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Intoxications alimentaires dans l’Aisne : qu’est-ce que la bactérie E.coli et comment s’en protéger ?

Visuel d'un tube à essai contenant la bactérie Escherichia Coli, à sa gauche le logotype de l'association SHU Typique.
Crédits photos : AdobeStock_1414349324 et l’association SHU Typique

Depuis le 12 juin, une vague d’intoxications alimentaires a touché dans l’Aisne 18 enfants, dont une jeune fille de 12 ans malheureusement décédée, d’autres cas sont en cours de diagnostic. Six boucheries ont vu leur activité suspendue, tandis que plusieurs enfants restent hospitalisés. Selon les services de l’État dans l’Aisne[1],’- une contamination alimentaire par la bactérie Escherichia coli (E.coli) est aujourd’hui retenue. Même si les cas d’intoxication alimentaire par la bactérie E.coli enterotoxique sont assez rares, en revanche l’infection est souvent sévère avec un risque élevé de Syndrome Hémorragique et Urémique (SHU) de pronostic grave.

Une bactérie fréquente, mais certaines souches sont dangereuses

E.coli est une bactérie naturellement présente dans notre intestin et celui des animaux à sang chaud. La grande majorité des souches sont inoffensives et participent même à l’équilibre de notre microbiote (l’ensemble des bonnes bactéries qui aident à digérer les aliments et à protéger notre organisme des infections). Mais certaines variantes, appelées entérohémorragiques (EHEC ou STEC), peuvent produire des toxines (shigatoxines) capables de provoquer des infections graves et avoir des conséquences dramatiques.

Dans la plupart des cas, l’infection entraîne des troubles digestifs quelques jours après l’ingestion (diarrhées parfois sanglantes, douleurs abdominales). Mais chez les jeunes enfants, notamment avant 5 ans, ces formes peuvent évoluer dans environ 10% des cas vers un syndrome hémolytique et urémique (SHU), une complication sévère touchant les reins et les cellules du sang (globules rouges, plaquettes)[2]. Chaque année, environ 100 à 160 cas de SHU pédiatriques sont recensés en France[3]. La forme grave reste donc exceptionnelle, mais les conséquences peuvent être lourdes : insuffisance rénale nécessitant le recours à une dialyse, anémie sévère. Certains enfants gardent des séquelles rénales, le décès peut survenir dans 3 à 5% des cas[2].

 

Comment se transmet la bactérie E.coli ?

La principale source de contamination est alimentaire. Le réservoir naturel des E.coli pathogènes se situe chez les ruminants (vaches, veaux, moutons…), sans que les animaux ne soient malades[4]. Les aliments les plus fréquemment incriminés sont :

  • la viande de bœuf hachée consommée crue ou insuffisamment cuite,
  • le lait cru et les fromages à base de lait cru (excepté les pâtes pressées cuites comme le comté ou le gruyère),
  • les végétaux crus (salades, graines germées…),
  • les jus de fruits ou légumes non pasteurisés,
  • l’eau souillée (puits, sources, baignades en eaux contaminées).

La transmission interhumaine est aussi possible, notamment en milieu familial ou en collectivités de jeunes enfants (crèches).

 

Quels sont les gestes de prévention au quotidien ?

Des gestes simples permettent de réduire très fortement le risque d’infection :

  • cuire à cœur les viandes hachées (70°C), en particulier pour les enfants de moins de 15 ans et de façon obligatoire avant 5 ans ;
  • ne surtout pas consommer de fromages au lait cru avant les 5 ans de l’enfant (possibilité de consommer des fromages à pâte pressée cuite ou au lait pasteurisé jusqu’à l’âge de 5 ans) ;
  • laver soigneusement fruits, légumes et herbes consommés crus ;
  • bien se laver les mains avant de cuisiner, de manger, et après avoir manipulé des aliments crus ;
  • utiliser des ustensiles et surfaces de cuisine propres pour éviter les contaminations croisées (une planche pour les aliments crus, une autre pour ceux cuits et les légumes propres) ;
  • respecter la chaîne du froid et les dates limites de consommation : ne jamais recongeler une viande ou tout autre aliment auparavant décongelé.

Retrouvez l’ensemble des conseils de prévention dans notre article complet au sujet des recommandations contre les toxi-infections alimentaires.

Un enjeu de sensibilisation porté par l’association SHU Typique

Depuis plusieurs années, l’association SHU Typique « Sortons du silence » sensibilise les familles aux risques du syndrome hémolytique et urémique, en partageant des informations fiables et des conseils de prévention.

Comme le rappellent l’Anses[5] et l’Institut Pasteur[4], même si ces infections peuvent être graves, elles restent rares en France grâce aux mesures d’hygiène alimentaire. La vigilance au quotidien est essentielle, sans céder à la panique.

[1] Les services de l’État dans l’Aisne – Intoxications alimentaires sévères : point de situation au 19 juin
https://www.aisne.gouv.fr/Publications/Espace-presse/Communiques-et-dossiers-de-presse-2025/Intoxications-alimentaires-severes-point-de-situation-au-19-juin

[3] Santé publique France – Syndrome hémolytique et urémique pédiatrique
https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-infectieuses-d-origine-alimentaire/syndrome-hemolytique-et-uremique-pediatrique

[2] Organisation mondiale de la santé – Escherichia coli (E. coli)
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/e-coli

[4] Institut Paster – Escherichia coli entérohémorragiques (ECEH)
https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/escherichia-coli

[5] Anses – Aliments contaminés par la bactérie E. coli : quels effets sur la santé et comment prévenir les infections ?
https://www.anses.fr/fr/content/aliments-contamines-par-la-bacterie-e-coli-quels-effets-sur-la-sante-et-comment-prevenir-les

Anses – Tout comprendre sur les effets de la bactérie E. coli dans les aliments
https://www.anses.fr/fr/content/tout-comprendre-sur-les-effets-de-la-bacterie-e-coli-dans-les-aliments

Santé publique France – Cas sporadiques de syndrome hémolytique et urémique pédiatriques liés à Escherichia coli productrices de shigatoxines, France, 2012-2021
https://www.santepubliquefrance.fr/revues/articles-du-mois/2023/cas-sporadiques-de-syndrome-hemolytique-et-uremique-pediatriques-lies-a-escherichia-coli-productrices-de-shigatoxines-france-2012-2021

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