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Les nouveaux visages de la famille : quand les parents se séparent

Mis à jour le 30 juillet 2019 Dr Elisabeth MARTIN LEBRUN

Séparation

Votre conjoint et vous avez décidé de vous séparer. Même si c’est une situation fréquente aujourd’hui, elle ne doit pas être banalisée. En effet, pour votre enfant cela représente une souffrance dont il faut tenir compte et il est important de l’aider à surmonter cette épreuve. En essayant de lui organiser une vie équilibrée et sereine, en évitant les conflits et en maintenant un lien régulier avec chacun d’entre vous, vous l’aiderez à reprendre confiance en lui pour continuer à aller de l’avant.

En fait, pour agir au mieux dans l’intérêt de votre enfant, le respect de l’autre, le bon sens et l’écoute sont à placer au cœur de votre nouvelle vie.

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Avant la séparation : planifier et communiquer

Dès que la décision est prise de vous séparer, essayez d’en prévoir ensemble les modalités pratiques, jusque dans les moindres détails. Pour aider votre enfant à se sentir aussi bien que possible et rassuré quant à sa nouvelle vie, tout doit être bien précisé.

Choisissez tout d’abord son mode de résidence : allez-vous opter pour la résidence alternée ou bien la résidence principale chez l’un de vous ? Dans ce deuxième cas de figure, quels seront les jours exacts ou week-ends réservés au parent qui n’a pas la résidence principale ? En cas de résidence alternée, votre enfant aura-t-il une chambre bien à lui dans chaque maison ? Quel établissement scolaire va t-il fréquenter ? Qui le conduira à l’école ou viendra le chercher ? Quand et comment pourra-t-il communiquer directement avec son autre parent (quel moment de la journée est le plus pratique pour mettre en place un tête-à-tête par téléphone, mail ou Skype… ?) Que décidez-vous concernant les fêtes (son anniversaire, une fête rituelle comme Noël…) ? Tous ces détails concrets qui vont régir la vie de votre enfant sont très importants car ils vont le rassurer. Chaque fois que c’est possible, il vaut mieux éviter de chambouler toute sa vie : s’il peut continuer à aller à la même école et garder ses copains, cela ne peut que faciliter ce changement de situation.

Lorsque vous décidez de lui en parler, l’idéal est de le faire ensemble, à un moment où vous êtes tous disponibles et au calme sans être pressés par le temps. Expliquez-lui en détails tout ce qui va lui arriver, comment vous avez prévu de vous organiser. Soyez à son écoute, et surtout, sachez le rassurer : il n’est pour rien dans votre séparation. Même si vous, ses parents, avez décidé de ne plus vivre ensemble, vous l’aimerez toujours et continuerez de bien vous occuper de lui.

Avant la séparation effective, l’attitude de votre enfant peut changer. C’est une période où les conflits sont importants et le perturbent. C’est aussi une période d’attente où l’enfant ne sait pas ce qui va se passer. L’incertitude le rend vigilant. Vous pouvez l’aider en informant le médecin de votre enfant de votre séparation, car ce dernier pourra décoder l’attitude de votre enfant et vous conseiller dans son intérêt.

Et après la séparation ?

Le rassurer…

Votre enfant va avoir besoin de temps pour s’adapter à sa nouvelle vie et vous aussi devez trouver de nouveaux repères. A cela peuvent s’ajouter un sentiment de culpabilité, des soucis financiers, de logement ou de travail, qui n’arrangent en rien les choses. Il est pourtant essentiel de rassurer votre enfant. Aussi douloureuse que soit cette séparation pour lui, s’il sent qu’il est au cœur de vos préoccupations, que tout est fait pour qu’il se sente le mieux possible, pour que le lien avec chacun de ses parents soit préservé, il va s’adapter petit à petit à sa nouvelle existence.

Il est en effet fondamental d’éviter les conflits et de parvenir à une entente suffisante en ce qui le concerne. Bien sûr, même avec la meilleure volonté du monde, vous n’avez de pouvoir que sur ce qui dépend de vous. Si votre conjoint tombe dans les écueils à éviter (il ne respecte pas toujours ses engagements par exemple), ne tombez pas dans le piège de la critique : en aidant votre enfant à supporter les manquements de l’autre, en respectant vous-même les engagements pris, vous l’aidez à s’adapter à sa nouvelle vie où papa et maman ne sont plus ensemble.

