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Pourquoi mon bébé de 15 mois refuse de manger ?

il y a 2 ans

Bonjour,

Mon fils de 15 mois a toujours très bien mangé, de tout, très curieux sur la nourriture et depuis ses 12-13 mois en petits morceaux.

Depuis un mois, les repas sont devenus très compliqués. Il ne mange presque plus rien, jette sa nourriture par terre a tous les repas. J’ai beau dire non d’un ton ferme et faire les gros yeux …ça ne change rien, voire l’amuse.
Il mange juste correctement son petit déjeuner et ses petits suisses au goûter.

À la crèche tout se passe bien il mange ses repas correctement.
De la même manière à la maison il hurle quand il faut le changer ou l’habiller alors qu’à la crèche il est calme.

Rentre t’il dans une phase d’opposition ? Comment lui faire comprendre qu’on ne jette pas la nourriture ?

Je vous remercie
Bonne journée

La réponse de notre expert

BOCQUET Alain, Dr
 Dr Alain BOCQUET

Bonjour,

Ces refus de nourriture peuvent s’expliquer par :

  • La prise de conscience de votre bébé qu’il a un pouvoir sur vous et cela est extraordinaire pour lui de pouvoir ainsi dominer ses parents. Quand il jette de la nourriture, il est au spectacle puisque cela vous agace ou vous inquiète, et déclenche des réprimandes et que vous faites les gros yeux ! Il voit bien qu’il vous déstabilise car il est en train de prendre le pouvoir… Cette prise de pouvoir se manifeste aussi lors des changes ou de l’habillement. Cette attitude lui permet de vous tester et de voir jusqu’où vous irez : supplier, menacer, etc…

Si l’enfant refuse un aliment il faut l’encourager à le goûter, attiser sa curiosité, tout en respectant ses goûts et son appétit, sans jamais le forcer. Il faut lui proposer de nouveau avec persévérance et en changeant les présentations : le chou-fleur est préféré en gratin plutôt qu’à la vapeur ou en salade.

A table il ne faut pas surveiller ce que mange votre enfant et ne montrer aucune inquiétude s’il a peu mangé. Des portions trop importantes risquent de le décourager : il vaut mieux qu’il sache écouter sa faim et sa sensation de satiété afin de s’auto-réguler. Il faut respecter le rythme de 4 repas quotidiens et il ne faut pas compenser un aliment refusé par un autre car cela amusera beaucoup votre enfant qui ne mangera pas davantage et attendra pour voir si vous n’irez pas chercher encore autre chose. Il faut absolument éviter de compenser par un dessert plus important ou un double laitage, et par des aliments de grignotage entre les repas. Il faut éviter le chantage, les réprimandes ou les punitions si l’enfant a peu ou pas mangé, et ne pas le féliciter ou le récompenser s’il a bien mangé. Vous devez éviter d’évoquer sans cesse ce problème à l’enfant, et d’en parler entre vous ou à une tierce personne devant lui : il se rend compte qu’il a un pouvoir sur vous en refusant la nourriture, et il peut en jouer, surtout s’il a une personnalité forte. Un besoin d’opposition peut développer une hyper-sélectivité et vous mettre en échec. Vous devez montrer par votre attitude que le refus de manger vous est indifférent et faire comme si cela n’avait pas d’importance pour vous. Si les repas deviennent un combat et une source d’angoisse pour chacun ceci aggrave l’impossibilité de partager du plaisir aux repas. Plus on répond par la contrainte à cette opposition plus elle s’affirme et plus le conflit s’aggrave et se focalise sur l’alimentation pour longtemps. Votre enfant ne va pas dépérir même s’il saute quelques repas. Plus vous serez permissifs dans l’alimentation de votre enfant (courses d’après ses goûts, aliments – récompense, remplacement d’aliment refusé, etc.), plus celui-ci sera sélectif.

A la crèche il a vite compris qu’il ne pourra pas dominer les nounous et tout se passe bien. Cette prise de conscience du pouvoir qu’il a sur vous est en retour source d’une grande angoisse pour votre bébé : sur qui peut-il s’appuyer pour grandir si ses parents sont si faibles au point qu’à un an et demi il les domine !

  • À partir de un an et demi peut commencer la néophobie : c’est à la fois le refus d’aliments nouveaux qu’il refuse de goûter et le refus d’aliments antérieurement acceptés et appréciés.