Partager

Refus du salé à 16 mois

Dernière question posée le 07/11/2018

Mon bébé de 16 mois refuse de manger du salé. Je l’ai allaité jusqu’à 6 mois exclusivement, puis après diversification. Au début il acceptait les légumes, puis de moins en moins. Avec la crèche on l’a forcé à manger. Mais ça partait en crise, du coup on a fait une phase où on ignorait la crise sans le forcer. La crèche arrive parfois à le faire manger du salé, mais nous non. Du coup à la maison il mange exclusivement : biberons, yaourts nature, compotes, compotes sucrées salées (avec légumes). Il repère les contenants et n’accepte plus que les contenants du commerce. Dès que c’est un bol ou autre chose, il n’essaie même pas de goûter, il détourne la tête. Il a pratiquement toutes ses dents, mais ne mâche pas. On lui propose régulièrement pain, cracottes, fruits crus. De même dès qu’il y a un morceau dans la compote, ça ne va pas. Il est en parfaite santé, mais bon, que tester ? La méthode forte, ne rien lui donner tant qu’il ne mangera pas légumes et viandes ? Ou continuer ainsi ?

La réponse de notre expert

BOCQUET Alain, Dr
 Dr Alain BOCQUET

Dès l’âge de un an un enfant peut montrer des préférences alimentaires, pour le sucré par exemple. La période de la néophobie survient généralement à partir de 1 an. C’est une période difficile au niveau de l’alimentation.

Il faut respecter les goûts et l’appétit de votre fils, sans jamais le forcer.

Les repas doivent être des moments de plaisir et de convivialité, si possible en famille. Il faut éviter de se battre lors des repas.

  • Vous devez le mettre à table en même temps que le reste de la famille si cela est possible,
  • Essayez de créer une ambiance joyeuse et conviviale lors des repas,
  • S’il refuse un aliment essayez de l’encourager mais ne le forcez surtout pas; il faut lui proposer de nouveau cet aliment un autre jour ; il ne faut pas se décourager après plusieurs refus mais savoir persévérer (au moins une dizaine de fois).
  • Ne remplacez pas un aliment refusé par un autre,
  • Ne compensez pas la faible consommation d’aliments à un repas par des aliments de grignotage entre les repas,
  • Respectez bien le rythme de 4 repas par jour, sans aucune nourriture entre ces 4 repas. Ne supprimez pas le goûter pour favoriser le repas du soir,
  • Ne surveillez pas sans cesse ce qu’il mange: laissez-le faire,
  • Ne montrez aucune inquiétude si vous avez l’impression qu’il a peu mangé,
  • Ne la grondez pas s’il a peu mangé,
  • Ne la félicitez pas s’il a bien mangé,
  • Ne parlez pas sans cesse de ce problème, et éviter d’en parler entre vous ou à une tierce personne devant lui.

Restez calmes et détendus. Votre fils se rend compte qu’il a un pouvoir sur vous en refusant la nourriture, et il en joue. Il a remarqué que les personnes de la crèche n’étaient pas sensibles à ses refus, et il évite de le faire. Montrez lui (par votre attitude mais sans en parler), dans un grand calme, que son refus de manger vous est totalement indifférent et faites comme si cela n’avait aucune importance pour vous. C’est difficile, mais c’est la seule solution. Rassurez-vous il ne va pas dépérir même s’il saute quelques repas: sa prise de poids s’en ressentira peut-être un peu, mais ce ne sera que passager.

https://www.mpedia.fr/art-mon-enfant-est-difficile/

Donnez de la saveur à votre cuisine. On peut éviter la monotonie en jouant avec les épices dans les compotes (vanille, cannelle, etc.) ou dans les légumes, la viande ou le poisson (curcuma, cumin, curry, muscade, etc.) en évitant le poivre et le piment. Les herbes aromatiques (aneth, basilic, cerfeuil, ciboulette, coriandre, estragon, laurier, menthe, persil, romarin, sauge, thym, etc.) permettent de varier les recettes en modifiant les goûts et de mettre de la couleur dans les plats. Un peu d’oignon, d’échalote, et même d’ail, ajouté à la cuisson peut permettre de faciliter l’acceptabilité de certains légumes plus fades, et de varier les préparations.

L’acceptation d’aliments en morceaux dépend du développement des compétences de mastication-déglutition et de l’éruption des dents. Elle est facilitée par la précocité d’introduction d’aliments à texture moins lisse d’où la nécessité de présenter des textures évolutives à l’enfant pour éviter une rupture trop importante et solliciter sa mastication petit à petit.

L’enfant peut commencer à tenir dans sa main des croûtes de pain et des biscuits entre 6 et 9 mois, et à 9 mois il peut prendre lui-même avec ses doigts des petits morceaux dans son assiette. Il faut bien séparer les textures lisses et les morceaux: donnez les purées et les compotes à la cuillère, mais mettez les petits morceaux de légumes, de fruits, de fromage dans une petite assiette séparée. Si vous mélangez des morceaux avec la purée ou la compote votre enfant sera en difficulté pour gérer 2 textures différentes en même temps et elle fera mine de s’étouffer…

Il ne faut pas trop tarder pour cette introduction d’aliments en morceaux. On a montré que des enfants de 15 mois qui n’avaient reçu des aliments grossièrement mixés qu’après 10 mois avaient ensuite plus de difficultés à manger des morceaux et à élargir leur répertoire alimentaire : à 7 ans ces enfants consommaient moins de fruits et légumes et avaient davantage de problèmes de comportements alimentaires. L’introduction tardive des textures non lisses peut avoir des conséquences orthodontiques, en particulier sur une croissance harmonieuse et suffisante des arcades dentaires.