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La dépression de l’enfant, un mal pas toujours perceptible

Mis à jour le 20 avril 2022 Pr Daniel MARCELLI

Mélancolie, mal-être

La dépression est une maladie psychique qui se caractérise par une vision pessimiste de la vie et de soi-même. Souvent considérée comme une maladie touchant les adultes elle n’épargne néanmoins pas les enfants, le diagnostic restant plus compliqué.

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Une maladie qui touche aussi les enfants

Un enfant triste, isolé, trop sage, peu émotif, ayant peu de centres d’intérêts ou particulièrement irritable, agressif, très agité… exprime un mal-être. Ces caractéristiques peuvent qualifier de manière ponctuelle certains enfants mais il y a lieu de s’inquiéter lorsqu’elles deviennent récurrentes et symptomatiques.

En France, 0,5% des enfants seraient touchés par la dépression. Souvent dissimulée par d’autres comportements, elle reste très difficile à percevoir. Par exemple, un enfant très brillant et surinvesti à l’école peut présenter un cas de dépression. Il réprime ses sentiments en s’engageant de manière exagérée dans ses activités.

On restreint souvent les symptômes de la dépression à un enfant renfermé, triste, peu expressif mais cette maladie peut aussi se présenter sous une toute autre forme, ressemblant à de l’hyperactivité. Un enfant violent avec des réactions agressives spontanées et surprenantes peut aussi exprimer les signes d’un mal-être réprimé.

La dépression affecte particulièrement l’humeur, les sentiments, l’émotion ainsi que le comportement global de l’enfant. Diagnostiquer la dépression est plus facile chez les adultes qui possèdent un certain recul sur leur comportement et arrivent plus facilement à mettre des mots sur leurs problèmes que les enfants.

Cet état peut survenir de manière très soudaine sans que l’entourage n’ait pu se douter de quoi que ce soit. Il est important de rester attentif à quelques symptômes récurrents de la maladie mais nouveaux chez l’enfant: difficultés scolaires inexpliquées, irritabilité, moins de motivation pour des activités qui auparavant l’intéressaient, dévalorisation, sommeil perturbé, inquiétudes particulières ou angoisses, tristesse, maux réguliers (tête, ventre…) sans raison médicale, changement d’appétit, etc.

Quand les parents se présentent en consultation, les manifestations sont apparues depuis quelques temps. Ils ont remarqué que le comportement de leur enfant avait changé. Une des constatations fréquentes est : “il n’était pas comme ça avant…” Ceci permet de différencier les enfants qui présentent une réaction dépressive ou un trouble dépressif, de ceux qui sont dans des situations de carence ou d’abandonnisme (la peur constante et irrationnelle d’être abandonné), ou de pathologie de personnalité.

Vaut-il mieux un traitement médicamenteux ou un soutien psycho-thérapeutique ?

La première action médicale à mettre en place lorsque le diagnostic est posé est la psychothérapie. Le suivi ne sera pas le même que pour un adulte car un enfant n’exprime pas ses sentiments de la même manière et ne dispose pas du même recul sur lui-même.

Pour les enfants en bas âge, il existe la «thérapie par le jeu» qui travaille sur la communication symbolique (histoires, dessins, jeux…) avec laquelle ils sont plus à l’aise.

La thérapie familiale est parfois conseillée. Tous les membres de la famille doivent se sentir concernés et être impliqués dans cette thérapie. Selon les causes de la dépression de l’enfant, des changements peuvent être préconisés pour son bien-être, comme par exemple un changement d’école.

L’usage d’un traitement à base d’antidépresseurs est assez controversé pour les enfants. Toutefois, si un traitement est prescrit, les parents doivent en assurer un suivi très précis afin d’anticiper certains effets secondaires tels que l’insomnie, l’anxiété, l’irritabilité, l’agitation, la nervosité, voire les idées suicidaires.

Comment aider un enfant dépressif ?

Un enfant dépressif est un enfant qui n’extériorise pas ce qu’il ressent. Il a besoin d’une attention particulière, de se sentir compris et écouté. Le mettre en confiance, l’aider à exprimer ses sentiments est essentiel.

Encouragez-le à se livrer. Même s’il ne se confie pas à vous mais à une tierce personne de son entourage, l’important reste qu’il arrive à exprimer ses frustrations et à s’en libérer.

D’autre part, comprendre d’où vient son problème peut vous aider. Est-ce intrafamilial ? Est-il victime de violence à l’école ? Se sent-il dévalorisé par rapport à ses proches ? Existe-t-il des antécédents familiaux de dépression?

On peut retrouver des deuils d’êtres chers, personnes proches ou animaux familiers qui peuvent entraîner un réel épisode dépressif chez un enfant.

Ses parents, sa famille ne doivent pas se sentir systématiquement responsables de son état affectif.

Identifier la ou les causes de son mal-être pourra vous aider à trouver les mots pour le rassurer, diminuer la culpabilité qu’il peut ressentir, l’aider à se valoriser. Un enfant dépressif a besoin de savoir qu’il est important, que ses sentiments et son avis comptent, il reprendra ainsi le pouvoir sur sa vie et son affirmation.

Dépression et précocité

La dépression chez l’enfant peut être signe de précocité. L’article du site mpedia “Enfant précoce : les signes” vous en apprendra plus sur le sujet.

Je retiens !

 

Dans tous les cas, un suivi médical est nécessaire. Un épisode dépressif n’est pas à prendre à la légère. Il créé une vulnérabilité qui pourra ressurgir à l’adolescence ou à l’âge adulte. Le suivi médical précoce permettra à l’enfant de mieux maitriser ses émotions et de surmonter plus facilement une nouvelle période difficile.

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