHKAR

Le choix éclairé des parents

La décision de faire pratiquer ou non une circoncision chez son enfant reste avant tout un choix familial. Elle doit être prise en tenant compte :

  • des motivations personnelles, religieuses ou culturelles,
  • des indications médicales éventuelles,
  • des risques et bénéfices réels, tels qu’évalués par la science.

Il est recommandé aux parents d’en discuter avec leur pédiatre, chirurgien infantile ou un urologue pédiatrique, qui pourront les conseiller de manière individualisée et les aider à prendre une décision éclairée et adaptée à la santé de leur enfant.

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