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La construction des enfants dans les familles mono ou homoparentales

Mis à jour le 24 août 2020 Dr Laurence RACLE

Nouvelles familles

Les nouvelles formes de parentalité, mono-parentales ou homo-parentales questionnent la construction de l’enfant. Le Dr Laurence Racle, pédopsychiatre à l’Hôpital Mère Enfant de Lyon nous propose son analyse.

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Les nouvelles formes de parentalité

Il est vrai que l’on voit parfois apparaître des réserves et/ou inquiétudes quant aux nouvelles formes de parentalité, certains argumentant que la triangulation basée sur la différence des sexes (telle qu’à l’œuvre dans le fameux Complexe d’Œdipe) ne peut alors se produire dans sa forme «classique» (avec une maman et un papa).

Toutefois, en dépit des changements importants que connaît aujourd’hui la famille, il importe de souligner que l’expérience de la parentalité n’en conserve pas moins ses fondamentaux.

En effet, il ne suffit pas d’être institué(e) « mère » ou « père » pour se sentir parent, la parentalité relevant de processus bien plus complexes et riches de sens, et transcendant très largement l’orientation sexuelle de chacun.

Plus encore, il convient de rappeler que, en chaque être humain, coexistent intimement des éléments maternels et paternels, voisinent harmonieusement une part de masculin et de féminin… bref, subsistent des identifications aux deux sexes qui participent de la richesse et de la complexité de chaque individu.

Devenir parent

Ainsi, devenir parent, aujourd’hui comme hier, c’est se confronter à la nécessité:

– d’élaborer des compromis entre ses aspirations profondes (telles que fonder une famille) et les impossibles liés à la biologie (désir d’enfant(s) pour un couple de même sexe par exemple),

– de raviver ses expériences précoces (au travers de ses souvenirs d’enfance),

– de re-convoquer ses références personnelles (via les figures maternelles et paternelles qui ont jalonné ses premières années de vie),

– de perpétuer l’ordre des générations (notamment en faisant de ses propres parents d’heureux grands-parents !),

– et, plus largement, de permettre une différenciation de chacun et une reconnaissance de tous au sein d’une cellule familiale en perpétuel aménagement.

Evolution du schéma familial

Ainsi, chaque couple intègre, à son expérience de la parentalité, la référence à ses propres limites, à la contrainte biologique qui est la sienne, à l’autre sexe, à son histoire personnelle et, ce faisant, élabore et transmet, à l’enfant, une vérité et un récit sur son origine.

Ainsi, dans nos sociétés, nous n’assistons pas tant à un effacement de « l’ordre symbolique » des choses, à un abandon du schéma « traditionnel » des familles, qu’à un travail de réécriture et de transformation des repères jusqu’alors classiquement institués, visant à soutenir l’émergence de « nouvelles formes » de parentalité, au sein desquelles chaque enfant revêt toujours une place unique et singulière (acquérant, par là même, un sentiment d’appartenance).

Pour mémoire, dès les premiers mois de vie, la construction du lien d’attachement dépend avant tout de la capacité de la figure d’attachement à comprendre et s’adapter aux signaux du bébé, l’essentiel étant que l’enfant puisse se tourner vers ce personnage central apte à répondre, de façon appropriée (sur le plan temporel, émotionnel et comportemental), à ses besoins fondamentaux (amour, réconfort, sécurité, alimentation, soins…), et cela, quel que soit le sexe du parent qui assume cette précieuse mission.

De même, s’il est souvent mis en avant le rôle prépondérant de la triade père-mère-enfant, le père assumant classiquement la fonction de tiers séparateur, il n’est pas décrit que ce rôle soit spécifiquement « masculin », ni que le rôle principal de la dyade soit forcément « féminin ».

Autrement dit, quel que soit le type de famille (monoparental, homoparental…), le développement des enfants est coloré des mêmes facteurs, au premier rang desquels l’amour dont ces enfants sont porteurs, l’histoire dans laquelle ils s’inscrivent, mais aussi la nature des relations avec leur(s) parent(s), la qualité des liens entre les parents ou encore la palette des ressources (psychiques, affectives, relationnelles, sociales…) dont ils disposent.

Il faut aussi bien garder à l’esprit que les parents ne sont pas les seuls référents des enfants (notamment lorsqu’il s’agit d’appréhender la différence des sexes et la notion d’altérité), l’environnement des tout-petits étant peuplé d’une multitudes de figures d’identification vers lesquelles s’orienter et se référer si besoin (grands-parents, nounou, parrains/marraines, oncles/tantes, enseignants…), l’essentiel étant toujours que les « choses de la vie » (en premier lieu le mystère de sa conception, mais aussi la réalité d’une séparation, d’un deuil…) soient mises en mots, dites et parlées, sans secrets, mensonges, ni tabous

La famille du XXIème siècle

En ce début de XXIème siècle, il importe donc de décentrer nos perceptions d’une triangulation père-mère-enfant (classiquement basée sur la différence des sexes), en appréhendant le système familial comme une dynamique qui dépasse amplement la juxtaposition de chacun de ses membres pour faire émerger une alchimie subtile, autant magique que mystérieuse, qui fait de chaque famille une entité unique et singulière, au sein de laquelle les enfants apprennent à grandir et évoluer, dans l’amour, le respect et la confiance.

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COMPLEXE D’ŒDIPE

Mono et homoparentalité, de Dr L. RACLE, Pédopsychiatre

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