La rupture du couple parental impose à l’enfant de vivre en alternance auprès de chacun de ses parents. Il doit quitter l’un pour retrouver l’autre ; ces temps de séparation et de retrouvailles sont très importants et doivent se passer de la façon la plus sereine possible. L’idéal est de créer un sas, un espace où vous pouvez vous échanger les informations le concernant, de manière à ce qu’il n’y ait pas de coupure dans sa vie. Mieux vaut choisir un moment où personne n’est pressé car votre enfant a besoin de temps pour laisser un lieu derrière lui et s’installer dans un autre. En veillant aussi à ce qu’il n’oublie pas les objets indispensables à son quotidien: son doudou, ses lunettes, son cartable, sa console de jeux… Vous facilitez son temps d’adaptation. Si votre enfant semble éprouver des difficultés à rejoindre son autre parent, ce n’est pas parce qu’il n’a pas envie d’aller avec lui, mais parce qu’il lui faut à nouveau de séparer de vous.

Un seul objectif, faciliter son quotidien

Vous devez être au courant de tous les événements importants de la vie de votre enfant (voyages scolaires, problèmes de santé, carnets de notes…) puisque l’autorité parentale est conjointe. Évitez de demander à votre enfant de transmettre vos messages: il peut les modifier sans le vouloir, se sentir responsable de leur contenu et souffrir des réactions qu’ils suscitent. Si vraiment la situation est telle que vous ne parvenez pas à échanger paisiblement, essayez de trouver un autre mode de communication (par mail ou par écrit par exemple).

Tout ce qui peut faciliter vos rapports (être solidaire entre vous, laisser votre enfant et son autre parent parler tranquillement entre eux au téléphone, être arrangeant à chaque fois que cela est possible…) facilite le quotidien de votre enfant.

Mettre en place une organisation bien définie est une chose. Encore faut-il la respecter. Tout manquement à cette organisation – un de vous oublie de venir le récupérer, le coup de téléphone promis n’arrive pas – peut être ressenti par votre enfant comme un abandon masqué et être lourd de conséquences. Il est donc essentiel de ne pas lui faire faux-bond et de venir le chercher au jour et heure prévus. Régularité des échanges, respect des engagements pris, sont fondamentaux. Votre enfant a vraiment besoin de compter sur chacun de vous pour retrouver une sécurité affective.

Si vous avez opté pour la résidence alternée, votre enfant est chez lui dans chaque maison, et bien sûr, il s’y sentira bien s’il a sa chambre ou son coin à lui, avec ses affaires qui restent en place lorsqu’il n’est pas là. Dans le cas d’une résidence principale chez l’un des deux parents, tout doit être fait pour que l’alternance avec son autre parent soit effective le plus souvent et le plus régulièrement possible. En effet, un enfant qui voit irrégulièrement un de ses parents peut le vivre comme un abandon, le mettant en situation d’insécurité affective. De plus, garder le lien avec chacun de ses parents protège votre enfant d’une relation trop fusionnelle avec l’un de vous.

Petit à petit, lui apprendre à respecter de nouvelles règles de vie

Au fil du temps, votre enfant va devoir respecter des règles de vie chez l’un de ses parents qui ne seront pas les mêmes chez l’autre, cela peut même le conduire à faire jouer la concurrence. Il va pourtant devoir apprendre à respecter les règles de chacun. Qu’il puisse s’exprimer librement, avoir toute votre attention et un espace à lui, est une chose, mais il ne doit pas pour autant monopoliser votre temps (ou la maison ou les conversations) : en aucun cas il ne doit diriger votre vie. Il ne doit pas non plus être un enjeu entre ses deux parents.

Rappelez-vous que quelles que soient les difficultés auxquelles vous êtes confronté(e) le bon sens et le respect de l’autre doivent toujours prévaloir. Si chacun de vous retrouve un équilibre et que tout est fait pour qu’il se sente bien auprès de vous, il va s’adapter à cette nouvelle situation et poursuivre son développement. Toutes les études montrent que c’est la persistance des conflits qui favorisent l’apparition de troubles psychologiques chez les enfants dont les parents sont séparés.

Si vous vous inquiétez pour votre enfant, s’il est triste, s’il dort mal (il fait des cauchemars, a des terreurs nocturnes), s’il souffre d’angoisse de séparation, s’il a un comportement changeant, agressif, n’hésitez pas à prendre conseil auprès du médecin de votre enfant. Il peut l’aider à exprimer sa souffrance et vous conseiller pour l’aider à surmonter son mal-être.

Je retiens !

Même si la séparation est un événement qui est devenu « fréquent », c’est toujours un drame pour des enfants, tout comme pour le parent qui subit. Bien sûr les enfants s’adaptent, mais une fois adulte, ils en parlent encore : « quand mes parents se sont séparés… », «  je ne veux pas faire vivre à mon enfant ce que j’ai vécu »…

Ne sous-estimez jamais la souffrance et la détresse que cela peut être pour l’enfant, et n’hésitez pas à vous faire aider par un professionnel.

Pour aller plus loin

Retrouvez les conseils de lecture du Docteur Mahé Guibert sur le divorce

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